L’Agence française de développement est un organisme financier qui met en œuvre la politique de développement et de coopération de la France, elle réunit une douzaine d’auteurs parmi ses collaborateurs pour ces repères et grands enjeux de l’économie africaine, un continent en rapide évolution loin d’une image souvent négative en partie héritée de la colonisation ? Les auteurs ont choisi de traiter du continent dans son ensemble, une vision à la fois globale et régionale.

Les grandes tendances macroéconomiques de l’Afrique et de ses régions

Après un rapide constat des effets de la crise des prix des matières premières (2014) qui a freiné la croissance continue depuis le début du siècle, l’auteur s’interroge sur la situation à l’aube de la nouvelle décennie. Malgré un dynamisme général l’Afrique est souvent vue par rapport aux difficultés des grandes économies du continent :Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Angola, Maroc, liées au prix du pétrole ou à des problèmes structuraux ; mais cinq pays sont parmi les plus dynamiques au monde : Éthiopie, Côte d’Ivoire, Rwanda, Sénégal et Djibouti. Le continent est confronté à sept grands enjeux, soit mondiaux : montée des incertitudes extérieures (effets sur le cours des matières premières et possibilité d’endettement), risques climatiques ; soit proprement africains : le poids des six grands pays dans le PIB total de l’Afrique, les transitions politiques chaotiques, contexte électoral en 2020, la croissance de l’endettement et le contexte sécuritaire notamment au sahel.

Le dilemme des États africains : entre besoin d’investir et risque de surendettement

Les auteurs analysent les flux financiers entre besoins d’investissements structurants et dette dans un contexte international fluctuant sans masquer les différences entre les grands ensembles régionaux. Ils montrent un désengagement des créanciers traditionnels (Club de Paris) et l’accroissement des créances chinoises, indiennes ou brésiliennes.

L’industrialisation de l’Afrique et l’exemple éthiopien

L’industrialisation est une priorité pour de nombreux pays pour fournir des emplois. Les auteurs rappellent les politiques industrielles depuis les indépendances. Ils posent la question des choix : faut-il développer l’industrie ou miser à la fois sur les progrès agricole et les nouvelles technologies ? Ils montrent les opportunités qui se présentent aux États : le développement de l’industrie textile par délocalisation des ateliers de l’Asie du Sud-Est, le développement d’une classe moyenne, une politique de préférence nationale pour l’industrie agro-alimentaire (Malawi, Tanzanie, Zambie).

L’analyse du cas éthiopien : politique très volontariste, amélioration des infrastructures, croissance des investissements étrangers, soutien aux entreprises mais faiblesse des exportations et malgré des efforts faible formation de la main-d’œuvre, montre un bilan en demi-teinte.

L’Afrique de demain serra urbaine

L’urbanisation est très rapide, deux fois plus rapide que dans l’Europe du XIXe siècle mais ne s’accompagne pas d’une chute de la population rurale. Si les métropoles se développent ce sont surtout les villes moyennes qui voient leur population exploser. Les auteurs parlent de rurbanisation pour qualifier la densification des zones rurales proches de ces villes moyennes et de tissu urbain plus compact. Ils évoquent le phénomène des camps de réfugiés devenu des villes en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda ou au Tchad. Ils rappellent les inégalités sociales, notamment dans les mégalopoles : parmi les dix pays ayant les plus fort indice de Gini1, huit sont africains, deux tiers des populations urbaines vivent dans des « quartiers précaires ».

Les auteurs proposent quelques pistes de développement urbain.

L’Afrique redécouvre les communs : une lecture des enjeux fonciers ruraux au Mali

Entre histoire et dynamiques contemporaines la question foncière se pose avec acuité notamment en Afrique de l’Ouest. Les droits traditionnels, garants de la préservation des ressources sont confrontés à la croissance démographique et au droit étatique. Le cas du Mali permet d’éclairer la question des « communs »2, de la relation entre éleveurs et agriculteurs. Les auteurs rappellent la gestion coutumière précoloniale, l’influence coloniale sur la notion de propriété et les enjeux actuels qui remettent en lumière les systèmes locaux de gouvernance. A noter un encadré à propos des technologies de la communication : le Woelab (p. 91) et l’intérêt des stratégies collaboratives.

La migration africaine

Les auteurs entendent sortir des idées reçues sur la migration, ils montrent à la fois le faible poids des migrations dans la démographie africaine, l’importance des migrations intra-africaines et les effets du changement climatique. Ils décrivent les évolutions vers une migration plus jeune, plus féminine et plus éduquée.

Une chronologie de l’année 2020 et des statistiques complète ces repères. Chaque chapitre a sa propre bibliographie.

1L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

Il est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où la variable prend une valeur identique sur l’ensemble de la population. À l’autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, où la variable vaut 0 sur toute la population à l’exception d’un seul individu. .

Les inégalités ainsi mesurées peuvent porter sur des variables de revenus, de salaires, de niveau de vie,etc.

Classement des États : https://atlasocio.com/classements/economie/inegalites/classement-etats-par-coefficient-de-gini-monde.php

2Cette notion interroge les fondements traditionnels de l’économie, du droit, de la sociologie et des sciences politiques en plaçant les usagers et les citoyens au cœur des processus de régulation et de gestion. Sur ce thème voir : Communs et développement et Qu’est-ce qu’un bien Commun ?