Jean-Yves DELITTE est peintre officiel de la Marine, membre titulaire de l’Académie des Arts et Sciences de la mer. Il publie ses premières bandes dessinées dans le journal Tintin à partir de 1984. Il crée ensuite le personnage de Donnington et entreprend plusieurs séries, seul ou avec des scénaristes : Les coulisses du pouvoir, Le Neptune, Les Nouveaux Tsars, Belem, Black Crow, Le Sang des lâches… En 2017, avec les éditions Glénat, il dirige une nouvelle collection sur le thème des « grandes batailles navales ».
Retour sur les grands combats navals
Sur la base de cette dernière expérience, il nous propose dans cet ouvrage et avec le même éditeur « une plongée au cœur des plus grandes batailles navales de l’histoire, de l’Antiquité à la guerre des Malouines« . Dans sa préface, François BELLEC, de l’Académie de Marine, en résume le dessein : » Grâce à la magie du dessin appuyé sur des documents rigoureux, ce livre à remonter le temps immerge le lecteur au cœur des batailles historiques, comme les ont fiévreusement vécues leurs acteurs disparus ». Parmi le demi-millier de batailles navales qui ont joué un rôle dans l’histoire du monde selon les historiens, Jean-Yves DELITTE en a choisi 20 : Salamine, Actium, Stamford Bridge, La bataille des cinq îles, Lépante, Gravelines, No Ryang, La Hougue, Texel, Chesapeake, Gondelour, Trafalgar, Hampton Roads, Tsushima, L’exploit de l’U9, Jutland, Le Bismarck, Midway, Leyte, Les Falkland.
Chaque bataille est d’abord mise en scène (voire incarnée) par une bande dessinée sur une double page. Le contexte est ensuite clairement présenté, en intégrant les avancées technologiques souvent décisives pour la victoire finale. Enfin, la bataille navale est précisément décrite. Différents documents l’illustrent : reconstitutions de bateaux, sculptures, peintures mais aussi photographies pour les batailles les plus récentes. Des encadrés nous fournissent des informations spécifiques, surtout pour les plus anciennes.
On apprend ainsi que les rameurs des vaisseaux grecs étaient des citoyens et des métèques qui accomplissaient leur devoir civique (bataille de Salamine), que l’art de la guerre sur l’eau s’est un peu perdu au Moyen Age (bataille de Stamford Bridge), les combats se résumant à prendre d’assaut le navire de son ennemi, ou que certains marins étaient considérés comme des héros, comme Francis DRAKE au XVIe siècle. Le glossaire en fin d’ouvrage permet de comprendre les termes liés au monde de la Marine.
Le choix des batailles est pertinent. Elles embrassent toutes les périodes historiques, jusqu’aux combats du XXème siècle (Jutland pendant la 1ère Guerre Mondiale ou Midway pendant la 2nde Guerre Mondiale). Elles concernent un grand nombre de mers et d’océans : la Méditerranée (Actium), la Manche (La Bataille des 5 îles), la Mer Ionienne (Lépante), la Mer du Nord (Texel), l’Océan Atlantique (Trafalgar), la Mer de Chine (Tsushima), l’Océan Pacifique (Midway). On y voit les puissances de chaque époque utiliser la mer pour tenter de renforcer leur pouvoir.
Les planches de dessins apportent indéniablement un plus en illustrant des textes courts mais efficaces. On repère assez bien les évolutions progressives entre le bateau de navigation et de commerce adapté en arme à part entière dans l’Antiquité et au Moyen Age aux véritables bateaux de guerre à voile puis en acier (cuirassé par exemple). Les stratégies militaires ont également changé avec l’utilisation des sous-marins et le développement de véritables batailles aéroportuaires au XXe siècle (avec les porte-avions). Beau et facile à lire, cet ouvrage est donc une réussite.