Dans son ouvrage, Christian Roche évoque toutes les résistances à la colonisation du Sénégal au Tchad; surtout de 1854, arrivée du général Faidherbe au Sénégal; et jusqu’à 1900, fin de la colonisation du Tchad.
De 1854 à 1864; le général Faidherbe affronte le djihadiste El Hadj Omar, chef des Toucouleurs.
Ce dernier battu par les Français, meurt dans une grotte le 18 février 1864. En 1865, la colonisation est achevée et la ville de Saint Louis est passée de 3.000 à 15.000 habitants (x5). « Le véritable objectif à long terme de Faidherbe était de préparer la conquête vers l’est, en direction du Soudan » (Page 75).
Mais attention le Soudan de l’époque, ce n’est le Mali d’aujourd’hui. De 1877 à 1888, c’est l’épopée du jeune capitaine de 27 ans Joseph Gallieni. De 1880 à 1881, il négocie un traité avec Ahmadou, le fils aîné d’El Hadj Omar. Dans la version française on lit : « le fleuve Niger est placé sous le protectorat exclusif de la France depuis les sources du Niger jusqu’à Tombouctou ». (Page 145 et Timbuctu sur la carte ci-jointe)
C’est au lieutenant colonel Gustave Borgnis-Desbordes que va être confié la conquête de ce territoire. Il détruit la citadelle toucouleur de Mourgoula le 23/01 1883; et occupe Bamako le premier février 1883 et y construit un fort.
Il fait venir à ses côtés Louis Archinard, polytechnicien comme lui, qui commence sa carrière africaine le 5/10 1880. Il a 30 ans et se révélera un grand conquérant. En 1885, suite à la « démission de Jules Ferry » et à l’arrivée d’une « majorité moins favorable à l’expansion coloniale » (Page 166), il y a une pause des conquêtes. Mais le 10 Mai 1888, Archinard revient en Afrique et succède à Gallieni.
En février 1889 il prend à Ahmadou la citadelle de Koundian et se dirige vers Ségou. Ahmadou organise « une vaste coalition de chefs musulmans contre les envahisseurs français » (Page 183).
Ségou, la capitale toucouleur, tombe le 6 avril 1890. Le 26 avril, c’est le tour de la citadelle d’Ouossébougou après une résistance acharnée et le suicide de son chef. « Irrité par cette résistance inattendue, Archinard décide d’en finir une fois pour toutes avec Ahmadou ». (Page 186)
Ce fut alors une guerre sans merci. L’Empire toucouleur doit être démembré au profit de la France.
Le 18 août 1890, un décret présidentiel fonde le Soudan français (page 180) et en 1892 il est totalement autonome de la colonie du Sénégal. Le 21/12 1890 la nouvelle capitale toucouleur Nioro tombe mais Ahmadou a fui pour Bandiagara. Le 28 avril 1893, Archinard prend Bandiagara. Ahmadou et sa famille fuient dans la nuit. Aguibou son demi frère devient un souverain fantoche de mai 1893 à 1902. Il meurt à Bandiagara en 1907. Ahmadou, lui, meurt en exil le 16/01 1898.
Louis Archinard ayant attaqué Ahmadou sans autorisation est limogé en novembre 1893.
Nous arrivons maintenant aux derniers combats de Samori Touré de 1896 à 1900. De 1896 à 1897 les affrontements fréquents deviennent violents. Les Anglais de Gold Coast refusent de soutenir Samori.
Le 29 septembre 1898, Samori est capturé. Il « demande vainement à ses ennemis de le tuer »(Page 206). Il est déporté au Gabon où il meurt de pneumonie, à 63 ans, le 2 juin 1900.
Avec sa disparition l’Afrique Occidentale perd un grand guerrier et un grand résistant à toute domination étrangère.
Le livre se termine sur les résistances des Tchadiens. Il y existait 3 royaumes : le Kanem-Bornou, le Ouadaï et le Baguirmi.
Paul Crampel, le premier explorateur français arrive à Bangui en septembre 1890; mais il est massacré dans une embuscade le 8 Avril 1891.
Casimir Maistre est le deuxième, envoyé au Tchad à 23 ans. Il explore 5000 kilomètres du 29 juin 1892 à 1893.
En 1899, Rabah s’attaque aux Français. Le 17 juillet il est victorieux et tue le lieutenant de vaisseau Henri Bretonnet et ses hommes. L’armée française donne l’ordre de capturer Rabah.
Le commandant Lamy et ses 700 hommes attaquent. Lamy est tué au combat mais Rabah meurt à son tour le 22 avril 1900 et est décapité. Sa tête est exposée sur une baïonnette.( voir illustration) C’est la fin des résistances tchadiennes…
En conclusion, Christian Roche a bien démontré les difficultés et les résistances à la conquête coloniale française de 1854 à 1900. Cette histoire montre que ces résistants n’ont pas su s’unir dans un front commun. Cette histoire se prolonge en 2019 ; en effet nous devons évoquer le lien avec l’actualité de janvier 2013 à 2019 ; où les forces françaises sont revenues combattre au Mali et dans le Sahel les djihadistes d’AQMI du XXIe siècle.