Les politiques de l’éducation en France est un recueil de textes majeurs jalonnant l’histoire des politiques de l’éducation en France de la création de l’université impériale en 1806 jusqu’à la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’école.
Ces documents ont été réunis, introduits et commentés par Lydie Heurdier docteur en sciences de l’éducation, travaillant au laboratoire ESCOL de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint Denis, et Antoine Prost, professeur émérite de l’Université Paris Panthéon – Sorbonne, spécialiste de l’histoire de l’éducation.

Dans leur introduction, les deux auteurs présentent ce recueil comme un usuel, un outil de travail à destination de tous ceux désireux de retrouver le texte ou la décision permettant de mieux comprendre le pilotage de l’Éducation Nationale, son évolution, et les débats qui l’animent.

432 textes sont ainsi accessibles, dont les plus connus comme les lois Ferry, formant un « socle des indispensables ». Au- delà des grands classiques, d’autres documents moins connus sont également proposés : la réforme de 1902 donnant à l’enseignement secondaire une organisation qui dure jusqu’en 1959, ou le plan Langevin Wallon à travers un résumé méconnu rédigé par Langevin lui-même dans le Bulletin officiel de l’Education nationale du 15 mars 1945.

Les auteurs, qui reconnaissent la subjectivité de leur travail, centré sur l’enseignement secondaire, ont voulu mettre en évidence une certaine continuité des textes réglementaires. Ils ont organisé leur recueil en quatre parties, trois chronologiques et une dernière thématique. Ils évoquent de 1800 à 1947 les premières politiques de l’éducation qui constituent un héritage, avant de présenter les réformes structurelles qui, de 1959 à 1985, contribuent à amener tous les adolescents à l’école. Enfin de 1989 avec la loi Jospin jusqu’à la loi Peillon de 2013, ils présentent les réponses apportées aux difficultés rencontrées suite à la massification scolaire. La quatrième partie présente l’ouverture progressive et de plus en plus acceptée de l’Éducation Nationale à de nouveaux acteurs sociaux (parents, collectivités locales, élèves), et le rapprochement puis la coexistence avec l’enseignement privé.

Cet ouvrage présente un autre intérêt, celui de contribuer à l’histoire de l’enseignement, une histoire par les documents, revendiquée par les auteurs. Cependant, ils mettent en garde le lecteur, conscients de proposer une histoire biaisée, « vue du centre ». Les documents réunis viennent quasiment tous du ministère et relèvent peu d’initiatives locales. Ils ordonnent ou expliquent, suivant deux objectifs différents mais complémentaires. Cette distinction au cours du temps s’estompe peu à peu, avec la multiplication des lois notamment à partir des années 70, accompagnée d’une inflation de textes déclaratifs, la norme de plus en plus difficile à appliquer nécessitant des explications de plus en plus nombreuses. Dans ces textes normatifs, des articles purement déclaratifs apparaissent à partir de la loi Haby de 1975. Ils affichent une politique, nécessaire afin de faire face aux changements auxquels est confrontée l’Éducation Nationale, l’accroissement de sa taille provoquant diversification et complexification.

Enfin Lydie Heurdier et Antoine Prost constatent qu’il existe un écart entre les textes normatifs qu’ils présentent et la réalité de l’enseignement dans les établissements scolaires, donnant à celui-ci, à la seule lecture des lois et règlements, une image « idyllique ». Elle est contestée par le contraste entre la production législative du ministère, et les rapports d’évaluation de l’inspection générale évaluant leur difficile application, faisant apparaître une crise de gouvernance qui traverse aujourd’hui l’Éducation Nationale.