Thomas Römer est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Milieux bibliques » et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Coutumier des RDV de Blois, l’auteur devrait participer à la prochaine édition pour présenter ses deux ouvrages dans la collection Que sais-je ?, L’Ancien Testament paru en décembre 2019 et Les 100 mots de la Bible, dans sa deuxième version mise à jour, sorti en mars 2020. Considéré comme un des grands spécialistes de la formation et de l’histoire de la Bible, il répond à la collection des 100 mots avec une sélection d’occurrences qui présente des personnages, des lieux, des notions sociétales concernant la Bible hébraïque ou l’Ancien Testament pour les chrétiens, textes qui ne sont pas tout à fait équivalent.

Il est bien rare qu’un auteur préconise dans l’introduction de commencer par la fin de son livre !! Pourtant Thomas Römer conseille d’aborder son ouvrage par le dernier mot : YHWH terme le plus fréquent dans la Bible, à expliquer pour qui se lance dans la compréhension de ce que l’auteur appelle « l’un des plus grands monuments de la civilisation humaine ». Ce »tétragramme » a souvent été traduit par Yahvé mais la prononciation peut être tout autre comme Yahou ou Yahô. Quand Yahvé a été proposé, on ne prononce plus le nom de Dieu. On le remplace par Adonaï qui signifie Seigneur. La tentative de lire YHWH aboutit à « Jéhowah », forme répandue dans certaines traductions bibliques. Pourquoi ne pas prononcer le nom divin dans le judaïsme ? Le monothéisme n’entraîne par le besoin de distinguer un dieu particulier puisqu’il est unique. Le décalogue interdit la prononciation de YHWH pour des choses inappropriées ce qui insiste sur la transcendance du dieu d’Israël. Quand Moïse demande au buisson qui il est, la réponse « Je serai qui je serai » montre que le dieu biblique est insaisissable.

Le sujet sensible des textes religieux est ici très finement exploré. Chaque mot choisi, puisqu’il fallait en proposer que 100, est relié à d’autres afin de faire sens dans le récit. Ainsi pas de Noé mais le Déluge et le vin, puisque le patriarche aurait introduit la plante sur terre et aurait fait l’expérience immédiate de l’ivresse. L’histoire du peuple biblique est évoquée par les territoires (Grèce, Égypte, Palestine, Babylone, Israël, Samarie) ou les personnages (David, Jacob, Josué, Jérémie, Job… ) tandis les pratiques religieuses sont analysées avec soin : le bouc émissaire, le sacrifice, la circoncision. Bien sûr la structure de la Bible hébraïque n’est pas oubliée avec les entrées comme Deutéronome, Formation de la Bible, Genèse, Juges, Lévitique, Nombres, Pentateuque.

Thomas Römer explique simplement les notions en partant de l’étymologie des mots et de leur évolution historique qui souvent modifie leur sens. Suivant l’intérêt de chacun, son ouvrage invite à une lecture rapide au gré de l’inspiration ou à un approfondissement plus poussé, Bible à la main puisque toutes les références textuelles sont minutieusement rapportées.