Ce petit ouvrage assure la promotion d’un musée, longtemps espéré, qui met en valeur les sites archéologiques du lac de Paladru, un nom qui rappellera, peut-être, des souvenirs aux spectateurs du film On connaît la chanson.

Du lac au musée, sur les traces de l’histoire

Les choix architecturaux de ce « musée-piroque » en font un lieu ouvert sur le XXIe siècle, pour évoquer un très lointain passé.

La scénographie, résolument actuelle, vise à en faire un lieu immersif pour la découverte de l’occupation su terroir, du néolithique à nos jours, grâce à deux sites : le site des Baigneurs (néolithique), celui de Colletière (An Mil). Les vestiges ont été sortis du lac, depuis la pirogue monoxyle repérée par des plongeurs en 1962 au large de Billieu. Les artefacts remontés lors de fouilles subaquatiques ont été traités au laboratoire ARC-NUCLEART de Grenoble. Pour leur conservation, l’au contenue est remplacée par une résine puis l’objet, quelle que soit sa taille, est séché par lyophilisation.

La présence de vestiges est connue depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Les premières recherches remontent au début du XXe siècle, avec des sondages réalisés en 1921 par Hippolyte Müller lors d’une période d’étiage du lac.

Les fouilles subaquatiques ont été faites de 1976 à 1986, sous l’autorité d’Aimé Bocquet du Centre de documentation de la préhistoire alpine, sur le site des BaigneursPublications en ligne : Deux villages néolithiques (de 2669 à 2592 avant J-C) immergés dans le lac de Paladru, Isère – un site préhistorique majeur en Europe. Parallèlement, de 1972 à 2009, le site de Colletière a été fouillé avec Michel Colardelle, grâce au soutien du Musée Dauphinois.

Il était une fois … il y a 4 700 ans

Ce chapitre présente les hommes du néolithique sur les berges sud du lac de Paladru : les outils, le défrichement pour la construction. Ce site, du IIIe millénaire, est à mettre en relation avec des occupations plus anciennes au bord des grands lacs alpins (Bourget, Léman…) et du Jura (Chalain, Clairvaux).

Les vestiges de poteaux de construction permettent de décrire le village sur une presqu’île. La pression démographique du néolithique final explique, sans doute, le choix d’une installation en milieu humide qui a des atouts défensifs, un accès à la nourriture et à une circulation facile.

Les auteurs, Isabelle Dahy, directrice du musée et Josselin Derbier, archéologue, décrivent les maisons, les modalités d’accès à la nourriture. La chasse, la pêche et la cueillette sont encore présentes à côté d’une agriculture vivrière dans des zones de sous-bois éclaircis par écobuage comme le montre les analyses de pollens. Le terroir s’étend sur un rayon d’environ 2,5 km. Les échanges et les savoir-faire : travail du bois, des tissus, bien conservés sous le limon lacustre. Cette conservation, mieux préservée que pour des sites terrestres, donne de précieuses informations sur la vie quotidienne.

Le site est abandonné en 2598 avant notre ère, la présence humaine se fait rare.

L’An Mil à Colletière

En 1006Date connue grâce à la dendrochronologie, c’est le retour des bûcherons sur des berges rendus plus accessible par une baisse des eaux du lac. Il s’agit d’une colonisation organisée, sans doute, par le Vicomte de La Tour.

Les auteurs décrivent le site, les techniques de construction, l’exploitation du territoire. La pratique de la pêche est attestée par des flotteurs et des hameçons, mais aussi une pirogue.

Les savoir-faire liés au bois sont nombreux, le travail du métal important depuis la réduction du minerai jusqu’à la forge. Le travail du cuir et le textile complètent les ressources pour les échanges.

Les artefacts rendent compte de la vie quotidienne : vaisselle de bois, restes de nourriture, vêtements et parures et aussi, instruments de musique. Les habitants sont des cavaliers d’après les équipements retrouvés.

On ne peut que regretter l’absence de tout texte qui viendrait compléter les informations sur les chevaliers de l’An Mil à Paladru.

Après 1020, le climat plus humide entraîne une remontée des eaux et l’abandon du site vers 1040. Les restes d’une fortification au Châtelard correspondent à une petite motte castrale qui fut, peut-être abandonnée au profit, à quelques kilomètres, du château de Clermont, en pierre.

Un ouvrage qui a toute sa place dans les établissements de l’académie de Grenoble, pour préparer une visite.