La réédition de cet ouvrage paru il y a près de 20 ans ne participe pas comme trop souvent de la réutilisation d’un vieux fond par quelque éditeur en mal d’auteurs originaux.
Bien au contraire cette nouvelle édition de Thatcher, la dame de fer, assortie d’une excellente préface à la nouvelle édition, est largement revue et corrigée, permet au lecteur, alors que l’on va « fêter », le 30e anniversaire de la guerre des Malouines, de se replonger dans ce phénomène politique que l’on a appelé le neo-conservatisme que la dame de fer aurait incarné pendant son séjour aux affaires du 4 mai 1979 au 28 novembre 1990 c’est-à-dire pendant 11 ans et demi. La préface la nouvelle édition apparaît comme tout à fait copieuse. Plus de 25 pages qui permettent de faire un point sur ce que l’auteur qualifie de « pérennité du thatchérisme » avec le recul, il semblerait qu’il n’y avait pas d’alternative à la politique mise en œuvre à cette époque, et que le Royaume-Uni est sorti de sa position déclinante pour peser de plus en plus sur les affaires européennes. On pourra très largement discuter ces affirmations, et notamment les conséquences dont nous ne finissons pas de souffrir à propos de la crise financière depuis 2008, de la dérégulation entreprise pendant les années Reagan et Thatcher.
L’ouvrage est également intéressant parce qu’il présente la trajectoire d’une femme que l’on peut qualifier de méritocrate, qui a pu bénéficier à partir du début de sa scolarité à l’école publique locale de bourses, qui lui ont permis de faire des études de chimie qu’elle termine après la seconde guerre mondiale. Elle se ramenait à réorienter sa carrière après son mariage avec Denis Thatcher en 1951 et à choisir la profession d’avocat. Sa première victoire électorale après deux tentatives en 1950 et 1951, date de 1959. Elle sera présente ensuite, de façon ininterrompue, à la chambre des communes, jusqu’au 28 novembre 1991, date à laquelle elle abandonne officiellement ses fonctions. Depuis cette date, Margareth Thatcher qui a vu le jour en 1925 a toujours pu exercer une sorte de magistère moral sur la vie politique britannique, y compris lorsque les travaillistes ont été au pouvoir avec Tony Blair. Elle doit cela sans doute sa longévité à la fonction de premier ministre, mais aussi à toute son histoire personnelle, marquée par la rigueur et l’effort, par un travail intense sur tous les dossiers, y compris lorsqu’elle était dans l’opposition et qu’elle siégeait au cabinet fantôme des conservateurs. Parmi les grandes affaires des trois mandats successifs liés aux trois élections qu’elle a remportées, il faut évoquer bien entendu la grève des mineurs qui lui permet de remettre en cause le fonctionnement des syndicats britanniques, mais aussi dans le domaine de la politique étrangère, l’intervention militaire dans les Malouines, ce qui n’était pas évident, pour un territoire situé à plus de 10 000 km des côtes de l’Angleterre. Margareth Thatcher a sans aucun doute joué un rôle majeur dans l’histoire de la Grande-Bretagne, attachée à la loi et l’ordre, elle n’a pourtant pas adopté de mesures liberticides que la société britannique aurait rejeté. Par contre, très clairement libérale, elle a ramené l’État « providence », hérité de la reconstruction de la Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale, à ses fonctions régaliennes. Ce système Thatchérien dur aux plus faibles a sans aucun doute profité en terme de hausse des revenus à la frange la plus favorisée de la population britannique mais a aussi accru sa vulnérabilité aux crises en faison de al financiarisation de son économie. Ce modèle, prôné un temps par l’actuel locataire de l’Élysée a d’ailleurs montré ses limites et la privatisation de masse des entreprises publiques comme British railway a eu des conséquences dommageables du point de vue de la sécurité.
Trente ans après la guerre des Malouines, et sans doute parce que des perspectives pétrolières intéressantes ont été révélées dans l’Atlantique Sud, l’Argentine qui a payé de la vie de 624 de ses soldats sa volonté de reconquérir ce qu’elle considère comme ses possessions, revendique toujours un arbitrage international sur la possession de cet archipel. De quoi sans doute amuser Lady Margareth, qui siège toujours à la chambre des Lords mais qui était trop fatiguée, malgré son invitation par la Reine, pour participer au mariage de Kate et William…