L’auteur est professeur d’histoire antique à l’Université de Lorraine, spécialiste du proche-Orient hellénistique et romain et des rapports entre religion et politique. Il a publié en 2017 La fabrique des chefs. D’Akhenaton à Donald Trump (Vendémiaire).

Il précise en introduction son propos, non pas une nouvelle biographie de Jésus mais une nouvelle approche des Évangiles en mettant l’accent sur leurs contradictions, en réintroduisant une chronologie qui montre la succession de plusieurs discours en fonction du moment et de l’auditoire visé. Il définit ainsi quatre saisons. Il revendique, dans un domaine facilement polémique puisque religieux, une méthode strictement historique pour décrire la vie d’un homme né en Galilée vers 4 avant notre ère.

Le fils de David, roi des Juifs

L’auteur décrit un premier personnage, Jésus se présente comme le roi, successeur légitime de David, comme le montre la généalogie reprise par les évangélistes Matthieu et Luc, né à Bethléem, la ville de David. Cela permet à Jésus de se faire connaître et de devenir chef d’une faction avec pour ambition de restaurer le Royaume d’Israël.

Le dieu-roi hellénistique

Dans cette seconde saison l’auteur développe l’idée selon laquelle, face à l’hostilité du clergé de Jérusalem, Jésus rompt avec la tradition biblique et s’inspire de l’idéologie hellénistique d’une royauté d’incarnation divine comme Alexandre le Grand. Christian-Georges Schwentzel montre qu’il s’agit alors d’une synthèse de la pensée grecque et de la culture juive. Jésus se présente comme le fils de Dieu.

L’ami des Romains

Pour trouver un appui face aux grands prêtres du Temple Jésus envisage une alliance avec les Romains : c’est-à-dire l’acceptation de l’impôt impérial. Une fois sur le trône il ferait du Royaume d’Israël un allié fidèle de Rome et réformerait le judaïsme, notamment en supprimant les interdits alimentaires, le sabbat et la circoncision ce qui permettrait aux Juifs de s’intégrer dans le monde gréco-romain.

Les romains ne suivent pas ce personnage mal entouré (populace, prostituées). Arrêté il meurt sur la croix comme les esclaves révoltés derrière Spartacus.

L’invention du Christ et le Royaume des Cieux

Toutefois quelque temps avant cette issue l’auteur constate une inflexion du discours avec l’annonce d’un Royaume à venir non dans le temps présent mais un Royaume des Cieux.

L’exploitation politique de la figure du Christ de Constantin à nos jours.

L’apôtre Pierre choisi avant sa mort par Jésus va mettre en scène la suite, soit la naissance d’une nouvelle religion dont l’auteur évoque la lente diffusion, les persécutions puis la liberté de culte octroyée par Constantin en 313. Il développe l’idée de l’exploitation de la figure du christ associé au pouvoir politique, le roi médiéval comme lieutenant de Dieu, la querelle des papes et des empereurs et les relations entre pouvoir politique et religion jusqu’au XXe siècle, Dieu soutenant la suprématie américaine(discours d’Eisenhower du 20 janvier 1953).

En annexe l’auteur présente les perspectives historiographiques du sujet.