Dans cet ouvrage, Ricardo González-Villaescusa nous dresse un tableau des cités romaines. Il explique comment est né puis s’est développé le tissu urbain de l’empire romain. Ses recherches portent sur la diffusion et la réception des modèles urbains de la colonisation romaine. Il rappelle que les cités romaines peuvent être des créations ex-nihilo ou à l’inverse se déployer à partir des formes urbaines autochtones. Il explique également que ces cités romaines sont dans l’ensemble construites et aménagées à l’image de l’Urbs. Ces dernières sont les mailles d’un grand réseau urbain. Elles sont autant de points relais pour la circulation des hommes que celle des marchandises dans l’empire romain. L’auteur retrace également les contours des différents statuts juridiques de ces lieux et des populations qui les habitent. L’ouvrage débute avec une introduction qui s’ouvre ensuite sur sept chapitres.

Dans l’introduction, l’auteur nous rappelle que l’une des principales sources pour étudier les cités romaines n’est autre que la table de Peutinger. Cette dernière est la plus ancienne représentation du monde romain. Cette carte « géante » nous livre moult informations sur la localisation des cités présentes dans l’empire ainsi que sur le réseau de communication de l’empire. Toutes les voies romaines, le nom des cités sont indiqués sur cette précieuse source. L’auteur rappelle que la table de Peutinger mesurait environ 7 mètres de long. Une seule partie est conservée et environ 8000 kilomètres de voies romaines sont représentés sur ce morceau. Cette table contient environ 4000 toponymes dont environ 500 sont ceux de sites urbains. L’auteur annonce ensuite la démarche qu’il a utilisé pour la réalisation de son ouvrage. Il explique qu’il ne souhaite pas seulement faire l’histoire de la colonisation romaine, mais qu’il abordera la cité romaine dans sa globalité (différences des droits entre les cités, différences de statuts entre les cités puis entre les citoyens de l’empire…). Il explique également que son objectif est de voir la cité romaine comme un élément indispensable du « fait colonial » et que les cités permettent la diffusion de l’Imperium romain. Enfin, l’auteur explique que son étude s’intéressera principalement aux cités situées dans la partie occidentale de l’empire.

les origines des premières cités romaines

Dans le premier chapitre de cet ouvrage, l’auteur revient sur les origines des premières cités romaines, la première d’entre elles étant celle de Rome. Il enchaîne ensuite sur les premiers temps de la colonisation romaine. Dans ce deuxième temps, l’auteur explique que les cités peuvent avoir des origines diverses. En premier, l’auteur rappelle que ces créations sont des espaces urbains construits à titre défensif et totalement dépendant de Rome et sans bâtiment administratif ou de pouvoir. (Exemple le site d’Ostie). Par la suite, des colonies sont fondées dans des espaces plus éloignés de Rome. Ces derniers sont réalisés ex-nihilo ou sur dans des espaces urbains appartenant à des populations autochtones combattues et chassées au préalable par les Romains. Ces espaces plus éloignés possèdent des bâtiments de pouvoir. L’auteur explique que progressivement, l’élimination des populations autochtones n’est plus systématique. La troisième partie de ce premier chapitre est consacrée à la mise en place du système provincial. Ricardo González-Villaescusa démontre que le réseau urbain des provinces se complexifie avec l’avancée de la colonisation. De plus, il explique que la religion publique permet également de structurer le territoire et les nouvelles cités construites. Les Romains intégrant progressivement les élites locales tant sur des questions religieuses qu’administratives. Les cités les plus éloignées de Rome, garde la « cité-mère » comme modèle mais peuvent avoir des spécificités locales. Pour terminer ce premier chapitre, l’auteur fait un point sur les différences de droits et de statuts des cités présentes dans l’empire (opidum, colonia, conciliabulum…). L’auteur fait ensuite un point sur les différences entre droit latin et droit romain qui régissent les espaces urbains de l’empire.

