Comme à chaque nouvelle question de géographie au concours du CAPES d’Histoire-Géographie et de l’agrégation de géographie, les éditions Ellipses sortent un ouvrage. Pour les années 2019 et 2020, il s’agit de la question portant sur « Les espaces ruraux en France ».

Il s’agit d’un ouvrage collectif dirigé par Gabriel Wackermann : les auteurs qui ont contribué à sa rédaction sont les suivants : Sylvaine Boulanger, Claude Chaline, Yoann Doignon, Jean-Pierre Husson, Vincent Marchal, Sébastien Oliveau, Michel Réjalot, Cécile Rialland-Juin, Daniel Ricard, Nicolas Rouget et Jean-Marc Zaninetti.

Au programme, quatre parties et une conclusion générale. L’ouvrage est pratique et utile aux candidats car il traite de plusieurs thèmes qui sont la plupart agrémenté d’une dissertation. Les candidats peuvent donc s’entraîner avant les écrits.

Chapitre introductif :

La lettre de cadrage rappelle aux candidats les attentes du jury concernant cette nouvelle question et termine en rappelant quels sont les thèmes étudiés par les élèves qui traitent des espaces ruraux.

Vient ensuite un temps d’histoire pour évoquer la place des espaces ruraux au fil des siècles et à travers les travaux de recherche de scientifiques.

Nous pouvons en revanche vite nous apercevoir que l’ouvrage a été rédigé dans la précipitation, quelques phrases sont incomplètes. Par exemple page 6 partie A) Les riches moments depuis le XVIe siècle : « C’est, en effet, sous Henri IV, [espace] Olivier de Serres (1539-1619) père de l’agriculture et de l’agronomie française, l’agronomie étant la théorie de l’agriculture appliquée à l’agriculture. »

C’est d’ailleurs avec étonnement que l’on peut lire les titres d’ouvrages entre guillemets et les noms d’auteurs en italiques. C’est ce que ne doit pas faire un candidat pour respecter les normes bibliographiques. Attention donc.

Première partie : « La grande mutation de l’espace rural français » par G. Wackermann.

De nombreux extraits de revues, d’ouvrages mais aussi des graphiques ponctuent le discours proposé dans cette première partie. De quoi alterner entre plusieurs types de documents et montrer aux candidats différentes approches pour traiter la question ; des documents pas toujours récents mais qui restent essentiels en apport de connaissances.

Il est ici question de tourisme (rattaché à la mondialisation), de représentations, le rural dans la littérature… un aspect idyllique qui précède « la désolation rurale ». De multiples exemples permettent aux candidats de préciser leurs propos.

L’auteur renvoie aux évolutions des concepts de manière très fluide et intéressante. De quoi donner des « billes » aux candidats aussi bien aux écrits qu’aux oraux du concours, en particulier l’oral d’ASP.

Deuxième partie : « Nouveaux types d’espaces, enjeux et perspectives » par G. Wackermann.

Dans un premier temps il s’agit de s’intéresser à l’irruption écologique et environnementale dans la recherche mais également dans la société.

Il est question ici de la responsabilité des agriculteurs, de l’Etat et de l’Union Européenne dans la dégradation de l’environnement, en cause un marché pervers.

Le tourisme rural est également traité ici et permet de croiser la question au concours « Tourisme et loisirs ». Une diversification qui se met en place pour faire face aux difficultés de la production agricole et qui forme une « nouvelle symbiose » : lutter contre le désert numérique, revivifier les campagnes de leur vrai folklore, fêtes et jeux authentiquement historiques sans déclencher de nostalgies ou une « dineylandisation » des espaces ruraux.

A la fin de cette partie, l’auteur s’intéresse surtout à l’Outre-Mer et en particulier la Guadeloupe par rapport à son insularité et ses problèmes environnementaux.

Il est aussi question des différents parcs naturels en croissance.

Dans un second temps, il s’agit d’étudier « la force du mouvement syndical et associatif » mais aussi l’opinion publique et le pouvoir médiatique.

Au cours de la lecture, nous relisons avec surprise la sous-partie sur les « effets pervers » qui a été copié mot pour mot de la première partie…

Vient ensuite une étude sur Notre-Dame-des-Landes pour comprendre sa singularité. La chronologie et les enjeux sont bien expliqués et facilement compréhensibles pour le lecteur.

Autre sujet sensible d’actualité : Cigéo en Meuse ; site d’enfouissement de déchets radioactifs dans les environs de Bure, c’est-à-dire sur une terre rurale. Considéré comme la poubelle de la société urbaine.

Ensuite, l’auteur évoque rapidement la question de l’accessibilité du monde rural.

En troisième partie, la lecture porte sur les « rapports espace/temps ». Y sont développés l’industrie et son évolution en part d’emploi en France (comparée avec d’autres pays) pour faire voir la montée des services dans les pays industrialisés. Vient ensuite le principe de « la ville à la campagne » (notions de rurbanité, périurbanisation) et ses conséquences, notamment la pollution du sol. Enfin, une troisième sous-partie assez longue traite « des milieux ruraux en crise aux campagnes profondes » : les différentes crises que subissent ces espaces (démographique, sociale).

