Kiku est une jeune fille de seize ans qui accompagne, à grands regrets, sa mère dans Japantown à San Francisco. Les deux femmes sont à la recherche de la maison familiale occupée par la jeune Ernestina Teranishi (grand-mère de Kiku et violoniste virtuose) et sa famille avant leur expulsion en 1942 et leur internement dans un camp de détention étasunien. La maison a été détruite et remplacée par un centre commercial, première occasion pour Kiku, au cours d’une pause, de faire un saut dans le temps et d’observer sa grand-mère lors d’un concert. Elle se heurte également frontalement une première fois à la violence raciste.
De retour à Seattle, sa ville natale, Kiku se retrouve, à la suite d’une nouvelle transportation « onirique », dans le même camp de transit que sa grand-mère à Tanforan.
Les « Nikkei »Terme désignant les émigrants japonais dans le monde s’y retrouvent parqués dans des baraquements à la propreté douteuse, avec une alimentation de piètre qualité et une surveillance constante. Arrive ensuite le transfert vers le camp de Topaz, dans l’Utah…
L’éditeur (p.286) précise que « 120000 Nippo-Américains seront expulsés de force de leur foyer et placés dans des camps d’internement, soupçonnés de mettre en péril la nation. Un quotidien derrière les barbelés qui tire un trait sur les principes fondamentaux d’un pays libre. Pendant quatre ans, les lois contre les japonais vivant aux États-Unis vont s’intensifier pour les pousser à rentrer au Japon, où la plupart n’ont jamais mis les pieds ».
Kiku Hughes, avec Les indésirables, lève le voile sur un pan de l’histoire étasunienne rarement évoqué et elle le fait avec un grand talent graphique et narratif.
Cette belle bande-dessinée pourra même trouver sa place dans une séquence consacrée au second conflit mondial.
Grégoire Masson
Présentation sur le site de l’éditeur ICI