EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
TRUMP : UNE NOUVELLE POLITIQUE D’IMMIGRATION AUX ÉTATS-UNIS ?
Le 31 août 2016, plusieurs mois avant son élection, Donald TRUMP a présenté 10 propositions pour la politique d’immigration des États-Unis avec l’objectif de la réduire en appliquant plus strictement les lois existantes : rétention et expulsion des immigrants illégaux, élimination des protections temporaires pour les non-citoyens, forte réduction des admissions de réfugiés. De fait, l’immigration, légale et illégale, a nettement diminué aux États-Unis depuis l’élection de TRUMP. Ce pays dont le peuplement s’est très largement constitué par apports migratoires, serait-il tout à coup devenu hostile à l’immigration ? Pourtant les États-Unis ont toujours eu des politiques dont l’objectif consistait à maîtriser l’immigration ou à la contenir : Alien and Sedition Act (1798), Chinese Exclusion Act (de 1882 à 1943) ou politique des quotas par exemple.
DOSSIER par Jean-Marc ZANINETTI
LES SIX FRANCE DE L’EMPLOI : BOULEVERSEMENTS ÉCONOMIQUES DANS LES TERRITOIRES
L’auteur propose d’étudier finement la redistribution géographique des emplois sur le territoire national après la crise économique de 2008-2015. Globalement, le nombre d’emplois est resté stable en France métropolitaine pendant cette période mais les évolutions sont très contrastées selon les départements. 60 des 96 départements métropolitains perdent des emplois notamment dans le Nord, le Grand Est, le Grand Bassin Parisien et le Centre de la France. En rythme relatif, les pertes des départements les plus ruraux sont les plus sévères. Une France intérieure en perte d’emplois s’étend des frontières du Nord-Est aux Pyrénées en passant par le Massif Central. On observe également des pertes plus modestes dans les départements du Sud-Ouest intérieur. Le nord-ouest de la Bretagne perd aussi des emplois. Inversement 36 départements gagnent des emplois, certains à un rythme soutenu. Aux façades maritimes de l’Atlantique et de la Méditerranée, s’ajoutent 3 ensembles territoriaux : une partie de l’agglomération Parisienne, la région de Toulouse et le triangle rhône-alpin Lyon-Grenoble-Haute-Savoie. En valeur absolue, les départements des métropoles de l’Ouest et du Sud gagnent des emplois à l’exception de celui de la métropole de Nice.
La géographie de la variation totale de l’emploi s’explique en grande partie par l’évolution de la sphère productive de l’emploi. La croissance est allée aux territoires qui ont reçu des investissements productifs. A l’opposé, les territoires dont l’appareil productif a éprouvé des difficultés sous l’effet de la désindustrialisation ont la plupart du temps perdu également des emplois dans la sphère présentielle.
On distingue alors 6 France. 60 départements perdent des emplois : 45 départements perdent à la fois des emplois présentiel et productif, 12 gagnent de l’emploi présentiel mais insuffisamment pour compenser les pertes d’emplois productifs, 3 départements gagnent des emplois productifs mais en nombre inférieur aux diminutions dans la sphère présentielle. 36 départements gagnent des emplois : 20 départements sont doublement gagnants, 13 départements perdent des emplois productifs mais compensent par des créations d’emplois dans la sphère présentielle, 3 départements ont gagné plus d’emplois productifs qu’ils n’ont perdu d’emplois présentiels.
Surtout, on n’observe aucun effet métropole. Pour l’auteur, il faut « surmonter le déménagement du territoire ». Le taux de chômage en France est augmenté d’une composante frictionnelle liée aux disparités territoriales. Des habitants des territoires délaissés par la République souffrent d’un sous-équipement en réseaux numériques, regardent passer des TGV qui ne s’arrêtent pas, subissent des retards ferroviaires réguliers sur le réseau ancien, assistent à l’étiolement progressif des services publics et sont confrontés à la détresse des agriculteurs. « Il est temps de renoncer à l’idéologie délétère des métropoles qui n’ont, en réalité, aucun effet d’entraînement […] et favoriser le partage des bonnes pratiques pour un développement équilibré de tous les territoires ».
DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
L’ÉVOLUTION DU TAUX D’ACCROISSEMENT DU NOMBRE D’EMPLOIS selon les départements de France métropolitaine
EXERCICE PEDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
TRAVAILLER LE LANGAGE CARTOGRAPHIQUE (en AP dans la perspective du BAC)
Tout au long des 3 thèmes abordés dans le programme de géographie de Terminale, l’approfondissent du langage cartographique et la capacité à réaliser un croquis constituent un fil rouge et des compétences à acquérir pour l’épreuve du BAC. Savoir développer sa réflexion en utilisant un langage cartographique nécessite un apprentissage progressif pour maîtriser les différentes étapes du croquis. Une progression annuelle en 4 séances d’AP est proposée : 1. comprendre le langage cartographique par la réalisation d’un schéma de la classe et sa légende 2. réaliser une fiche de méthodologie du croquis 3. passer du langage graphique au langage écrit 4. cibler les principaux éléments de compétence cartographique par une grille de correction.
