Ce n’est pas une énième histoire de la Révolution française mais une analyse des représentations que les Britanniques se sont forgés entre fascination et répulsion, entre débats philosophiques, pamphlets et réactions écossaise et irlandaise. C’est donc une histoire de la Grande-Bretagne à la toute fin du XVIIIe siècle et de l’influence des événements français sur cette histoire.

Les auteurs sont tous deux universitaires et spécialistes de la période. Harry T. Dickinson est professeur émérite à l’Université d’Edimbourg et Pascal Dupuy, maître de conférence à l’Université de Rouen.

La Grande-Bretagne en 1789

Les auteurs dressent un tableau, un état des lieux de la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, un pays en croissance dans cette période de débuts de la révolution industrielle, doublée d’une révolution agricole, une société très inégalitaire entre Eglise anglicane et prolifération de la presse.

Une société oligarchique

Si les différenciations sociales ont été évoquées dans le premier chapitre, le second est consacré à une description détaillée de la classe dirigeante, sa place entre Chambre des Lords et paternalisme des grands propriétaires. Les auteurs présentent la Constitution anglaise et le rôle du roi Georges III.

Cente ans de rivalités

Une longue opposition, concurrence oppose la Grande-Bretagne à la France. Les auteurs en rappellent les principaux moments depuis la fin du XVIIe siècle, les tensions coloniales (Antilles, Canada) et la guerre d’indépendance américaine.

Si proches, si lointains

Depuis longtemps les élites anglaises sont sensibles à la culture française tantôt admirée, tantôt rejetée par crainte d’une contagion des pratiques politiques françaises, mais incontestablement la France séduisait. Les auteurs mettent en parallèle les deux royaumes notamment en matière de contrôle de la religion par le pouvoir royal mais aussi les divergences entre une monarchie parlementaire née de la Glorieuse Révolution et la monarchie de droit divin.

Le rejet de la Révolution

Le conservatisme de Pitt l’a emporté face aux soutiens qui ont pu s’exprimer en 1789. Les auteurs décrivent la politique de Pitt durant toute la période révolutionnaire : propagande conservatrice, stratégies politiques pour écraser toute tentative d’opposition.

Les Jacobins britanniques

Né des débats en Grande-Bretagne, un mouvement radical se développe dans les Années 1760, expression d’un mécontentement contre l’aristocratie. Dans ces milieux 1789 apparaît comme l’émergence d’un nouvel age de liberté. Les auteurs décrivent ce mouvement : idéologie, composition sociologique, diffusion dans le pays et modes d’action.

En guerre

Pitt voit là l’occasion d’une revanche sur la perte de la guerre américaine même si l’attitude est d’abord prudente avant de s’alarmer de la menace d’une présence française à Anvers face à Londres. Si les Français gagnent sur terre la Grande-Bretagne est maîtresse sur mer et peut aider les tentatives contre-révolutionnaires de la Vendée et les nobles exilés. Les auteurs décrivent les conséquences économiques de l’effort de guerre anglais.

L’Ecosse radicale

Après une rapide description de la situation écossaise, les auteurs étudient le mouvement radical écossais : un mouvement réformateur, la division de l’opinion à partir de l’été 1792, la répression judiciaire et le succès de la propagande loyaliste.

L’Irlande, une révolution manquée

Même description de la situation et du mouvement radical catholique, les auteurs montrent les débats des sociétés de Dublin et de Belfast, ils analysent le mouvement des « Irlandais Unis » et la tension grandissante entre orangistes et catholiques. Ils rapportent l’insurrection manquée de 1798 et ses conséquences : domination des Irlandais protestants, adoption non sans débats et difficultés de l’Act of Union (1801).

Rivalités coloniales

La suprématie maritime anglaise assure à son économie coloniale une situation favorable malgré le développement en Grande-Bretagne du mouvement abolitionniste. Les éléments majeurs de la rivalité sont la question de Saint-Domingue et le lointain écho de la révolution aux Indes.

Une presse engagée

La liberté de la presse est une réalité bien avant 1789 en Grande-Bretagne et cette presse va faire une large place aux événements français non sans divergences selon les journaux.

Les pamphlets et la guerre des mots

Les auteurs décrivent la propagande antirévolutionnaire qui se développe en Angleterre, ils en analysent les discours. Quelques caricatures sont reproduites dans l’encart iconographique central

Propagande de la plume et du pinceau

Autre lieu d’expression des réactions britanniques, la littérature et la peinture. Les auteurs évoquent divers auteurs comme Charlotte Smith, la réécriture des livres d’histoire, les contre-offensives des radicaux et des peintres comme James Northcote, William Hamilton ou le graveur William Blake.

Au fil des siècles

Ce dernier chapitre traite du positionnement des historiens britanniques des XIXe et XXe siècles depuis William Smyth qui rédige la première histoire de la Révolution française qui se voulait impartiale. C’est un tour d’horizon historiographique complété par des références à la production poétique, filmique et télévisuelle.