Le fait Urbain

Le deuxième chapitre de l’ouvrage décrit le développement du fait urbain espace par espace. L’auteur brosse un rapide tableau de l’urbanisation dans les grandes régions occidentales de l’empire. Il aborde en premier l’Ibérie puis le nord de l’Afrique, la Narbonaise et les Gaules et enfin les Germanies et la Bretagne.

Choix des sites

Dans le troisième chapitre, l’auteur nous donne les facteurs d’implantation des cités et montre pour quelles raisons certains espaces sont privilégiés à d’autres. Il rappelle notamment l’importance de la géographie physique dans le choix d’une implantation. Ensuite, l’auteur fait un point sur la toponymie et les difficultés rencontrées par les Romains pour nommer les provinces, les peuples et les cités dans l’empire. Certains auteurs romains n’utilisent par exemple pas les mêmes termes pour évoquer un même peuple. Dans la troisième partie de ce chapitre, l’auteur évoque les modifications induites par les colons sur l’environnement, les paysages et le milieu dans lequel sont développées les colonies de peuplement (exemple : création d’aqueducs, délimitation des propriétés, transformation d’espace en zones cultivables. Pour clore ce chapitre, l’auteur évoque les difficultés pour catégoriser et nommer les formes urbaines. En effet, selon si l’espace urbain est groupé ou dispersé, continu ou discontinu…, des termes juridiques différents sont utilisés par les juristes et les auteurs romains. Chaque terme utilisé fait appel à une situation administrative et juridique bien spécifique. L’auteur fait alors un point sur divers termes utilisés et les définit (Oppidum, vicus, forum territorial, conciliabulum).

La centralité

L’auteur débute ce quatrième chapitre en évoquant la question des « centralités ». Il explique alors que les cités sont des points relais situés sur les différentes voies romaines. De plus, elles permettent l’organisation du commerce dans l’empire. Il explique également que dans de nombreux espaces, les cités et les autres agglomérations urbaines organisent et structurent le territoire de l’empire. L’auteur rappelle également l’importance des cités portuaires qui sont de grands lieux de commerce et d‘échanges multiples. En deuxième partie, Ricardo González-Villaescusa montre que les espaces les plus urbanisés de l’empire sont situés en Italie (Principalement Etrurie et Sicile), au nord ouest de l’Afrique et au Sud de la péninsule ibérique. Plus on s’éloigne de ces lieux, plus la densité urbaine est disparate. Dans un troisième temps, l’auteur nous explique le rôle joué par les routes. En premier, les routes terrestres, notamment pour la circulation des troupes militaires. Dans certains espaces moins urbanisés avant l’arrivée des Romains, des cités sont créées ou développées le long des axes de communication. La dernière partie de ce chapitre évoque les continuités et discontinuités du Poemerium. L’auteur dresse une typologie des différents aménagements en dehors du pomérium. Il expose ce que l’on y trouve, comment s’organisent le long des voie romaines ces espaces urbains. Il évoque plusieurs situations possibles et les fonctions que peuvent prendre ses espaces (nécropoles en dehors de la ville, lieux de certains métiers, espaces maraîchers pour alimenter la ville…).

