Parce que des professeurs d’histoire et de géographie qui voyagent ne sont jamais totalement en vacances, voici un ouvrage important à emporter dans ses bagages si l’on envisage un séjour en Europe centrale, à Prague ou à Budapest, les destinations les plus courues mais aussi à Vienne, Berlin ou Varsovie.
l’Europe centrale est en effet un ensemble de pays et de cultures caractérisés par un enchevêtrement fertile et une « histoire partagée ». Les villes sont tout au long du XIXe comme du XXe multiculturelles, une de leurs spécificités les plus marquantes.
Le phénomène urbain revêt un intérêt accru lorsque l’on prend en compte l’évolution politique et démographique récente (migrations de populations, construction européenne) et les modalités de négociation des différentes identités modernes.
Berlin, Vienne, Prague, Budapest, Varsovie, Odessa, Dantzig, Lvov, Czernowitz, Sibiu. Dans ces lieux s’entrecroisent deux, trois ou quatre cultures différentes, certains sont aujourd’hui des capitales européennes, d’autres des villes de confins dont on redécouvre en Occident l’histoire polyphonique.
L’histoire politique, sociologique, culturelle, littéraire, artistique, architecturale de ces villes est particulièrement riche. La multiculturalité traditionnelle (relations inter-ethniques, rivalités ou contacts interculturels) a été fragilisée voire détruite lors des traumatismes majeurs au siècle dernier mais le voyageur pourra, muni de cet ouvrage en découvrir les traces.
La constitution des Etats nationaux ou, inversement, de blocs politiques imposés en dépit des frontières par les totalitarismes (invasion allemande, puis soviétique) ont mis à mal les équilibres vulnérables de la multiculturalité, avec des intentions et des stratégies différentes (imposition du monolinguisme, déplacements de populations, nettoyage ethnique, génocide).
Avec l’entrée de certaines de ces villes dans l’Union européenne, les auteurs redécouvrent ces choix multiculturels de développement urbain. Cela ne va pas sans poser des problèmes comme en Pologne où le communisme et le nationalisme ont laissé de profondes stigmates.
Berlin par contre redécouvre son rang de capitale cosmopolite de l’Europe qui était le sien avant guerre. De nouvelles cultures peu à peu se diffusent et ce métissage culturel est aussi une forme d’enrichissement.
Ce qui est sûr par contre c’est que cet ouvrage est à emporter avec soi, même si ce n’est pas un guide touristique si l’on veut parcourir l’Europe de l’Est, si proche et parfois lointaine par la spécificité de son histoire pendant les grandes convulsions des XIXe et XXe siècles.
Bruno Modica © Clionautes