LE POINT SUR…par Gérard-François DUMONT
NATALITÉ EN FRANCE : UNE CONTRACTION STRUCTURELLE ?
En 3 ans, de 2015 à 2017, la baisse continue du nombre de naissances se traduit par une diminution de 53 000 (-7 %). La fécondité diminue également passant de 1,97 enfant par femme en 2014 à 1,85 en 2017 (-6%). Il s’agit de la plus faible fécondité depuis 1999.
Les causes économiques, mécaniques ou liées aux comportements de nuptialité ne semblent pas déterminants pour expliquer l’intensité de ces baisses. Pour l’auteur, il faudrait davantage chercher du côté de la « contraction historique de la politique familiale en France à l’échelle nationale, mais aussi à celle des territoires. » La diminution du complément de mode de garde, la majoration des allocations familiales reportée de 2 ans, le plafonnement fortement abaissé du quotient familial, la mise sous condition de ressources des allocations familiales, la réduction voire la suppression des projets de nouvelles crèches ou de relais d’assistantes maternelles en sont autant d’exemples. Face à la moindre compensation des charges familiales et à davantage de difficultés pour concilier vie professionnelle et vie familiale, la population française semble avoir arbitrée défavorablement à l’accueil des enfants.
Assiste-t-on à « la fin de l’exception française » ?, celle d’un pays qui conserverait une fécondité nettement moins abaissée dans une Europe en hiver démographique. La politique familiale de la France semble en train de se germaniser avec le nouvel abaissement des plafonds de ressources donnant droit au versement de l’allocation de base pour les parents de jeunes enfants, voté fin 2017. La fécondité pourrait alors suivre le même schéma qu’en Allemagne avec des niveaux autour d’un 1,5 enfant par femme avec pour conséquence un vieillissement de la population non seulement « par le haut » mais plus encore « par le bas ».
ANALYSE par Jean-Pierre DOUMENGUE
NOUVELLE-CALÉDONIE : QUELLE GÉOPOLITIQUE DES POPULATIONS ?
Pour comprendre les enjeux du référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, il faut examiner les fondements ethno-démographiques de l’archipel, ses caractéristiques géo-économiques et les grandes étapes de son évolution politique.
Lors de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie en 1853, l’acceptation de la souveraineté française a été négociée avec diverses chefferies kanakes. Des « réserves » ont été sanctuarisées au profit de la société pluriséculaire kanake. Aucun réaménagement foncier, ni aucune exploitation minière ne peuvent se faire sans l’aval des mandataires coutumiers. Les non-kanaks ne peuvent pas s’installer dans l’espace coutumier kanak et s’immiscer dans les affaires coutumières. En revanche, les Kanaks participent de plein droit aux affaires générales de la Nouvelle-Calédonie. Ils représentent près de 40 % de la population en 2014, contre près de 30% pour les Européens. Issue d’un peuplement européen, la communauté caldoche s’est, au fil du temps, largement métissée, et intègre des valeurs culturelles d’origines diverses, certaines océaniennes, certaines du vaste monde. Enfin, d’autres groupes ethnoculturels sont minoritaires comme les Wallisiens et Futuniens (8 % de la population en 2014).
D’un point de vue géographique, la colonisation s’est étendue essentiellement sur la côte ouest. Les tribus ont été refoulées dans la chaîne centrale. Au XXIème siècle, la mise en valeur agricole trouve place de façon équilibrée entre domaine coutumier et domaine de colonisation. Mais l’agriculture ne représente que 2 % du PIB en 2015. Étonnamment, l’exploitation des mines reste minoritaire dans la richesse locale. L’essentiel provient du tertiaire urbain. Par ailleurs, les transferts de fonds d’Etat en faveur de la collectivité néocalédonienne représentent 30 % du PIB, ce qui renforce sa dépendance à la métropole.
Le rapport entre loyalistes (2/3) et indépendantistes (1/3) est stable depuis plusieurs décennies. Leurs complicités sont nombreuses et variées autour de la volonté d’acquérir une « identité unifiée » à laquelle chaque communauté ethnoculturelle peut apporter sa marque. 2 pistes semblent alors se présenter en matière de souveraineté stato-nationale : celle d’une « indépendance kanake » faisant une place essentielle au pouvoir coutumier pour les questions de citoyenneté et de foncier ou celle de l' »indépendance calédonienne » fortement ancrée dans une alliance économique et politique avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande afin de limiter les effets économiques et sociaux induits par le retrait éventuel de la France.