Chargé de recherche au CNRS et membre du laboratoire LISST (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires) de l’université Toulouse 2, Olivier Pliez livre ici ses retours d’expériences sur l’urbanisation saharienne et ses composantes.
Si les Etats maghrébins indépendants ont voulu sédentariser les populations en fixant certaines normes de confort et endiguer l’exode rural, il convient de noter que c’est bien au delà de cette échelle nationale, récente que les circulations sahariennes se sont structurées, créant ainsi de véritables cités carrefour et des réseaux ancestraux qui se mêlent aux plus récents faisant ainsi s’imbriquer flux migratoires et flux marchands. Plutôt que de les étudier séparément et, constatant la « coïncidence » de la ville et de ces flux, Olivier Pliez montre que cette dissociation demeure « artificielle ».
Parmi ses différents axes d’étude, l’auteur constate notamment que les migrants allongent leurs séjours et que la ville devient dès lors une ressource pour eux. Mais entre ces villes de transit, croissent également des bourgades relais qui, finalement nous laissent à penser que les villes sahariennes sont tout sauf des espaces de confins conformément à la plupart des clichés.
L’analyse ne cache donc pas l’acheminement vers une urbanisation totale du Sahara, la Lybie l’étant par exemple à plus de 90 %, sa population ne le percevant pas nécessairement comme un mal (enquêtes de terrain dans le Fezzan).
Les spécificités de cette urbanisation et les mouvements circulatoires associés permettent ainsi à Olivier Pliez de parler de véritables « Saharatowns » plutôt que de plus classiques villes du Sahara.
Quelques cartes, des planches photographiques, une solide bibliographie et un ton de parole qui laisse place, ça et là, à d’intéressantes anecdotes recueillies de terrain mais une plume très exigeante.