Cet ouvrage est une compilation d’articles mettant en symbiose deux historiographies : l’histoire religieuse et l’histoire culturelle. Les regards croisés sont intéressants et permettent des éclairages historiques précis.

En voici, une synthèse.

INTRODUCTION

  • L’historiographie de cet ouvrage croise le fait religieux comme un fait social, grâce aux historiens René Tavenaux, Louis Châtellier, Philippe Martin. Et, la culture matérielle comme un pan de l’histoire du vêtement, dont les historiens principaux sont Daniel Roche, Nicolle Pellegrin, Maria-Guiseppa Muzzarelli
  • Le but du colloque et de l’ouvrage est le rapport entre le vêtement choisi, adopté par l’individu ou le costume imposé par les normes sociales, et la croyance, la pratique et l’identité religieuse.
  • Les trois axes du colloque
    • 1. Fonctions vestimentaires, pratiques et discours religieux
    • 2.Vêtement religieux et vêtement sacré
    • 3.Ordre divin, ordre social et ordre vestimentaire.

 

 VÊTEMENTS, FONCTIONS ET LITURGIE

 Le vêtement pastoral chez les réformés français au XVIIe siècle : identité sociale et controverse – Julien Léonard

 » Discipliner les corps et contrôler les pratiques sociales est une des missions assurées des consistoires dans le monde réformé. » L’historien fait mention des deux objectifs de l’habit : se conformer à l’esprit et à la discipline, se donner à voir et montrer dans l’espace public l’identité sociale. Par ailleurs, le problème de sources est à souligner car il n’y a pas de définition du vêtement pastoral dans les textes réformés.

a) L’adoption progressive de la robe pastorale et ses enjeux socio-politiques

La robe pastorale est la robe du gradué, même si l’application de la réglementation est difficile à évaluer. De 1562 à 1598, les pasteurs sont contraints de porter un costume civil ou militaire. Lors du début du régime de l’édit de Nantes, il y a une stabilisation et un début d’uniformisation du costume pastoral.

b) Contre la visibilité d’un clergé réformé

Le point central est l’arrêt en commandement de Fontainebleau daté du 30 juin 1664. Le vêtement réformé est cantonné à la sphère privée.  » Que lesdits ministres ne pourront porter robes et soutanes, ni paraitre en habits long ailleurs que dans les Temples ». Après la Révocation, la question ne se pose plus.

 

Du costume rabbinique en France : de l’adoption à l’abandon ( XVIIIe- XXe siècles)- Evelyne Oliel-Grausz

L’enjeu des de resituer dans une perspective historique longue la question du costume rabbinique et présenter quelques éléments de chronologie et d’analyse sur l’abandon progressif et inachevé de ce costume à partir des années 60-70.

a) Costume et rabbin au temps du grand Sanhédrin

L’adoption du costume est concomittant du début de l’institution consistoriale et de l’organisation du culte israélite à l’époque napoléonienne. Le régime consistorial met en place un modèle du rabbinique qui diffère selon les grades et les fonctions culturelles.

b) Costume rabbinique et réforme du judaïsme

La réforme conduit à la modernisation, l’adaptation, l’acculturation du costume, dont l’épicentre est l’Allemagne durant les années 1844,45 et 46.

c) Le rabbin : La place du costume dans une transformation esthétique et fonctionnelle

La modification est liée à l’attraction chrétienne. Les vêtements sont inspirés des modèles protestant locaux : col, bavette, coiffe, robe noire. L’historiographie est silencieuse, c’est le reflet de l’absence de débat sur cette question au XIXe siècle.

d) Vers l’abandon du costume rabbinique ?

Après une enquête menée en 1923 à Mulhouse, voici les résultats : il y a un embarras et une recherche de légitimité par rapport au port du costume. Et, le costume rabbinique désigne une fonction cléricale, un lien patriotique et historique intangible avec la nation.

e) Entretiens avec trois grands rabbins de France (2017)

Les trois grands rabbins interrogés sont René Samuel Sirat, Goldman et Gutnan. Pour les trois rabbins, la tenue rabbinique se transforme pour tomber en désuétude.

