Au cœur de son propos, phénomène de mondialisation et questions géopolitiques se croisent, se mélangent et interagissent. Après être revenu sur quelques-unes des caractéristiques du processus de mondialisation telles que les resserrements spatiaux et temporels, l’auteur insiste sur la genèse et les conséquences de l’émergence d’états traditionnellement situés dans un Sud en développement (les BRIC), émergence à l’origine d’une complexité parfaitement illustrée par Chalvin opposant un monde sous la forme d’un puzzle de 3 pièces remplacé par un puzzle pour adultes avec plusieurs grosses pièces et une multitude de petites pièces. A ce monde polycentrique, ce numéro consacre un de ses thèmes et une quinzaine de pages inégales (à lire les pages sur le doublet « Etats-Unis/Chine », « les trois échelles de l’UE »).
Il n’omet pas d’évoquer la crise économique de 2007 et ses causes et militant pour la recherche d’une croissance économique moins folle, privilégiant les marchés intérieurs et une mondialisation réellement mondiale dont les bénéfices toucheraient une part plus large de la population mondiale.
Population dont la croissance ne se dément pas même si elle ralentit, population toujours plus urbaine avec des marges de progression en Asie (voir la double-page « l’Asie des villes »), en Afrique, une population toujours plus mobile même si les migrants restent une minorité. A partir de ces constats démographiques, Michel Foucher analyse une série de questions posées à l’humanité : Comment nourrir ces hommes ? Comment gérer les ressources naturelles, et en premier lieu énergétiques (« la course à l’énergie et aux matières premières »), dans un monde où la demande va croissante ? Pourquoi dans un monde « mondialisé », les frontières se sont-elles multipliées et ont été pour certaines barricadées ? Comment dans ce monde morcelé, les réseaux virtuels s’affranchissent des frontières linéaires ?
Face à ces questionnements et devant l’apparition d’un nouveau monde, il semble nécessaire pour Michel Foucher de réviser composition et fonctionnement du gouvernement du monde (ONU, FMI, G (groupes)), de constater l’évolution des rapports de force et l’édification d’une architecture polycentrique du monde de demain, d’imaginer « de nouveaux modèles de développement économique » et aller chercher la croissance là où existe des réserves : dans les pays en développement. Enfin dernier point mais aussi peut-être point de départ, toutes ces questions et ces mutations ne mettent-elles pas en lumière la remise en question du rôle de l’Occident ?
Ce numéro de la Documentation Photographique constituera une première réflexion sur les dynamiques du monde actuel poursuivie par la lecture d’ouvrages chroniqués par les Clionautes (« Géopolitique du monde contemporain », http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article1990; « Atlas de la mondialisation », http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2481; « l’enjeu mondial, les pays émergents », http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2325) et vaut comme à l’accoutumée par la qualité et la diversité de ses documents.
Quelques points forts sont à signaler : les cartes de diffusion de la crise, l’explication du fonctionnement des marchés à terme, la couverture du numéro de The Economist (The oiloholics avec deux obèses, Chine et Etats-Unis, entourés d’un amoncellement de barils avalant du pétrole à la paille), la double page consacrée à la criminalité ou encore une carte présentant les modifications de tracés frontaliers et les revendications d’extension de ZEE et une belle photo d’une supermarché chinois à l’heure américaine.
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