Martin Fournier propose, dans ce premier tome de la saga Radisson, un « voyage avec des fantômes, des esprits oubliés, dans des époques mal connues ou des moments survolés du passé » longtemps oubliés. Il veut, en historien, proposer un héros pour l’épopée française de l’Amérique puisque les Anglophones disposent de Davy Crockett ou Daniel Boone. L’enfer ne brûle pas raconte le début d’une vie riche en rebondissement.
Le prologue dresse un portrait de la Nouvelle-France, ou plus précisément de Trois-Rivières, en de milieu du XVIIe siècle.
Le Jeune Français vient rejoindre ses sœurs Marguerite et Françoise à Trois-Rivières. Il arrive en Nouvelle-France le 24 mai 1651. Pierre-Esprit Radisson a quinze ans et arrive en pleine guerre franco-iroquoise. Il découvre la vie dont il rêve, l’aventure des coureurs de bois, dans les récits des habitants de la petite bourgade. Le récit renseigne sur la vie quotidienne à Trois-Rivière et la mise en défense du village. Une innocente partie de chasse à l’outarde se révèle bien cruelle. Le jeune homme est capturé par les Iroquois. Son histoire il l’a raconté bien des années plus tard à LondresOn y retrouvera Raddisson dans Le Castor ou la vie – Les Aventures de Radisson, 1661-1670.
La capture signifie soit la mort, soit l’adoption par une famille pour combler un vide laissé par la mort ou la maladie. Cette coutume est fréquente chez plusieurs groupes amérindiens. Le lecteur découvre ainsi un pan de la culture iroquoise. Mais comment, à quinze ans, vivre une telle situation, être adopté par les assassins de ses compagnons de chasse, se préparer à être lui-même un guerrier du clan de l’ours et faire la guerre aux autres nations amérindiennes et aux Français. La description de la vie dans le village iroquois permet de se faire une idée du rythme, été-hiver, des activités quotidiennes et de la traite avec les Hollandais.
Radisson, Orinha de son nom iroquois est devenu un jeune guerrier, il part pour sa première expédition guerrière vers le sud, contre les Eriés. On voit comment le commerce de peaux, que ce soit celui des Français, des Hollandais ou des Anglais, a changé les conditions des guerres indiennes en procurant à certains, notamment les Iroquois, des fusils bien plus meurtriers que les arcs et casse-têtes traditionnels. Le récit de cette expédition donne l’occasion de préciser le mode de fabrication d’un canot d’écorce mais aussi les croyances de ce peuple.
La vie aventureuse est dangereuse, Radisson-Orinha décide de fuir vers la colonie hollandaise de Fort Orange où il a pratiqué la traite. Il y rencontre un missionnaire français racheté aux Iroquois qui lui permet de revenir à sa culture par la confession. Décembre 1653 en montant dans le navire qui le ramène en Hollande c’est une nouvelle vie qui commence pour le jeune héros qui sera complètement raconté dans Sauver les Français.