Si la région de Québec a été occupée dès la période paléoindienne, c’est à Québec que se trouvait le village iroquoien de Stadaconé, mentionné dans les relations de voyage de l’explorateur Jacques Cartier. L’objet de ce livre est un point d’étape sur 35 ans de recherches archéologiques du site de l’îlot des Palais1 situé dans la partie basse du site du Vieux-Québec. Il met en lumière le travail des archéologues et des historiens sur un site ai a été fréquenté d’abord par les Autochtones puis au XVIIe siècle, Jean Talon y a construit un centre de production avant qu’on y installe le premier palais de l’intendant2.
L’ouvrage reprend un plan chronologique pour présenter les résultats des fouilles depuis halte amérindienne il y a plus de 400 ans jusqu’au site contemporain de brasserie et d’habitations (1845-1974).
Bien placé en bordure de la rivière St Charles, affluent du St Laurent le site est très tôt fréquenté comme en témoigne le premier objet évoqué : une herminette en serpentinite bouchardée et polie utilisée pour le travail du bois.
Puis le site est occupé par les Français. En 1668 une activité économique y est installée par l’intendant Jean Talon pour y établir le moyen d’une autonomie financière de la colonie, une brasserie pour limiter les importations de vins et alcools dont il reste quelques vestiges ainsi que des traces du travail du bois et d’une fabrique de potasse jusqu’en 1675.
Le chapitre suivant concerne le premier palais de l’intendant jusqu’à sa destruction par un incendie en 6 janvier 1713, par grand froid (1686-1713). Dans ce bâtiment aux fonctions multiples : salle du conseil, résidence de l’intendant, entrepôts et même geôle, les archéologues ont trouvé des morceaux de porcelaine, de faïence et de verrerie de table, des contenants variés et des restes végétaux qui témoignent de la diversité des denrées locales et importées. Pour se protéger des tentatives anglaises un système de défense a été mis en place en 1690 dont on retrouve des fragments d’une palissade de pieux en thuya ou cèdre blanc de 3,5 mètres de haut complétée de petites redoutes en pierre.
A partir de 1713 une nouvelle intendance et un second palais sont reconstruits, il reste le dallage en grès de la rue De Saint-Vallier, mis en place vers 1750. Le second palais remanié après l’incendie de 1725 est détruit lors de la conquête anglaise en 1760. Là encore de nombreux objets précieux ou quotidiens ont été découverts qui renseignent sur la vie dans la colonie et dans ses prisons mais aussi sur le port Saint-Nicolas et le chantier naval du roi. Les auteurs présentent la vie à la française comme on peut la reconstituer grâce à la fois aux fouilles (bouteilles en verre par exemple, vaisselle) et aux récits.
De 1760 à 1845 c’est le temps d’une occupation militaire et civile, le second palais étant transformé en casernes. C’est l’occasion pour les auteurs d’évoquer les techniques de l’artillerie grâce aux boulets retrouvés. Les nouvelles fonctions du lieu ont laissé des traces : boutons d’uniformes, objets de facture anglaise, monnaies, traces d’activités artisanales (terres cuites, tannage des peaux).
Plus récemment, après de nouveaux incendies en 1843 et 1845 le quartier a une vocation économique avec l’installation de la Brasserie Boswell dont l’histoire est retracée. Mais le sol garde aussi la trace des incendies et des progrès en matière d’hygiène de l’eau. Le quartier dont l’histoire est rapportée jusqu’en 1974 est aussi habité ce qui se retrouve dans nombre d’objets du quotidien.
Depuis 1974 le lieu est devenu un site archéologique et un lieu d’interprétation.
De nombreux croquis et photographies permettent de se faire bonne idée de ce que fut Québec au temps de la Nouvelle France et aux siècles suivant. Une façon originale de (re)découvrir l’histoire de Québec.
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1Carte p. 8
2Chronologie du lieu p. 13