 

Un élément fondamental du noviciat : l’habit religieux (XVI-XVIII e siècles) – Jean-Marc Lejeune

La question de l’habit du novice est un problème de fourniture avant de commencer le noviciat : Qui doit s’en préoccuper ? Est-ce à l’institution de prendre entièrement à sa charge cette dépense ou est-ce aux familles de fournir cet habit ?

a) Le novice : un personnage à part au sein de la communauté religieuse

La postulation est le temps qui s’écoule entre l’entrée en noviciat et la prise de l’habit. L’acceptation du postulant va de paire avec la prise de l’habit, soit complet, soit modifié.

b) La fourniture de l’habit

Les deux pourvoyeurs sont la communauté qui achète la matière première ou effectue la confection, et la famille qui achète mais qui ne garde pas l’habit en sa possession, si le novice arrête.

c) Le vêtement, un élément de la formation du novice

La transformation du novice passe par différentes étapes: les habits du siècle sont retirés via un rite de séparation  comprenant la coupe de cheveux et l’abandon de l’habit séculier. Puis, vient la Renaissance avec les habits du sacerdoce, le rite de la lumière ( à l’image du baptême), la prise de la ceinture ( symbole de chasteté et de modestie), la prise du couvre-chef ( permet la lutte contre le diable).

En conclusion, l’habit du novice reflète parfaitement son statut au sein de la communauté religieuse.

 

 Une tradition renouvelée : l’atelier liturgique de l’abbaye de Saint Wandrille – Pascal Pradié

a) Contexte et circonstances de la création

Mouvement unité par Dom Prosper Guérander dans les années 30 du XIXe siècle, mais la véritable naissance se fait au congrès de Malines (1909). La question de la place de la participation des fidèles dans le culte chrétien.

b) Une doctrine du vêtement liturgique au service d’une création revisitée.

Dom Courbet réalise une réflexion approfondie du vêtement liturgique. Il établit que la coupe doit être irréprochable, le modèle doit être dessiné et peint à la gouache, la réalisation doit se faire grandeur nature avec un patron en papier kraft, et que le vêtement doit être essayé dans le cloitre.

c) Une source d’inspiration inédite pour des matériaux contemporains.

La source est celle du prêt-à-porter féminin qui rayonne, mais également les treize volumes du catalogue de l’Exposition Universelle de Paris en 1925, ainsi que les Ballets russes.

d) Une création majoritairement acceptée

Le mouvement de création du vêtement monastique perdure encore aujourd’hui, grâce à l’exigence qui en ressort, et la beauté du vêtement crée.

 

 LA SACRALISATION PAR LE VÊTEMENT ET L’ORNEMENT

 Les vêtements du sacré : Habiller les reliques ( XIII-XVIIIe siècles) – Nicolas Guyard

Le reliquaire peut-être considéré comme un habit, il participe à la différenciation et à l’uniformisation vestimentaire. Ici, le contexte historique est celui du catholicisme post-tridentin.

a) Les normes introuvables

Il n’y a pas de véritables réglementation même s’il y a quelques mentions du Concile de Trente, dont la session des 3 et 4 décembre 1563, ainsi que le concile provincial de Milan en 1576. Le début du XVIIe siècle est marqué par les visites pastorales. En France, c’est un moment de normalisation empirique du corpus de reliquaires.

b) Les habits des saints

Leurs habits renvoient à la sainteté promue par l’Eglise depuis le Moyen-Âge. La toile de bure est monnaie courante, mais il n’y a pas de vêtement spécifiquement identifiable. Les figures sont stéréotypées, dont celle de la Vierge Marie. Par ailleurs, le vêtement présent sur le reliquaire fait le saint.

c) Habiller pour s’approprier : l’exemple des corps saints des catacombes de Rome

On y retrouve principalement des habits de légionnaires, qui symbolisent un catholicisme militant. Quelques autres types de vêtements sont trouvés mais sans connotation particulière.

 

En conclusion, le rôle du reliquaire est un abri pour une bonne conservation matérielle et éviter d’éventuelles profanations.

