Ngor Dieng, dans un essai très personnel et polémique, dresse un tableau sévère de la société sénégalaise et de ses dirigeants. Il aborde les thèmes de l’éducation, la politique, la citoyenneté. Malgré des figures intellectuelles, politiques ou religieuses qui pourraient être des guides, la jeunesse est désabusée face à un avenir incertain.

S’adressant à ses compatriotes il les exhorte à être des citoyens engagés.

Le livre paraît en 2020 mais les éléments factuels s’arrêtent en 2015 ce qui limite la portée de l’ouvrage d’autant que les chapitres sont inégaux.

Le premier chapitre sur le système éducatif est descriptif : une école en crise, des enseignants mal formés peu impliqués, une formation professionnelle quasi inexistante. L’auteur propose quelques pistes pour remédier à cette situation.

Au chapitre deux, la crise des bourses de 2014 pose la question de la relation des jeunes au pouvoir politique mais les causes du malaise étudiant demeurent peu analysées.

La suite est plus polémique. Dans un style assez agressif l’auteur s’en prend à la France-Afrique, dénonçant, sans vraiment argumenter son propos, les milliards de l’aide et le poids des experts étrangers dans le Plan Sénégal Émergent. Surtout s’en prend aux deux derniers présidents : Abdoulaye Wade et Macky Sall opposant les discours politique à la parole d’honneur, la politique et le travail à la politique politicienne sans épargner les nouveaux leaders comme Abdoul Mbaye ou Ousmane Sonko.

L’auteur présente l’Islam sénégalais comme peu religieux, un islam où les confréries1 jouent un rôle important. Il aborde très superficiellement la lutte contre le terrorisme islamique puisqu’il s’arrête en 2015.

Le chapitre consacré au civisme, dans un style assez agressif, dénonce le « je m’en foutisme » des Sénégalais qui empêcherait tout développement. Les exemples choisis expriment plus l’intolérance de l’auteur que vraie démonstration comme à propos des homosexuels ou de la catastrophe du Joola qui serait complètement oubliée ce qui n’est pas vrai du moins en Casamance.

Dans le chapitre intitulé géopolitique mondiale et valeurs universelles il plaide pour une coopération entre États africains surtout la Guinée Conakry. Ngor Dieng semble emporté par sa croisade anti-occidentale quand il évoque les attentas de Paris, les réseaux sociaux et la modernité responsable de disparition du patrimoine culturel.

Un dernier chapitre « historique » aborde l’opposition De Gaulle – Sékou Touré en 1958, la rupture Senghor – Dia après l’indépendance.

L’auteur propose le portrait de quelques intellectuels trop peu connus des jeunes sénégalais.

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1Les Mourides ou les Tidianes