Les Presses de Sciences Po rééditent en 2011 l’ouvrage de Patrick Le Galès paru en 2002. Cet ouvrage, enrichi d’une préface inédite, est considéré comme un des classiques de la recherche urbaine en France et à l’international (ouvrage publié en anglais, en italien et en espagnol). Ce livre est un ouvrage de référence sur les questions de gouvernance urbaine, qui s’adresse, plus particulièrement, aux responsables des politiques urbaines et aux enseignants en sciences humaines et sociales comme de sciences politiques. Ce travail de sociologie politique est basé sur des recherches et des enquêtes menées dans une dizaine de villes européennes pendant plusieurs années.

Patrick Le Galès est directeur de recherche CNRS au CEE (Centre européen de Sciences Po) et professeur à Sciences Po. Ses travaux de recherche portent sur la question de la sociologie urbaine, la gouvernance des villes en Europe (et au Royaume Uni, notamment).

Le retour des villes européennes est un ouvrage qui trouve un écho particulier lors de sa parution. Le propos de l’auteur allait à contre-courant des autres travaux de sciences sociales de l’époque, qui insistaient sur la mise en avant d’un monde urbain, basé sur le gigantisme de métropoles telles que Los Angeles ou Shanghai. Pour Le Galès, inspiré des travaux de C. Tilly (1990), les villes européennes constituent un monde urbain à part. Ce réseau dense de villes de taille moyenne (entre 200 000 et 3 millions d’habitants) se singularise des autres villes mondiales par son histoire et par le fort investissement de l’Etat, qui se traduisent par le maintien de centres-villes. Les villes européennes ont toujours joué un rôle dans l’intégration des sociétés depuis le Moyen Age. La stabilité du réseau urbain en est la preuve. Les villes ont été les supports de la mise en place des Etats modernes même si l’instauration de pouvoirs centralisés s’est faite à leurs dépens. La construction européenne, comme la mondialisation, sont des éléments qui redistribuent le pouvoir et qui profitent aux villes européennes. Le retour des classes moyennes et aisées dans les centres comme l’importance des dépenses engagées par les agglomérations ainsi que le renforcement du pouvoir local dans le cadre de la décentralisation sont des marqueurs de ce « retour des villes européennes ».

Reconnu comme un ouvrage central par la thèse développée, celui-ci a connu des critiques et des attaques nombreuses (celles-ci sont présentées dans le détail dans la préface de 2011). L’optimisme de Le Galès est tempéré dans la préface de 2011. Malgré la crise de 2008, la question du vieillissement démographique d’une partie de la population européenne ainsi que de l’accroissement des inégalités dans le cadre des espaces urbains, il ne croît pas à la déterritorialisation des sociétés urbaines européennes, même si il déclare (p. 42) : « Work in progress : la nouvelle décennie s’annonce financièrement rigoureuse, socialement conflictuelle et politiquement incertaine pour les villes comme pour les sociétés européennes. »

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes