Les BRIC font depuis quelques années la une de l’actualité : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine apparaissent de plus en plus comme les géants d’aujourd’hui, et plus encore de demain. Il n’est donc guère étonnant que l’acronyme forgé en 2001 par un certain Jim O’Neill ait connu un beau succès. Recouvre-t-il une réalité commune de ces quatre puissances ou n’est-il qu’un moyen de masquer leur grande diversité ? Pour répondre à cette question, l’auteure de ce court manuel commence par présenter rapidement ces quatre pays, auxquels elle joint l’Afrique du Sud, avant d’analyser dans une deuxième moitié leurs points communs et différences.
Selon le principe de la collection CQFD, chaque chapitre est divisé en Carte, Qui-Quoi (suite de biographies et de définitions), Faits et Dates. Il est difficile d’en voir l’intérêt : un même renseignement apparaît jusqu’à trois reprises dans un même chapitre. En réalité, c’est la partie « Faits » qui devrait être bien plus développée que les autres et être placée avant le « Qui-Quoi » (ou Kikoi, puisqu’on est dans le gadget). Simplement, mettre un cours avant les biographies et les définitions serait sans doute considéré comme réactionnaire !
Entre les chapitres, il n’existe pas plus de cohérence : les mêmes citations sont ainsi faites à plusieurs reprises. Autre exemple anecdotique mais révélateur, les biographies sont dans certains chapitres rangées par nom de famille, dans d’autres par prénom. On ne comprend pas non plus pourquoi les pays sont présentés un par un avant toute réflexion d’ensemble, d’autant que l’auteure inclut l’Afrique du Sud, sans vraiment le justifier. Le choix paraît pour le moins contestable, comme elle le reconnaît plus loin : avec seulement cinquante millions d’habitants et une situation économique difficile depuis plusieurs années, ce pays ne paraît pas en mesure de transformer l’économie mondiale en profondeur. La Turquie constituerait sans doute un candidat plus sérieux tant par la démographie que par le dynamisme économique. Cependant, tout incite à prendre la notion de BRIC avec des pincettes. La Russie en particulier a intérêt à se présenter comme un nouveau pays pour faire oublier la grandeur et la déchéance de l’URSS et les trois autres pays n’ont pas tant de points communs, en dehors de la volonté de s’imposer comme des grands de demain.
L’ouvrage laisse donc largement sur sa faim : il gagnerait à être plus fouillé, sans forcément être allongé, mais en supprimant les redites et en densifiant le propos. À propos des bien trop nombreuses fautes d’orthographe, on renverra simplement au titre de la collection : Coquilles Qu’il faut Faire Disparaître ! CQFD.
© Yann Coz