Ce roman plonge le lecteur dans l’Afrique du XIXe siècle. Sur cette côte du golfe de Guinée on croise des villageois, des chefs de village, des guerriers et des acteurs de la traite négrière. À partir de l’histoire de Nyarra Belly, ses peurs enfantines, la violence dont elle est victime adolescente, sa soif de revanche et de pouvoir, c’est toute l’histoire de la participation active des Africains eux-mêmes à la traite qui expliquée dans sa cruauté, l’utilisation de la sorcellerie et de l’Islam pour vaincre la résistance des esclaves, les intermédiaires entre la côté et les royaumes guerriers de l’intérieur notamment du Fouta Djalon, l’or, les armes et le jeu des acteurs occidentaux anglais, français… L’histoire s’achève avec l’interdiction de la traite et les débuts de la conquête coloniale.
On découvre des lieux : Bangalan, Dominghia, le Rio Pongo aujourd’hui lieux de mémoire1, des femmes et des hommes dont les noms sont historiques comme les traiteurs occidentaux : Lightburn, Faber , Kissingou Ormond.
Une approche romanesque certes mais qui s’appuie sur des connaissances solides.
Sur les fondements historiques du roman on pourra se reporter à cet article : Guinée Mémoire : Magie et Traite des esclaves sur le littoral, article rédigé à partir des travaux sur la tradition orale de Mamadou Camara Lefloche2 et plus généralement sur la question de la participation des Africains à la traite àl’ouvrage de Tidiane Diakité, La traite des Noirs et ses acteurs africains du XVe au XIXe siècle, Paris, Editions Berg international, 2008
Sur ce me thème un autre roman récent : Timothée de Fontbelle, Alma – Le vent se lève, Gallimard Jeunesse, 2020
Yamoussa Sidibé est né écrivain guinéen, agrégé de Lettres Modernes. Il est Directeur de la télévision guinéenne. Il a déjà publié plusieurs romans.
_________________________________
2 Mamadou Camara Lefloche, Traditions orales, traitement occulte et domptage de l’esclave au Rio Pongo, in Traditions orales et archives de la traite négrière, sous la direction de Djibril Tamsir Niane, éd. UNESCO, 2001,