 

 Visibilité-invisibilité du pape et de l’église à travers la tiare à la fin du Moyen-Âge – Claudia d’Alberto

a) Discours et représentations bonifaciennes

Boniface VIII (fin XIIIe- début XIVe siècle) est à l’origine d’un nouveau discours théologique. La fusion entre le Christ et l’Eglise s’effectue dans le corps vivant du pape. D’où la modification de la tiare qui illustre l’incarnation du Christ et de l’Eglise.

b) Continuité et rupture avignonnaises

En 1316 un nouveau rite d’intronisation est attesté par Jean XXII ( 1316-1334). Sa tiare dispose dès lors de 3 couronnes, et l’essentiel se rapporte au discours idéologique de Boniface VIII.

c) Au temps du Schisme : une quête croisée de légitimité

Le dualisme de l’institution apicale ( Pape/Eglise) est ébranlée par l’entrée en scène du pouvoir du Concile.

 

Porter l’habit « en la forme religieuse » : le sac dans les confréries de pénitents du Sud de la France ( XVIe-XVIIe siècle) – Estelle Martinazzo

Dès leur origine, les pénitents portent le sac, un habit de toile grossier, trop large ou mal taillé. Cet habit est-il le signe ostentatoire d’une identité religieuse ? Quelle en est la symbolique ?

a) Un habit en la forme religieuse

Ce sac ou cette robe est l’élément principal de l’habit du pénitent. Il en existe différents types en Allemagne, en France, en Suisse. Il est un symbole de simplicité et de rigueur. On y ajoute parfois un capuchon ou une cagoule. Les couleurs sont multiples en Espagne : rouge, bleu, violet, marron, rose; et poupre en Italie.

b) Un symbole d’union et d’égalité

Le vêtement du pénitent est un signe extérieur d’un nouvel état d’esprit, mais nous avons peu d’informations sur ce que porte les femmes pénitentes.

c) Dans et hors de La Chapelle : la force de l’habit

Le sac est revêtu lors des cérémonies à l’intérieur et il est interdit de le prêter à une personne de l’extérieur.

L’image du pénitent est en lien avec la réalité de l’époque. L’habit est le symbole du secret, non des sociétés secrètes mais d’une confrérie.

 

Des revenants habillés en Turcs : Une identité pour les esclaves chrétiens rachetés (XVIe-XVIIIe siècles) – Giovanni Ricci

a) Un étrange défilé

Août 1720 à Ferrare, un ancien esclave Paolo Nigrisoli attend d’être déshabillé et nouvellement habillé. Ce n’est pas un fait à part, en 1635, 42 esclaves sont dans la même posture à Marseille.

b) Rachetés ou renégats ?

L’idée essentielle est la suivante :  » Ces habits turcs fonctionnaient précisément comme un uniforme, l’uniforme des esclaves rachetés. » Il ne s’agit donc pas de renégats, ou de mercenaires.

c) A la recherche des habits turcs

La question porte sur les vrais et faux habits. Ceux qui sont façonnés pour les représentations visibles dans l’Histoire de l’esclave Guiselli ( 1683) et celle du comte Marsilli (1684).

d) Habiller, déshabiller

Les rachetés sont réconciliés, ils participent à des ablutions, sont rasés… Et surtout rhabiller. Encre une fois, il s’agit d’un symbole de renouveau dont la vêture est centrale.

Le rite de la restauration d’identité rappelle le rite de passage à l’Islam, et le rite opposé du baptême musulmans passés au christianisme.

Chapes, soutanes, frocs et guimpes en Révolution : quelques traces d’abandons, destructions, réemplois et mutations en France (1790-1820) – Nicole Pellegrin

Les sources sont peu nombreuses car détruites.

a) Destructions et mascarades de l’automne-hiver 1793-1794 : une « imaginaire » abondante

Deux considérations essentielles :  Les personnages féminins sont à la fois minoritaires et stéréotypés, et tout est sujet à railleries d’où les mascarades anticléricales.

b) Déshabillages, déguisements et libérations (1789-1792)

Il existe un ensemble de planches et de sources sur les déshabillages révolutionnaires. Ils sont contraints sur la place publique, et sont une surenchère visuelle.  » L’oeil déshabille, le mieux déguise. »

 

La mutilation, la régénération, la sublimation les déboires de garde-robe de religion paraissent minuscules et anecdotiques durant la Révolution. Leur étude peut s’offrir comme un moyen d’approfondir et de promouvoir une approche inédite de la Révolution en France.

