Intéressant et documenté, ce livre nous offre l’opportunité de découvrir ou redécouvrir Léon Battista Alberti. L’Ouvrage, bien illustré grâce à un cahier central en couleur, se situe entre l’essai et la biographie.

Léon Battista Alberti, un artiste polymathe

Théoricien, peintre, philosophe, mathématicien, architecte, Léon Battista Alberti est issu d’une famille florentine de marchands et de banquiers, bannie de la ville en 1381. A la mort de son père en 1421, il apprend qu’il est un enfant illégitime (p.22). En 1431, il entre à la curie romaine en obtenant le canonicat de San Martino au hameau de Gangalandi près de Florence (p.43). Cette fonction lui assure un revenu, lui permet de voyager (Rome, Florence) mais également d’écrire. Ainsi, Yann Kerlau nous fait entrevoir la maturation de l’œuvre de Leon Battista Alberti. Il analyse de nombreux passages des traités de ce dernier (De la peinture ou De la sculpture ou encore de L’Art d’édifier) et établit des parallèles avec les transformations artistiques et culturelles des années, voire des siècles, suivants. En effet, si Alberti ne fut pas publié de son vivant, Yann Kerlau rappelle que certains aristocrates (comme son ami Leonello d’Este, prince de Ferrare) ont eu l’opportunité de pouvoir lire ses théories sur l’art. Il donne, ainsi, l’exemple du comte Gian Giorgio Trissino qui a fait lire à Andrea di Pietro (qu’il fera rebaptiser Andrea Palladio) les traités L’art d’édifier et De la peinture (p.93). Protégé et reconnu pour son talent par divers mécènes comme la famille Rucellai à Florence ou le marquis de Gonzague à Mantoue, Alberti a pu réaliser d’importants chantiers comme le palais Rucellai ou encore la façade de la basilique Santa Maria Novella à Florence. Yann Kerlau analyse précisément l’héritage que nous a légué Leon Battista Alberti dans les derniers chapitres de son ouvrage. Il interroge ses apports théoriques dans les œuvres de Michel-Ange (p.175-186), Jérôme Bosch (p.187-188) ou d’Artemisia Gentileschi (p.189-191). 

Un ouvrage très bien documenté

Yann Kerlau a su replacer Leon Battista Alberti (Gênes, 1404 – Rome, 1472) dans le contexte historique et culturel de son époque. Il décrit, en effet, les jeux de pouvoir entre les grandes familles florentines, les bannissements (des Alberti, des Albizzi ou encore des Strozzi) mais aussi les tensions entre les Cités-Etats italiennes. Il revient également sur les rivalités entre Guelfes et les Gibelins et dresse un panorama de l’Italie du Quattrocento.

L’auteur a su également expliquer, dans le chapitre intitulé Trois mousquetaires en chemin (p.28 à 35), que les « pères de l’humanisme » (Dante, Pétrarque et Boccace) ont profondément influencé Leon Battista Alberti au même titre que Lucrèce, Epicure ou Marc Aurèle (dans le chapitre Naissance du bonheur, p.61 à 70).Dans le chapitre A table… (p71 à 80), il nous offre une nouvelle vision de Leon Battista Alberti. En effet, dans son traité Propos de table, Alberti n’est plus « seulement architecte, peintre, ingénieur, philosophe, mathématicien mais un écrivain ironique » (p.72).

Cet ouvrage est donc particulièrement bien documenté. Outre un cahier central en couleur, Yann Kerlau a rédigé 10 pages de notices biographiques mais également une chronologie de 5 pages. La bibliographie, quant à elle, est très riche et témoigne du travail de recherche de l’auteur qui, comme un historien, s’est intéressé aux archives.

Ce livre, intéressant et bien mené, a donc le mérite de nous éclairer sur cet humaniste que fut Leon Battista Alberti et sur son influence de la Renaissance à nos jours.