Le duo Barluti-Cassiau-Haurie récidive, après Madame Livingstone, paru en également chez Glénat, et propose une BD sombre sur un drame oublié du Congo belge.

Le prétexte d’une enquête sur une prétendue nouvelle espèce de primate, le singe jaune à cou rouge, conduit la jeune journaliste nommée, non sans humour, Paulette BlackmanEn référence à Colette Braekman, journaliste, responsable de l’actualité africaine et plus particulièrement de l’Afrique centrale au journal Le Soir. Elle a écrit de nombreux livres sur la RDC. dans les forêts de la cuvette congolaise. Elle est accompagnée d’un homme qui connaît diverses langues africaines, Anaclet. C’est l’occasion de plonger le lecteur dans l’atmosphère violente de la RDC aujourd’hui, mines d’or, milices, auto-défense villageoise, enfants soldats. Mais le récit, au demeurant assez complexe, est surtout le moyen de rappeler ce que fut le sort des enfants métis au temps de la colonisation. Loin de l’imaginaire les auteurs s’appuient sur une documentation précise et décrivent, dans les souvenirs d’Anaclet qui fut l’un d’eux puis adopté en Belgique, la réalité, l’enlèvement de ces enfants ramenés en Belgique au moment de la décolonisation. Ils montrent sans complaisance les ressorts racistes de cette politique d’exclusion des « mulâtres ».

Un complément documentaire, en fin de volume, ainsi que la préfaceSignée Dr Bambi Ceuppens, anthropologue commissaire de l’exposition permanente du Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, Belgique., précisent la réalité tout en rappelant le scandale encore aujourd’hui de ce pays riche des matières premières (diamant, or, cuivre et coltan) mais parmi les plus pauvres du fait du pillage généralisé de ses ressources.


Christiane Peyronnard, pour Les Clionautes