 

Les planches de costumes religieux dans l’oeuvre d’Hippolyte Hélyot : Héritages et nouveautés ( XVIIe- XVIIIe siècles) – Fabienne Henryot

La question porte sur l’articulation entre le récit historique et l’appréciation visuelle du costume religieux.

a) De Damman à Hélyot : généalogie de la représentation des costumes réguliers

Le précurseur est Hélyot. Le religieux est représenté en pied, sans décor en arrière-plan, sa posture est figée de 3/4, sa main droite au niveau de la ceinture ou du torse, la main gauche porte un objet ou non, le visage est inexpressif.

b) L’Histoire des ordres monastiques religieux et militaires : un double projet

Il s’agit de rectifier les erreurs jugées grossières dans les différentes histoires du monachisme qui circulent dans l’espace public; et de circonscrire précisément le monachisme, inutilement élargit à une foule d’ordres qui n’en relevaient pas.

c) Une iconologie du vêtement religieux

L’habillement s’intègre au goût de classification né de la Renaissance. Le vêtement permet un positionnement social d’un point de vue anthropologique. Le costume est conçu pour supporter de véritables stéréotypes visuels. Le vêtement est perçu comme un élément civilisationnel. Il est donc susceptible de varier et soumis à appréciation diverses.

En conclusion, Hippolyte Hélyot est un novateur en terme de figuration de l’habit régulier. L’enjeu est double : la simplification et la précision du vêtement régulier.

 

Tissus et vêtements liturgiques : fournisseurs et ateliers en Lorraine ( XIXe-XXe siècle)  – Mireille-Bénédicte Bouvet

Quels étaient tout d’abord les besoins d’une paroisse et comment y répondait-on ? Qui fabriquait, qui vendait, selon quel réseau ?

a) Un contexte de renouveau de la paramentique

Il s’agit de l’ensemble des vêtements, coiffes, tentures, parements et ornements utilisé dans les liturgies religieuses. On y inclut parfois l’orfèvrerie sacrée. ( définition issue du Larousse) Le renouveau prend sa source au XIXe siècle en Europe. Dans un contexte religieux tourné vers la désacralisation et la déchristianisation de certains espaces.

b) Le pragmatisme des paroisses

L’achat se fait en quantité et les réparations se font jusqu’à épuisement. Une partie du tissu liturgique est réemployé selon d’autres possibilités. Pour cela, les paroisses ont recours à des entreprises spécialisées comme la maison Biais qui permet l’achat et la restauration, les officines nancéiennes ( fabrique d’ornement, magasin de confection, atelier) ou encore les ateliers conventuels tels que la maison de Lixheim, qui est une véritable manufacture spécialisée dans le textile.

 

En conclusion, il y a une extrême intrication entre fabrications industriels, ateliers conventuels, couturières et brodeuses à domicile. Mais aussi une proximité entre la lingerie d’autels et la lingerie domestique.

 

IDENTITÉS RELIGIEUSES, GENRE ET SOCIÉTÉ

 Réflexion méthodologique : la mise en place du voile dans les sépultures des femmes au Moyen-Âge – Wendy Bougraud

Le voile est une pièce vestimentaire inhérente à la collection féminine. La question porte sur la place du voile dans le contexte funéraire.

a) Aperçu historiographique

Les différentes lois sur la laïcité, le port du signe religieux, notamment le voile musulman a conduit à une étude plus globale du phénomène depuis une quinzaine d’années. Pour ce qui est des fouilles, les résultats sont flous du fait de la détérioration du tissu.

b) La restitution du voile dans les sépultures : étude du mobilier en contexte

Le voile est constitué de matériaux périssables difficilement perceptible dans le contexte archéologique.

c) Parer la défunte d’un voile : un geste signifiant

Le voile fait partie intégrante de l’habillement de la défunte, il est visible lors de l’exposition du corps avant son inhumation. Il a pour but d’ancrer définitivement la défunte à son statut social et à sa communauté.

