Quel est le point commun entre la reine Jeanne, l’abbé Sieyès, Jean Aicard et Flora Tristan ? Tous ces personnages historiques ont vécu tout ou une partie de leur vie dans le Var. C’est ce que l’on apprend en découvrant la bande dessinée le Var. Une terre d’histoire entre Verdon et Méditerranée.
Le Var est un département à part dans notre maillage territorial. Comme le présentent dès le départ les auteurs, Gilbert Buti et Jean-Marie Cuzin, le Var est le seul département qui porte le nom d’un fleuve côtier qui ne se situe pas dans le département ou plutôt, qui ne se situe plus dans le département depuis 1860.
Cette bande dessinée, le Var, éditée par les éditions du Signe appartient à une collection portant sur les départements ; une quinzaine de titres est déjà parue. La partie historique a été a été confié à Gilbert Buti, professeur d’université (Aix-Marseille) et les dessins sont de Jean-Marie Cuzin, qui a participé à d’autres bandes dessinées aux éditions du Signe comme celles sur Chamonix, Marseille, Saint-Tropez (déjà coécrite avec Gilbert Buti). Voici donc un ouvrage réalisé par deux spécialistes du territoire varois.
Portrait d’un département atypique
Très rapidement les auteurs dressent le portrait de ce département atypique. La bande dessinée parcourt les siècles et les lieux emblématiques du Var depuis la découverte de la grotte de Quinson, du village de Villecroze ou de la pierre de la fée à Draguignan, qui témoignent d’un peuplement ancien (entre 900 000 et 100 000 avant notre ère). Différents peuples se sont installés dans le Var comme les Grecs (Six-Fours, Cavalaire, Hyères..), les Romains (Fréjus), tandis que d’autres n’étaient que de passage pour s’emparer des richesses (comme les Sarrasins et autres pirates de toute la Méditerranée). Le Moyen âge, entre installation des Cisterciens (au Thoronet) et conflits seigneuriaux, passe pour une période agitée au moment du règne du « bon roi d’Anjou », comte de Provence et de Forcalquier (1434-1480). Toutefois, pendant la période moderne « les guerres de Louis XIV sont éprouvantes pour le Var qui est de nouveau envahi en 1707 » (p.26). A partir de l’aménagement de la seconde darse de Toulon, le Var est un territoire rythmé par les campagnes militaires pendant lesquelles, les habitants doivent « servir un an sur trois sur les vaisseaux du roi.» (p. 30). A partir de 1789, année de publication du livret rédigé par l’abbé Siéyès de Fréjus, Qu’est-ce que le tiers état, l’histoire du Var semble se confondre avec l’histoire nationale.
Géographie électorale
L’ouvrage permet de découvrir une des particularités du Var à savoir une géographie électorale bien évolutive entre le XIXe siècle et nos jours. Ainsi page 41 il est rappelé que le Var, « contrairement à la majorité du pays refuse de voter pour Louis-Napoléon-Bonaparte. Les Républicains remportent les élections de 1848 ». On aurait pu ainsi mentionner dans la bande dessinée des lieux de mémoire républicaine comme l’église d’Aups et autres églises du Var rouge (Barjols, Cotignac..). Malheureusement, le format de la bande-dessinée ne permet pas d’aller dans le détail et le basculement vers la droite et l’extrême-droite du Var aux élections locales comme nationales de ces dernières années n’est pas mentionné… tout comme les conséquences d’une urbanisation effrénée sur le littoral liée ou la périurbanisation se transformant en mitage des territoires ruraux autour de la Seyne, de Toulon, du Muy ou de Cannes (Fayence).
Néanmoins en 52 pages, l’histoire du Var est dépeinte de manière concise et synthétique avec des personnages aux traits fins. Les auteurs ont pu même égayer ce récit de quelques anecdotes pour ralentir le rythme de la lecture, offrant par ce biais, une lecture pour tout public. Ainsi, page 43, on apprend que le docteur Godillot de Hyères est le père des chaussures militaires avec, pour la première fois, des pieds différenciés pour le pied droit et le pied gauche.
En résumé, une histoire du Var très plaisante à lire pour de jeunes lecteurs et pour moins jeunes !
