Dans ce volume de la Documentation Photographique, Jean-Baptiste FRÉTIGNY, maître de conférences à CY Cergy Paris Université et directeur adjoint du laboratoire PLACES, fait le point sur les mobilités et leur portée géographique et sociale. Quelles soient migratoires, touristiques ou de travail, celles-ci sont de plus en plus complexes et se sont démultipliées à toutes les échelles, des plus locales aux plus internationales ou transnationales.

La première partie « Le point sur »

La pandémie de Covid-19 a montré la prégnance des mobilités dans notre monde contemporain, tant pour sa diffusion que pour les outils mis en place pour la juguler. Elles relèvent aujourd’hui d’une multitude de formes « classiques » aux angles d’études universitaires renouvelés : des mobilités du quotidien foisonnantes (où elles s’affranchissent largement des découpages administratifs), des mobilités résidentielles à forte dimension sociale, des mobilités touristiques en essor, des migrations inter- et trans-nationales mais aussi de formes plus « discrètes » : tourisme médical, déplacements religieux, migrations d’agréments, nouvelles pratiques du nomadisme,…

Ces mobilités sont plus ou moins encadrées et contrôlées. On peut par exemple opposer d’un côté les mobilités touristiques encouragées par les pouvoirs publics et de l’autre les migrations internationales souvent instrumentalisées.

D’un point de vue social, les mobilités mettent aussi fortement en jeu des inégalités à toutes les échelles, notamment celles du quotidien.

Les déplacements nécessitent par ailleurs l’aménagement d’infrastructures parfois lourdes. Les réseaux de transport, très hiérarchisés, contribuent grandement à privilégier les lieux les plus centraux (hubs) au détriment des autres.ù

Enfin, les mobilités sont au cœur de nouveaux enjeux, notamment environnementaux.

La deuxième partie « Thèmes et documents »

Elle illustre concrètement les points théoriques développés dans la première partie. Elle se divise en quatre chapitres : Des mobilités multiformes, Les défis de la connexionDes mondes mobiles en tension et Mobilités et environnements en mutations.

Mobilisant les différents sens des individus, la mobilité est sensible (p.18-19). De nombreux documents originaux comme le parcours biographique de madame Da Silva (p.23) ou l’évolution des mobilités des hivernants séjournant à Agadir au Maroc (p.29) nous font justement ressentir cette part de décision personnelle dans les mobilités, nous écartant ainsi de stéréotypes ou même d’archétypes de migrants.

Les mobilités sont aussi à l’origine de la fabrique et de la pratique des lieux de transport, loin d’être des « non-lieux » (p.32-33). Une mobilité « interne » s’y déroule également comme le prouve le parcours en correspondance d’une passagère étatsunienne au sein du hub aéroportuaire d’Amsterdam Schipol (p.33).

A l’échelle internationale, les mobilités font l’objet de multiples contrôles, dessinant des régimes de mobilité (p.38-39) et créant d’importantes contraintes par exemple aux réfugiés (p.40-41).

A une échelle plus locale, les parfois difficiles mobilités entre ville et périphéries (p.44-45) ou à l’intérieur des pôles urbaines, sont sources de tensions sociales révélatrices d’inégalités (p.48-49).

Parfois, les mobilités nuisent (p.52-53) provoquant embouteillages et pollution de l’air. Ainsi, les transports, notamment motorisés, doivent aujourd’hui faire face à l’urgence climatique (p.54-55). La voiture doit redéfinir sa place (p.58-59). C’est donc in fine la refonte de la place de l’immobilité autant que des pratiques mobiles qui est en question (p.62-63).

 

Complété par une rapide bibliographie, mais surtout une utile liste de romans, de films, de séries et de bandes dessinées, ce numéro s’avère donc essentiel pour connaître les principales notions et les renouvellements historiographiques en lien avec les mobilités. Pour les enseignants du secondaire, il fourmille de documents de toutes natures utiles pour la classe et principalement pour rendre l’étude des mobilités plus « sensible ».