 

Les femmes et le voile, XIIIe-XVe siècles : une série de paradoxes – Maria-Guiseppina Muzzarelli

Le premier paradoxe est que le voile doit couvrir mais il ne couvre pas, le second, est que le voile est léger mais pas opaque. Chez les musulmans, il fait office d’icône et d’image qui s’impose et suscite des réserves. Pour Tertullien, les femmes sont la « seconde humanité » et sont donc tenue de porter le voile. Elles doivent se cacher car elles sont objet de séduction et de désir. Le catalogue de chapeaux est très étendu au Moyen-Âge et célèbre un véritable entrepreneuriat féminin. A la fin de la période, la mode a montré aux femmes la voix vers une forme de résilience.

 

Honorer le Verbe incarné en bleu et blanc : L’habit des Annonciales célestes, support décisionnel et manifeste identitaire ( XVIIe) – Marie-Elisabeth Henneau

Victoria Fornari ( 1562-1617) est la fondatrice des Annonciales. Cette communauté est crée à Gênes en 1604. La couleur adoptée est le bleu.

a) L’habit qui fait la sanctimoniales

L’habit régulier est taillé à la mesure de la religieuse. Il doit lui sied parfaitement, de façon à correspondre à la dévotion entreprise.

b) Les vêtements qui font l’Annonciade

Il comporte deux voiles, un blanc et un bleu. Ces voiles doivent être baissés lors des visites, car les religieuses doivent perte invisibles aux yeux du monde. Il existe un habit d’hiver et un habit d’été.

c)Les couleurs qui font l’Annonciade

Le bleu se rapporte au Ciel et le blanc à la Vierge Marie.

Les Annonciades ne sont pas les seules à se distinguer par l’adoption de costumes aux couleurs chatoyantes.

 

Une dévote élégante ? La parure de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti ( 1731-1803) entre normes aristocratiques et sensibilité religieuse – Aurélie-Chatenet Calyste

En quoi la parure signe-t-elle les apparences multiples de la princesse ?

a) une vie progressivement tournée vers la religion

Née en 1731, Marie-Fortunée d’Este est la fille de François III.  Même si elle se marie, la séparation se fait rapidement et la princesse se tourne vers une vie de religion autour d’un petit groupe de femmes, et se retire progressivement de la vie sociale.

b) Une parure de renoncement ? Les leçons de garde-robe princière

L’habit de cour est extrêmement fortuné, mais la parure de la princesse évolue avec son vieillissement et l’attention portée à sa santé et sa religiosité.

c) Entre entité sociale et normes médicales et religieuses : les enjeux du paraître princier

Le vieillissement de la princesse modifie sa toilette; le corset est remplacé par la myrtille, les accessoires sont abandonnés ( mouches et la poudre rouge). Un point important du retrait de la cour, est le moyen d’éviter les ragots et commérages.

 

La princesse tente de trouver une voie médiane entre son statut de princesse et sa dévotion. Le tout forge son identité de princesse catholique.

 

IDENTITÉS RELIGIEUSES ET SOCIALES

 

S’habiller comme des pauvres, s’affirmer comme des religieuses : l’habit des soeurs de charité au XIXe siècle – Anne Jusseaume

Il s’agit d’analyser l’habit religieux de ces congrégations vouées au service des pauvres. Cela construit leur identité. L’étude porte sur les rapports à la pauvreté, l’ambivalence de leur rapport au monde en tant que femme, religieuse et soignante.

a) Quitter les habits du monde : Du trousseau laïc à l’habit des soeurs : l’entrée en religion comme rupture vestimentaire

L’inventaire des Filles de la Charité présente une liste de vêtements dont sont dépouillées les jeunes filles à leur arrivée, ainsi que leurs biens. A la suite de ce dépouillement, elles revêtissent un habit unique.

b) Dépouillées certes, mais pauvres ?

Le vêtement religieux est loin d’être toujours une vêtement de pauvreté et de simplicité. Durant une partie du XIXe siècle les congrégations fondées ont la volonté de s’assimiler aux classes inférieures, à l’image des Petites Soeurs des Pauvres ou des Petites Soeurs de l’Assomption.

c) Habiter l’habit, manifester une identité religieuse

Le costume religieux a une fonction sociale, religieuse et politique. Il s’apparente à une « clôture portative » et évolue avec l’institution.

En conclusion, le port du vêtement peut incarner cette tension féconde entre être au monde et être visuellement séparé. Le vêtement est un langage, il fabrique l’identité du genre de la soeur.

 

 « Como vuol la decenza » Sur les vêtements des collégiens et étudiants dans l’Italie de l’Ancien Régime – Simona Negruzzo

Les habits ne sont pas seulement une enveloppe car pour les jeunes, il exprime un idéal et des valeurs.

a) Former la jeunesse : Les collèges d’éducation

L’internant exige l’uniformité pour éviter les rivalités internes. Les uniformes sont souvent noirs avec un signe distinctif.

b) Eduquer la noblesse : les seminaria nobilium

Les valeurs aristocratiques et les outils culturels utiles sont transmis dans ces établissements. Seulement, la garde-robe est coûteuse dans la simplicité : on y trouve boutons d’or, broderies, literie, argenterie, lingerie personnalisée,…

c) Préparer les élites : les collèges universitaires

Les sources y faisant référence sont souvent des catalogues, notamment l’Alba amicorum de 1616. La majorité des étudiants portent des longues robes, qui s’alourdissent en hiver. Puis, au fur et à mesure, la liberté de l’habillement devient la norme.

On notera surtout l’insistance de la sobriété et de la modestie dans la garde-robe.

Du culte de la basket à l’habit religieux à l’époque contemporaine – Hakima Methari

Dans cette intervention, il est question des tenues religieuses portées par les adolescents. Il y a une véritable évolution du style vestimentaire des jeunes de banlieue, entre les années 80-90 à aujourd’hui.

a) L’image des jeunes des banlieues dans le paysage audiovisuel

En s’appuyant sur une étude de films, dont Chaos ( 2001), Bande de filles (2014) ou Divines ( 2016), on perçoit que les jeunes femmes sont soumises et destinées à subir leur vie. Quant aux jeunes hommes, ce sont tous des voyous? Ce ne sont que des caricatures. Et apparaît, l’habit religieux énigmatique car il formalise une barrière déjà existante.

b) L’habit religieux : levier d’émancipation et d’élévation intellectuelle

La prise de l’habit est une volonté de se revendiquer comme le descendant direct d’une civilisation passée.

c) Un code vestimentaire fluctuant, un style mi-street, mi-religieux

Les jeunes mixent les habits religieux avec des baskets, ce qui leur donne un style bien particulier. Il faut peut être lire le message des jeunes gens qui sembles nous demander de les regarder dans leur complexité et qui ne tiennent pas à être définis uniquement par leur religion mais aussi comme des jeunes français.

d) voile ou baskets? Les deux? Ni l’un, ni l’autre ?

Le style vestimentaire des jeunes s’apparente clairement à un mouvement de contre culture. Dans la diversité des inspirations et dans le port même du vêtement.

 

CONCLUSIONS par  Jean-Pierre Lethuillier

L’histoire du costume est un une histoire en plein changement, grâce aux travaux d’historiens tels que Roland Barthes, Daniel Roche ou encore Nicole Pellegrin.

Du XIII au XIXe siècle la transformation s’effectue sur les normes, les valeurs qui fondent l’usage du vêtement en société.

Les trois fonctions du vêtement sont toujours les mêmes, mais elles évoluent avec le changement d’environnement social :

  • protéger des intempéries
  • garantir la pudeur
  • orner le corps

La diversité des sources est un atout pour la recherche et mettent en scène l’objet vestimentaire.

 

Ce recueil imposant, permet une lecture sourcée et approfondie des états de la recherche concernant ces vêtements de la foi, qui ne cessent d’être des enjeux sociaux, culturels et éminemment politique.