En quatrième partie, il s’agit d’étudier « les grandes facettes rurales présentes dans leur dynamique » où il est question du présent mais aussi du futur de ces espaces.

 

Troisième partie : «Thématiques territoriales»

Chapitre 1 : « La population des espaces à dominante rurale en France métropolitaine » écrit par Jean-Marc Zaninetti.

Alimenté en cartes, tableaux, diagrammes, ce chapitre porte sur la démographie et son évolution : constats, tranches d’âge des habitants, prospective.

Chapitre 2 : « Les dynamiques démographiques des espaces ruraux français : 50 ans de divergence » écrit par Sébastien Oliveau et Yoann Doignon.

Les auteurs reviennent sur la définition du rural, la population rurale, la démographie, perspective… De quoi faire un peu doublon avec le chapitre précédent, mais cela permet d’analyser les mêmes thèmes différemment.

Chapitre 3 : Une dissertation avec pour sujet « Evaluation des dispositifs juridiques de protection des espaces ruraux » traité par Claude Chaline.

Un premier exercice de dissertation nous est proposé ici. Libre aux candidats de s’entraîner sur le sujet avant d’en lire le chapitre qui vaudrait alors pour correction.

Chapitre 4 : « Les conflits d’usage dans les espaces ruraux en France » écrit par Céline Rialland-Juin.

Définition sur la notion de « conflit d’usage » longuement développée, ce qui permet d’en maîtriser les différents aspects. La mise en pratique de ce type de conflit est fait à travers plusieurs exemples : enjeux territoriaux, aménagements, ressources, environnement… Un riche programme qui fait appel à des acteurs à connaître et à maîtriser.

Chapitre 5 : Une dissertation avec pour sujet « L’activité agricole dans les campagnes françaises » traité par Vincent Marchal.

Un croquis est réalisé dans ce chapitre, contrairement aux précédents. Rappel utile pour les candidats qui doivent en réaliser dans leur copie.

Chapitre 6 : « Les paysages ruraux : des paysages fortement anthropisés et constamment redessinés » écrit par Sylvaine Boulanger.

Il est ici question de la multifonctionnalité des espaces ruraux : fonction résidentielle, industrielle, récréative. Le fonctionnement du périurbain mais aussi l’inégal peuplement des campagnes.

Chapitre 7 : « Les paysages agraires en France : entre unité et diversité, traditions et mutations » écrit par Sylvaine Boulanger.

Ici sont traitées les modifications des paysages propres à ces espaces. Il est donc question d’étudier principalement l’agriculture.

Chapitre 8 : Un commentaire de documents avec pour sujet « Paysages ruraux, espaces ruraux et patrimoine » traité par Sylvaine Boulanger.

Là encore, un autre exercice pour s’entraîner aux écrits du CAPES-CAFEP à ne pas négliger.

Il n’y a pas de réelle correction : l’introduction est rédigée tout comme la conclusion ; une analyse des documents est proposée mais elle n’est pas imbriquée au plan proposé qui fait suite à cette analyse.

Chapitre 9 : Une dissertation avec pour sujet « Paysages ruraux et environnement » traité par Sylvaine Boulanger.

Chapitre 10 : « Les espaces agricoles en France métropolitaine : mutations et nouvelles trajectoires pour des dynamiques différentes ? » écrit par Nicolas Rouget.

Nous étudions là la place qu’occupe la France à l’échelle européenne, quelle est sa stratégie de production.

Chapitre 11 : « Les espaces ruraux français dans la mondialisation » écrit par Vincent Marchal.

Un chapitre qui fait écho à la lettre de cadrage : ne pas oublier le volet « mondialisation » pour traiter la question de ces espaces ruraux.

Chapitre 12 : « La qualité et ses territoires en France » écrit par Daniel Ricard.

Un chapitre intéressant qui traite des consommateurs, des différents labels et garanties de productions de différents secteurs agricoles de qualités reconnues.

 

Quatrième partie : Etudes de cas.

Chapitre 1 : « Le village, objet géographique » écrit par Jean-Pierre Husson

Chapitre 2 : « Les champs-support foncier nourricier, matrice de l’écologie des paysages et palimpseste » écrit par Jean-Pierre Husson.

Chapitre 3 : « Les landes de Gascogne deux siècles de transformations agricoles » écrit par Michel Réjalot.

Chapitre 4 : « Ruralités ultramarines » écrit par Gabriel Wackermann.

Un petit mot pour signaler aux candidats qu’ils doivent maîtriser les espaces ruraux ultramarins pour cette question portant sur la France. C’est un chapitre qui n’est donc pas à négliger et est indispensable.

 

Conclusion générale réalisée par Gabriel Wackermann.

L’idée à retenir est qu’il ne faut pas mettre les espaces ruraux de côté, il faut au contraire les intégrer pleinement dans la société. Au-delà d’une question géographique, il s’agit d’une question sociétale et civique en matière de développement rural. Aussi, il s’agit de raisonner par rapport à ses comportements en défaveur de l’environnement, et penser au futur. Tout comme les urbains.