Grâce à ce petit livre déniché au Rendez vous de l’Histoire de Blois (édition 2012), je viens de découvrir des choses incroyables : des bateaux sur les murs du château de Chambord !
L’auteur Françoise de Person est spécialiste de la navigation sur la Loire, des bateaux, de mariniers, des aménagements fluviaux. Avec des conférenciers mais également du directeur du Patrimoine du Château, elle est partie à la recherche de cette pratique prohibée et pourtant ancienne, les graffiti, pour en faire l’inventaire sur les murs de ce chef d’oeuvre de la Renaissance.
La visite devient alors ludique, repérer les marques anciennes sur les murs, témoignage longtemps ignoré des historiens de l’art, témoignage si éloigné du décor sculpté.L’ouvrage rappelle l’importance de Chambord, résidence de chasse associée à ce qui devait être la capitale du royaume, Romorantin, et le désir de François 1er d’utiliser le fleuve pour ses déplacements, pratique disparue de nos jours à l’époque du développement durable. Il rappelle également les projets royaux de détourner la Loire d’une lieue vers Chambord.Chambord est donc indissociable de la navigation fluviale même si les projets n’ont pas abouti. La Loire a cependant servi largement le château pour apporter les éléments de construction, le tuffeau, les ardoises, le bois, les hommes, le sable de construction, le blé et autre nourriture…
Ces bateaux gravés sur les murs sont des bateaux à voile et à rame (la piautre) tout à fait typiques de la Loire. Ils peuvent représenter le bateau de pêche, le bateau de transport, le train de bois flottant, et même un bateau cabine dont on se demande s’il servait pour se baigner ? Il y a aussi des navires de mer qui remontent jusqu’à Chambord, un dessin de canonnière de 1780. Le dessinateur peut simplement tracer le dessin de l’ancre et son jas en bois avec toutes ses variétés, ancre que l’on retrouve encore sur les quais de Loire. Il y a même le yacht de plaisance du maréchal de Saxe (cherchez sur un poêle…). Le plus étonnant, c’est l’Inexplosible de 47 mètres de long avec sa cheminée et sa roue à vapeur.
On ne saura rien du griffon, homme ou femme de métier proche du fleuve ou passager content de dessiner un bateau. Veut-il témoigner de sa fierté de servir sur un tel bateau? veut-il dessiner un ex-voto ? rêve t-il de posséder un tel bateau ? L’imagination du visiteur peut également voguer !
Voilà un petit livre très informé d’une petite maison d’édition régionale, sur un sujet pour le moins original avec de belles photographies bien éclairées qui rendent visibles les graffiti car ils ne sont pas si faciles à identifier.
Partez à la recherche des 27 graffiti de bateaux à Chambord, un bon moyen de faire visiter le château et d’y associer la connaissance du site et de la situation du lieu face à son fleuve…. Géographie locale assurée par un jeu de piste !