Les espaces de la cité

Ce chapitre s’ouvre avec le rappel de la définition d’une cité (un espace de ville et un espace rural autour dans lequel se situent les productions agricoles et maraîchères qui alimentent la population urbaine). L’auteur rappelle ensuite les différents types d’espaces agricoles et les définit. Il explique quel type de production se trouve dans quel type d’espace. L’auteur fait ensuite un point sur les productions artisanales présentent dans les villes et les lieux de ventes. Dans la troisième partie de ce chapitre, il fait un point sur les pratiques commerciales des villes et des espaces ruraux. L’auteur déclare que les archéologues ont retrouvé dans certains espaces des produits et/ou de la vaisselle non originaires de la région. Il démontre ainsi qu’un commerce important entre les différents espaces ruraux et urbains de l’empire existe bel et bien. Il prend comme exemple le cas de la Gaule intérieure où les chercheurs ont retrouvé des coquillages alors que ces espaces n’ont aucun point de productions halieutiques. Ces coquillages sont donc arrivés en Gaule intérieur grâce au commerce. Ensuite, l’auteur justifie que dans certains espaces ruraux, des modes de vies urbains sont pratiqués par des propriétaires de de grandes villa (exemple : une décoration en mosaïques…). De plus, l’auteur analyse le rôle des espaces ruraux dans la construction de bâtiments dans l’espace urbain des cités attenantes. En effet, les carrières de pierre ou de marbre utilisées pour la construction des grands bâtiments publics (temples, thermes, curies…) se situent à l’extérieur des villes. L’auteur prouve ainsi l’interdépendance des deux espaces (ruraux et urbains) des cités de l’empire. Un point sur les macellum (marchés exclusivement) alimentaires est ensuite fait par l’auteur. Ces derniers se développent dans les espaces urbains. Ces marchés spécifiques se développent dans les cités à partir de la fin du IIIème siècle av J-C. Ricardo González-Villaescusa, termine ce chapitre en rappelant que les cités romaines disposaient d’une certaine autonomie financière.

Le cité lieu de la citoyenneté

Pour débuter cet avant dernier chapitre l’auteur évoque la prédominance de l’espace urbain sur l’espace rural. Il rappelle que les citadins tirent la majorité de leur richesse de leurs grandes propriétés rurales. De plus, il décrit l’espace urbain comme étant le lieu de la citoyenneté. Il prouve ainsi que la citoyenneté est indissociable de l’espace urbain. L’auteur fait ensuite un point sur certains bâtiments de la ville en expliquant que le forum se voit progressivement retirer ses fonctions marchandes et commerciales au profit de fonctions administratives et religieuses avec des bâtiments comme des temples, la curie ou encore la basilique. Ces transformations sont davantage visibles dans la partie occidentale de l’empire que dans la partie orientale. Ce changement s’affirme avec la la fin de la République. Cette fermeture du Forum aux échanges commerciaux et à la circulation des habitants est particulièrement importantes dans les cités des Gaules. On parle alors de Forum clos. D’autres lieux comme le théâtre lui même peu à peu remplacé par l’amphithéâtre, sont emblématiques de l’architecture des cités romaines et se retrouvent dans tout l’empire. Dans les provinces, ces bâtiments venus de Rome connaissent parfois des adaptations dans leurs formes et usages. La construction et l’usage des thermes se développent également dans toutes les cités de l’empire. Ces espaces de bains publics sont originaires des cités balnéaires. Une grande majorité de ses bâtiments est financée par de riches évergètes. A la fin du IIème siècle, les certaines grandes cités romaines voient l’apparition des cirques. Ce chapitre se poursuit avec l’étude de la trame urbaine et de la voirie. L’auteur rappelle alors l’organisation des rues, leur fonction et les marchandises qui y circulent. Pour achever ce chapitre, l’auteur évoque la domus qui n’est autre que la maison urbaine typique du monde romain.

La démographie urbaine

Le dernier chapitre de cet ouvrage étudie la démographie urbaine de l’empire romain. L’auteur analyse la démographie urbaine ainsi que la densité urbaine. Il expose ensuite la question des maladies urbaines, de l’hygiène et des pathologies dans les villes. L’auteur expose en dernier la question de la gestion des déchets, des déjections dans les cités romaines et celle de la mort dans les cités.

Conclusion

En conclusion, Ricardo González-Villaescusa offre ici une synthèse sur les cités romaines se voulant accessible et scientifiquement pointue. Cet ouvrage fait appel à une bibliographie et une historiographie renouvelées et des plus récentes. La lecture de cet ouvrage permet de compléter des connaissances lors de la préparation des chapitres de sixième ou de seconde évoquant les questions romaines.