Cette nouvelle édition de l’Atlas des forêtsLa précédente édition de 2009 : Atlas des forêts dans le monde, protéger, développer, gérer une ressource vitale, Joël Boulier, Laurent Simon et Eugénie Dumas (cartographie), Editions Autrement , collection Atlas/monde, 80 p. à comme sous-titre : Comprendre le poumon vert de la planète. Comme l’écrivent les auteurs Joël Boulier et Laurent SimonTous deux géographes, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne  : « Exprimer la forêt en quelques pages n’est pas une mince affaire »Introduction p. 6. Avec le cartographe du Journal Le Monde Xemartin Laborde ils proposent un tour d’horizon des forêts en cinq chapitres. Voilà un atlas plus descriptif qu’explicatif, des thématiques nombreuses pour 96 pages.

Etat des lieux des forêts

Peut-on parler de la forêt ou vaut-il mieux envisager les forêts ? Il y a une question de choix et donc de définition d’autant que les limites forestières ne sont évidemment pas tranchées en particulier dans la zone de contact sahélienne.

Les statistiques traduisent-elles la référence à des territoires ou à des écosystèmes ? Même si la part de la géographie physique dans les programmes scolaires est très réduite, les critères écologiques proposés abordent de façon intéressante la notion d’échelles.

La forêt actuelle est le produit d’une histoire décrite ici à travers l’exemple du Lubéron.

La forêt, ressource en bois

Les superficies forestières ont beaucoup évolué au fil du temps avec une accélération du processus depuis les années 1960.
L’économie du bois est importante, tant pour le bois-énergie que pour le bois de menuiserie ; le panneautage. D’une économie plutôt locale, le bois est devenu un produit du commerce mondial notamment entre l’Amérique du Nord et la Chine. Si à l’échelle macro-économique choisie par les auteurs les bois tropicaux ne représentent que 10 % des échanges internationaux, à l’échelle locale le pillage ne saurait être ni
é (par exemple en Casamance où le bois de rose est pillé par la Chine via la Gambie« En dix ans, le trafic illicite de bois a procuré aux auteurs de pillage, 140 milliards de francs CFA. Haïdar avait dénoncé la perte de plus de 10.000 hectares de forêts de la Casamance naturelle sur une surface évaluée à 40.000 hectares. Il dénonce ainsi un vaste trafic de bois orchestré par des Gambiens qui exportent le produit vers la Chine. » (https://www.pulse.sn/news/local/casamance-5000-conteneurs-de-bois-exportes-par-an-en-chine/jrnlhct))

Les quantités sont peu importantes mais l’exploitation sauvage conduit à des déséquilibres profonds de forêts désormais menacées.

Cette économie du bois est dominée par de grandes sociétés comme Ikéa (p. 30) et de grosses scieries pour répondre à une demande croissante. Une double page aborde la question de la certification PEFC. Inégalement répandue : 90 % des forêts certifiées sont situées en Europe, en Amérique du Nord et en Russie, elle n’est pas contrairement au but annoncé, un moyen de protéger les forêts tropicales.

Où en est la forêt française ? De vastes espaces mais des enjeux de plus en plus complexes, l’essor du bois énergie et la volonté de préserver la biodiversité semble parfois contradictoires dans un contexte où le réchauffement climatique apporte de nouveaux ravageurs. La filière bois française est en transition : débats sur l’avenir de l’ONF, développement des coopératives forestières et une étude de cas dans les Vosges.

Les services rendus par la forêt

Le rôle de régulateur climatique par évapotranspiration tant au niveau planétaire qu’à l’échelle locale est bien montré.

Une double page est consacrée aux services rendus par la mangrove : Protection des côtes, régulation climatique, filtration de l’eau, moyen de subsistance, tourisme …

La biodiversité forestière est reconnue. Quand elle est menacée elle peut avoir des conséquences néfastes sur la santé humaine ! Exemple du virus Nipah en Malaisie 1998.

La biodiversité est aussi un atout de l’agroforesterie : un schéma simple et parlant de l’arbre – auxiliaire de l’agriculture. Cette technique ancienne est aujourd’hui en plein renouveau car outre l’amélioration des rendements elle apporte des revenus complémentaires avec les produits forestiers (fruits, fourrage, paillage…).

Un dernier aspect est traité : la forêt espace de loisirs, de ressourcement, d’inspiration artistique, exemple Brocéliande.

La forêt menacée

La déforestation est mise en contexte, statistiques, échelles locale, nationale, internationale. L’explication des causes et des solutions est nuancée (ex en Uruguay).

Les politiques de protections sont rapidement analysées avec leurs limites.

Plus intéressant l’étude des forêts européennes montre les perspectives de migration vers le nord des peuplements avec le réchauffement climatique avec comme objet d’étude la forêt landaise.

Les feux de forêts ; les mégafeux donnent lieux à plusieurs présentations : l’Australie, les Etats-Unis où ils menacent les villes et le déplacement vers le Nord des grands feux aux Etats-Unis, en Sibérie. D’autres menaces existent comme les coups de vent illustrés en France.

Gérer l’incertitude devient indispensable entre laisser faire la nature ou l’accompagner.

Forêts et conflits

Ce dernier chapitre aborde un catalogue de situations : la forêt refuge des guérillas en Colombie, menacée par les exploitations minières dans l’Est de la RDC, lieux de trafics illicites de charbon de bois (Corne de l’Afrique – Arabie), exploitation illégale de bois d’œuvre, concurrence des activités agricoles comme en Amazonie brésilienne, urbaines (Grèce)

Sont évoqués les conflits liés à la faune sauvage (Inde) et la difficile cohabitation de la forêt en ville.

Les auteurs ont choisi de mettre en avant la « diversité de projets, de désirs qui explique les multiples aspirations et les convoitises qui pèsent sur ces espaces. »p. 93.