Cette BD est le 4e tome de la collection, en 12 volumes, consacrée par Glénat à la France-maçonnerie. Cette collection est dirigée par Didier Convard, franc-maçon lui-même. Le 1er tome avait été préfacé par Pierre-Marie Adam, Grand Maître de la Grande Loge de France. Cette collection est donc validée et encouragée par cette loge, la première de France, membre du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Il est important de démarrer cette présentation par ce rappel : si l’objectif est officiellement de raconter de grands événements de l’histoire de la franc-maçonnerie, et pour cela faire appel à des initiés de la Loge, il est légitime de se poser la question d’une volonté prosélyte derrière une telle aventure éditoriale.
Cette ambition de vérité et de « transparence », même si ce dernier mot peut parfois être étranger à la franc-maçonnerie par nature, est présente dans le dossier en fin de BD. Chaque tome sera accompagné d’un carnet de quelques pages remettant l’histoire que l’on vient de lire dans un contexte plus global, mettant en avant le rôle des francs-maçons dans l’aventure de la société humaine moderne, expliquant certains rites ou références religieuses… Libre à chacun ensuite de se faire son propre avis.
Ce 4e tome est la suite logique du 3e cette fois-ci. Nous suivons le parcours de Robert Moray, fils de Mungo Moray, un des disciples de William Schaw auquel était consacré le précédent volume. A travers le parcours de cet homme, c’est la création de la Royal Society qui est au centre et à l’aboutissement de cette BD, Robert Moray étant à l’initiative de ce projet et l’un des 12 membres fondateurs en 1660. Le fil conducteur depuis le 1er épisode de la série est la possession par Robert Moray d’une des pierres du temps de Salomon, pierre sur laquelle vont jurer les membres fondateurs de la Royal Society, tous francs-maçons.
Pour Robert Moray, la Royal Society doit avoir pour objectifs de collecter des informations et des connaissances sur le monde, les diffuser au plus grand nombre, accueillir en son sein des gens de tous milieux sociaux et de toute confession ou idéologie politique. Cette société est donc présentée comme tolérante et ouverte, ce dont témoignent peu ses cadres et ses membres. Autour de cette ouverture sont présentées les oppositions de l’époque entre monarchistes et parlementaristes et la longue lutte de Moray pour obtenir la charte royale
Cette BD est ainsi l’occasion de se plonger dans le contexte troublé de l’Angleterre de la moitié du XVIIe siècle. Une partie du cahier final y est d’ailleurs consacré. La BD se situe après l’épisode Cromwell, pendant la Restauration, au pic des tensions entre la Hollande et l’Angleterre de Charles II. Charles II est dépeint ici comme un roi quelque peu frivole, peu concerné par les affaires de son royaume et surtout comme un roi franc-maçon, ce qui semble peu probable, étant donné qu’il n’existait pas de loges en dehors des îles britanniques à cette période et que Charles II vivait en dehors de ces îles depuis la mort de son père en 1649.
Ce 4e tome poursuit donc la lancée des trois premiers dans cette volonté de montrer de manière positive l’histoire de la franc-maçonnerie et de lever les doutes ou les clichés sur son fonctionnement, ses rites d’acceptation et ses secrets. Néanmoins, le personnage de Robert Moray est présenté comme profondément antipathique et imbu de lui-même, comme le prouvent les tentatives d’assassinat à son encontre. A l’instar du tome précédent, le style graphique déçoit par sa simplicité dans les expressions, la rigidité de ses personnages et, parfois, un certain manque de profondeur et de détails. Un tel projet éditorial mérite sûrement un peu plus de travail graphique.
Présentation de la BD sur le site de l’éditeur
Les origines de la Royal Society.
1660. Après des années d’exil, le Franc-Maçon Robert Moray revient à Londres auprès du roi Charles II, tout juste monté sur le trône. Les tensions entre l’Angleterre et la Hollande sont palpables et Moray apporte avec lui d’inquiétantes informations : les avancées technologiques des hollandais en matière de navigation menacent de mettre en péril la flotte anglaise. L’imminence du danger va servir de prétexte à Moray pour rassembler les plus brillants esprits anglais de l’époque. Il parvient à faire collaborer de grands intellectuels aux idéaux et partis pris politiques opposés en leur donnant un but commun : développer la Science en dehors des carcans politiques et religieux. Ainsi naît la Royal Society. Sa grande indépendance vis-à-vis des différentes institutions permet de phénoménales avancées en direction de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand.
Présentation du scénariste sur le site de l’éditeur
Né en 1964, Pierre Boisserie est kinésithérapeute pendant quinze ans avant de devenir scénariste à temps complet. Après avoir sympathisé avec Éric Stalner lors d’un salon de BD dont il est l’un des organisateurs, il écrit La Croix des Cazenac dont le premier album est édité par Dargaud en 1999. Il récidive avec Eastern en 2004 avec Héloret, chez le même éditeur. En 2003 il écrit Nova Genesis pour Éric Chabbert aux éditions Glénat. Toujours pour Glénat, il cosigne Voyageur avec Éric Stalner, série illustrée par Guarnido, Stalner, Bourgne, Rollin et travaille une saga familiale dans le monde des cigares, Flor de Luna, de nouveau avec Éric Stalner et Éric Lambert au dessin. En 2011, il initie, avec Lucien Rollin au dessin, une série fantastique chez Glénat : Nakara. En 2014, il lance avec Philippe Guillaume au dessin la série La Banque qui se tient aujourd’hui en 6 tomes. L’année suivante, avec Didier Convard, il débute Roma chez Glénat, fresque ambitieuse retraçant l’histoire de cette ville au passé et à l’imaginaire chargé. En 2016, il publie le Concile des arbres avec Nicolas Bara chez Dargaud, Saint-Barthélemy, série terminée en trois tomes édités par Les Arènes et Les années rouges & noires, saga politique, historique et sociale en plein cœur des Trente glorieuses toujours aux Arènes. En 2019, il sort avec Cigarette, Le dossier sans filtre, un documentaire sous forme d’enquête sur cette industrie meurtrière.
Présentation du dessinateur sur le site de l’éditeur
C’est en 1989 que Pierre Wachs, né en 1957, commence sa collaboration avec les éditions Glénat en dessinant Marie Tempête, puis Les Chiens du Bord du Monde et Les Tentations de Navarre, trois séries écrites par Patrick Cothias. Il retrouve son scénariste chez Dargaud où il dessine la trilogie du Saumon. De retour chez Glénat, il participe à tous les volumes du Triangle Secret ainsi qu’à I.N.R.I. avec Didier Convard, avant de signer la trilogie Poèmes Rouges, écrite par Joëlle Savey. C’est après avoir dessiné le one shot Sous la peau, le serpent écrit par Domnok qu’il s’attaque à Secrets Bancaires avec Philippe Richelle. Il signe aussi le dessin des tomes 1 et 4 de Disparitions, une série sortie à la fois en BD et sur les écrans de télévision. À nouveau avec Didier Convard au scénario, il dessine le tome 2 de Hertz, l’un des spin-off du Triangle Secret. Chez Casterman, il publie Opération : Vent Printanier (2 tomes) et Libre de choisir, avec Philippe Richelle, puis le premier tome de Femmes en Résistance, Amy Johnson sur le scénario de E. Pollack, R.Hautière et F. Laboutique. Il poursuit sa collaboration avec Richelle pour la série Les Mystères de la Troisième République, puis Les Guerriers de Dieu à partir de 2017, deux séries éditées chez Glénat.