Les auteurs sont avant tout des iconographes qui travaillent notamment sur les fonds d’archives audiovisuelles. Ils ont déjà réalisé un guide de la photographie ancienne publié en 2003 chez Eyrolles.
La plupart des documents sont issus de la collection personnelle des auteurs est-il précisé. Les photographies les plus marquantes du livre proviennent de la bibliothèque du Congrès sans autre précision ce qui laisse le lecteur historien sur sa faim…..Dix thèmes structurent l’ensemble
1- Le règne mis en scène2- L’intimité, une valeur montante
3- Le travail des apparences
4- La ville qui change
5- Un monde de peurs
6- Face à la nature
7- La conquête du territoire
8- Un nouvel essor intellectuel et religieux
9- Peuples paysans, peuples ouvriers
10- Le grand dessein de la guerre
Un des apports de l’ouvrage est de donner de multiples informations sur les progrès de la photographie tant dans ses usages sociaux que dans ses aspects techniques. Ainsi, la vogue du portrait fait entrer la photographie dans un âge quasi industriel selon les auteurs.
L’augmentation du nombre d’ateliers de photographes est considérable en même temps que s’améliorent les procédés techniques. L’Empereur a le souci de la mise en scène de son règne, de sa famille et pour cela il privilégié la technique de la photographie signe et symbole de modernité. De multiples portraits de la famille impériale, des grands moments du règne sont diffusés massivement. Cette mode gagne le monde des élites : ainsi l’intimité de la vie familiale est ,elle aussi, mise en scène et dévoilée. L’album de famille devient un passage obligé : parents et enfants qui posent, enfants avec leur jouet etc…
Les coûts de la photographie qui vont en diminuant durant les 18 années de règne de Napoléon III permettent une diffusion de plus en plus large des portraits dans la société notamment du « portrait-carte » développé par le photographe très renommé Disdéri qui, en 1860, dans son atelier parisien et avec l’aide d’un nombreux personnel en réalise 2000 par jour! A cette même date Paris ne compte pas moins de 207 ateliers de photographes portraitistes.
Les images sont accompagnées de courts paragraphes sur les thèmes les plus divers comme l’alimentation, le vêtement, les bals, les nourrissons, les fléaux sociaux etc….
Les transformations de l’espace urbain ainsi que la « fête impériale » sont là également même si sur le premier thème on aurait aimé davantage de documents étant donné son importance…
L’envers de « la fête impériale » constitue le thème de deux chapîtres celui sur « un monde de peur » et celui consacré aux mondes ouvriers et paysans. Cette peur est sociale comme le rappelle la brève introduction du chapître qui s’ouvre sur une photo saisissante de deux misérables au sens hugolien du terme, deux Gavroche mais elle ne comporte aucune indication de lieu ( sommes nous dans un faubourg de Paris?), de date, ni de source…. Cette absence de précisions nuit à l’ensemble. Manquent également à cette évocation, des ivrognes, mendiants ou autres parias de la société du Second Empire quelques « Unes » de journaux populaires. Le thème de l’éducation révèle des images rares comme celles des cours secondaires pour jeunes filles crées par V. Duruy mais là encore sans précision de base.
Les transformations qui affectent le territoire français ne sont pas oubliées : chemin de fer, développement d’un tourisme balnéaire… On regrettera l’absence de toute image de gares qui ont pourtant fleuri à cette période.
Des thèmes plus politiques apparaissent comme l’ambition coloniale du régime ou les campagnes militaires qui ont rythmé ces 18 années ce qui replace la chute de Napoléon III dans un contexte plus large.
L’ouvrage développe une iconographie très riche et en partie inédite c’est ce qui fait son intérêt toutefois l’absence de légende sur de nombreuses photographies rendent difficile leur lecture, interprétation et analyse; les paragraphes accompagnant ces images étant le plus souvent une mise en contexte et non une lecture-analyse qui reste donc à mener.
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