Journaliste d’investigation qui, elle aussi, a eu sa prise de conscience (en analysant la composition de ses produits ménagers), Dorothée Moisan compile ici le portrait de neuf écoptimistes, cinq hommes et quatre femmes, âgés de 22 à 78 ans, de véritables Saints-Bernards proactifs et souriants, loin des « écoïstes » survivalistes.
Être écoptimiste, ce n’est pas être naïf sur la question du réchauffement climatique et de ses conséquences, c’est dépasser le stade de l’éco-anxiété pour se dire qu’on a un rôle à jouer, chacun à son échelle avec ses moyens et ses méthodes.
De belles formules émergent de ces militants de tous horizons : « Faire comprendre aux jeunes générations ce que la précédente n’a pas compris » (Franck Courchamp), la « sobriété désirable » ou la « satiété de consommation » (Guillaume Meurice), « l’écosystème d’objets » pour définir le contenu du sac à dos de Corentin de Chatelperron, le fait d’avoir eu « une connaissance intellectuelle de tout ça mais sans cette liaison émotionnelle que mes enfants allaient en baver si on ne faisait rien » (Guillermo Fernandez)…
Mais énoncer une phrase choc ne suffisant pas, c’est au travers de multiples actions que ces écoptimistes peuvent être source d’inspiration : pour Léonore Moncond’huy c’est le dispositif « vacances pour tous » et notamment des bourses pour les 16-25 ans qui proposeraient des projets à pied, à vélo ou en train dans la municipalité de Poitiers (avec, au passage, un coup de rabot aux subventions aux aéroclubs privés) ; pour Corentin de Chatelperron, c’est le remplacement de la fibre de verre par du jute pour les filets de pêche, pour Guillermo Fernandez, ce fut une grève de la faim ayant débouché sur une prise en compte de ces questions au sein du Parlement suisse.
Les stratégies mobilisées témoignent de plusieurs points communs : mobiliser l’émerveillement comme moteur (des glaciers pour Heïdi Sevestre, du déclencheur Usuhaïa pour Anne de Béthencourt, des espèces charismatiques pour Franck Courchamp) ; ne pas être trop extrême ou trop clivant au risque d’être contreproductif ou de s’autodéprimer (Léonore Moncond’huy a laissé les feux d’artifice, la chasse et le passage du Tour de France dans sa commune ; se documenter en surface comme le suggère Anne de Béthencourt ; viser les 30 % de la population, le seuil de l’hégémonie culturelle qui permettrait le basculement comme l’évoque Louise Arrivé) ; être médiatique en visant les bonnes sphères que sont la communauté scientifique, les jeunes et mêmes les « ennemis » que sont les divers producteurs, pollueurs… parfois au prix de certains renoncements comme l’illustre le parcours de Heïdi Sevestre qui a préféré quitter la sphère académique et sa course effrénée à la publication pour une vulgarisation plus engagée et plus directe.
Joliment écrit, voilà un petit essai qui fait du bien et qui pourra accompagner nos connaissances scientifiques et didactiques sur le sujet avec des idées d’engagements de toutes les sortes. Notre rôle de passeur est bien naturellement de faire la promotion de ce genre de récits.