Nous sommes ici, sans conteste, en présence d’une très grande bande dessinée. Un récit de guerre, certes, mais qui grâce à sa poésie, sa douceur et son humanisme en font une merveilleuse histoire et une histoire merveilleuse. Olivier Grenson maîtrise parfaitement l’ensemble en nous livrant un scénario émouvant, de sublimes dessins et des couleurs particulièrement douces. Pour ne rien gâcher, les éditions Le Lombard nous proposent un magnifique objet … de 240 pages et à la couverture grandiose !

Un conte qui s’inscrit dans l’épisode du Blitz

Nous sommes en septembre 1940. Les bombes de la Luftwaffe ont laissé deux trous béants dans la vie du vieil Isaac Green, un ancien jardinier : celui de sa maison éventrée qui lui laisse voir un Londres dévasté et celui qui, chaque jour, attire un peu plus son cœur vers l’abîme car sa femme Eva est morte. En plein Blitz et au beau milieu du tumulte des sirènes, Isaac rencontre Mary, une petite fille évacuée qui ne retrouve plus sa famille. A l’abri dans le métro londonien, dans les rues de la capitale ou dans la maison éventrée, une amitié sincère et bienveillante est en train de naître. Issac décide de protéger Mary et de lui offrir un échappatoire à ce chaos ambiant, il raconte l’histoire de l’arbre aux mille couleurs. Elle, par sa fraîcheur enfantine et encore innocente redonne du sens à la vie de ce vieux monsieur.

Un conte qui invite au rêve et à l’espoir

Pour Olivier Grenson, le conte associé à l’épisode du Blitz permet d’évoquer, avec beaucoup de poésie, une planète au bord du gouffre en raison du péril écologique et de la résurgence des guerres. La sagesse et la fragilité de la nature est sans cesse rappelée face à la folie des hommes capables de lancer des bombes sur des populations innocentes, notamment des enfants comme la petite Mary. Mais, c’est bien le rêve et l’espoir qui sont au cœur de ce récit et non une fatalité mortifère. Voici quelques passages qui soulignent toute la beauté de ce récit :

« Même si un arbre meurt, même en décomposition, il continue de jouer un rôle indispensable pour des milliers d’êtres. »

« La nature nous rappelle sans cesse qu’il y a toujours une renaissance, qu’il n’y a jamais de fin. »

« Par la pensée, nous pouvons construire un monde nouveau. Par la volonté nous pouvons le réaliser. »

Olivier Grenson n’oublie pas de citer le conteur Henri Gougaud :

« Nos rêves sont peut-être des réalités endormies qui attendent d’être réveillées. Le merveilleux est peut-être de la vie véritable qu’il faudrait aider à éclore. Nous avons besoin de jardiniers. »

 

Une grande bande dessinée donc … et peut-être même un chef d’œuvre !