Dans ce livre très technique, le colonel Boubacar Diallo nous montre la dépendance de cette région du monde par rapport à l’armée française. Il nous parle des 16 pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) dont 12 littoraux, 3 enclavés (Mali, Niger et Burkina Faso) et un insulaire : le Cap Vert. (Voir Carte ci-dessous)
C’est un ensemble de 320 millions d’habitants (30% de la population africaine) et de 6.140.000 km²; soit 20% de la superficie du continent.
Pour l’auteur; les 3 faiblesses de ces armées sont : la déficience stratégique, la dépendance extérieure et la faiblesse opérationnelle de ces armées.
Tout commence en 1990 avec la création de l’ECOMOG (Economics Community of West African States Cease Fire Monitoring Group) pour intervenir au Libéria jusque 1998. Puis, ce sera en Sierra Leone de 1997 à 2000, en Guinée Bissau de 1998 à 1999 et enfin en Côte d’Ivoire de 2003 à 2004.
Mais le Nigéria, pilier du dispositif avec 20.000 soldats connaît une déstabilisation majeure avec les offensives de BOKO HARAM. Seule l’armée tchadienne semble avoir l’envergure.
A partir du Printemps arabe en 2010/2011, la situation change. La menace d’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) pèse sur Niger et Mali. Les armes de Kadhafi sont disséminées chez les Touaregs. AQMI, Boko Haram et MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique Occidentale) sont alliés. En janvier 2013, François Hollande intervient au Mali pour repousser les djihadistes, présents à Mopti, sur la route de la capitale Bamako.
La principale raison du conflit est la tension entre nomades arabo-berbères, comme les TOUAREGS sur la carte, au NORD et sédentaires noirs subsahariens au SUD, comme à Bamako ou à Niamey.
En février 2014, c’est la création du G5 Sahel avec Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad.
En avril 2014, 237 jeunes lycéennes de Chibok sont enlevées par des combattants de Boko Haram.
En mai 2014, un sommet de l’Elysée réunit Nigéria, Cameroun, Tchad, Niger et Bénin contre BOKO HARAM.
C’est la France qui initie le concept de RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix) pour former, entraîner et équiper les armées d’Afrique de l’Ouest. La France est particulièrement présente dans 8 pays francophones : Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Burkina Faso, Bénin et Togo. Elle a un partenariat très fort avec Idriss Déby au Tchad !
Le Royaume Uni est très présent au Sierra Leone; et les États-Unis au Liberia et en Guinée.
5 menaces pèsent sur l’Afrique de l’Ouest : islamisme radical, intégrisme, salafisme, criminalité et terrorisme.
Un autre danger est la recrudescence des trafics : drogue, dont la cocaïne passant par la Guinée Conakry, armes, enfants, blanchiment d’argent et enfin piraterie maritime.
Par contre quand l’auteur déclare page 165 : « Charles Pasqua disait qu’il fallait terroriser les terroristes. Cette pensée résume l’esprit qui devrait animer les chefs militaires ouest africains ». On ne peut que sourire ou être inquiet car Pasqua était loin d’être un modèle à suivre…
L’auteur propose aussi de développer 3 types d’échange de renseignements : renseignement d’investigation, renseignement de documentation et renseignement d’anticipation.
En conclusion, le colonel Boubacar Diallo lance les 4 recommandations suivantes :
1/ créer une zone de manoeuvre au combat en milieu désertique. (cas du Sahara)
2/ créer une zone d’entraînement au combat en sous-bois. (jungle tropicale)
3/ créer une zone d’entraînement au combat en zone urbaine. C’est là que se trouvent la plupart des combats insurrectionnels !
4/ créer une zone d’entraînement au combat de montagne (exemple des montagnes des Iforas au nord du Mali où sont concentrés des terroristes).