Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus, le site Télérama propose par exemple la découverte des premières planches du volume 1.
Un sacré défi
C’est un sacré défi de rendre compte des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient, et encore plus quand on y ajoute la proximité des événements relatés. Les auteurs choisissent de présenter la grande histoire, mais avec ce qu’il faut d’anecdotes pour lier le tout. Il est clairement fait le choix de grandes vignettes, car chaque page en comporte en général deux ou trois. Il faut aussi dire la difficulté, mais aussi parfois la force, d’une case qui doit résumer, faire comprendre une situation aux multiples acteurs et dimensions. Dans le cadre de nos enseignements, on pense forcément au chapitre de Terminale dédié au Proche et au Moyen-Orient. Il faut noter que la place du texte est importante car tout ne peut pas être exprimé par le dessin. L’ouvrage est en noir et blanc.
La guerre du Golfe
Le volume commence en 1990 au moment où Saddam Hussein envahit le Koweit. Les auteurs précisent d’abord quelques éléments de contexte, comme le jeu de balancier auquel se livraient les États-Unis entre l’Iran et l’Irak dans les années 80. Ils reviennent sur la méprise de Saddam Hussein quant aux propos de l’ambassadrice américaine à Bagdad, qui lui a laissé penser qu’il pouvait s’emparer du petit émirat. Néanmoins, le projet était déjà là. Le livre déroule ensuite les événements qui aboutissent à l’opération « Tempête du désert ». Les États-Unis déploient plus de 500~000 soldats et ils ont pris le soin de regrouper derrière eux une coalition de trente-quatre pays. La victoire est rapide et se solde par un bilan de morts très différent entre les deux camps. Le récit se prolonge avec le maintien du dictateur Saddam Hussein à la tête de son pays, et la façon dont il s’est retourné contre ceux qui s’étaient soulevés contre lui, encouragés puis lâchés par les États-Unis.
L’époque Clinton
Malgré sa victoire militaire, George Bush est battu par Bill Clinton. Dans un premier temps, celui-ci semble engranger les succès internationaux avec la célèbre poignée de main entre Rabin et Arafat à la Maison Blanche en 1993. Avec l’assassinat du premier ministre israélien par un extrémiste juif, les contacts sont rompus. Les auteurs choisissent de faire entrer en scène Ben Laden en 1996, au moment où il lance une déclaration de jihad contre l’Amérique. C’est un choix judicieux qui permet d’éviter de le faire apparaitre subitement en 2001. Après sa réélection, le président américain est confronté au défi du terrorisme avec l’attaque subie par l’ambassade américaine au Kenya et en Tanzanie. Les auteurs évoquent ensuite brièvement l’affaire Lewinsky, et considèrent que l’intervention décrétée par Clinton en 1998 contre l’Irak était une manœuvre de diversion.
George W. Bush
En quelques images se dessine un portrait du nouveau président, à la fois born again et proche des sionistes chrétiens. Puis surviennent alors les attentats du 11 septembre 2001, dont le trait de David B. rend compte sans verser dans le pathos. L’album évoque la stratégie de Ben Laden au lendemain de ces attaques, et montre aussi comment des pays comme la Russie ou la Chine profitèrent de l’occasion pour recouvrir de l’expression de «lutte contre le terrorisme», leurs conflits en Tchétchénie ou dans les provinces occidentales de Chine. Dans un discours resté célèbre, George Bush définit un « axe du mal » à combattre. Tout est bon alors pour déclencher un conflit et c’est l’épisode des armes chimiques prétendument détenues par Saddam Hussein, et finalement jamais trouvées. La chute du dictateur irakien ne résout rien et des dérapages de l’armée américaine comme Abou Graib sont alors révélés.
Obama
Les vingt dernières pages de l’ouvrage sont consacrées à la présidence Obama. Le nouveau président sait qu’il doit à la fois conduire le désengagement des troupes américaines dans le monde et retrouver Ben Laden, qui est tué en 2011. Les auteurs racontent ensuite les relations très tendues entre le président américain et le nouveau dirigeant israélien Netanyahu. Le livre se termine par l’émergence de la contestation de ce qui allait devenir les printemps arabes et avec les débuts du conflit en Syrie.
Jean Pierre Filiu et David B. retracent donc trente ans de relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient et, lorsque c’est pertinent, ils convoquent d’autres acteurs internationaux. Quelques planches de l’ouvrage ou même l’ouvrage pourraient constituer pour nos cours une introduction, un fil rouge ou un éclairage sur tel ou tel événement : à chacun de choisir selon ses affinités. C’est en tout cas une lecture que l’on ne peut que conseiller.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes