R. Morales / L Palmisano / Martin J.
les voyages d’Alix ; l’Egypte au fil du Nil
Date de parution : 25 Septembre 2013

Nouvelle édition dans la série des voyages d’Alix, la première édition date de 1992 !, cet album a été largement remanié pour associer dans ce premier tome les dessins de Rafaël Moralès et Léonardo Palmisano, avec des textes et des photos qui présentent les différents sites choisis, «au fil du Nil». Cet album part de l’idée que le personnage d’Alix, accompagné par son fidèle Énak, descend le Nil, comme beaucoup de touristes peuvent le faire lors de ces croisières organisées par des tour-opérateurs qui doivent avoir en ce moment quelques difficultés.

Le dessin s’inscrit dans la tradition initiée par Jacques Martin avec cette recherche de la précision qui donne une idée, finalement assez précises, de ce que les monuments de l’Égypte antique pouvaient représenter. La couleur semble avoir été choisie avec beaucoup de soin, sans doute à partir des travaux des archéologues qui ont pu retrouver des échantillons de pigments utilisés pour colorer la pierre. Ces citadelles de granit usé par le temps et les vents de sable reprennent vie… Les personnages retrouvent d’ailleurs tout leur intérêt dans le décor puisqu’il permet une mise à l’échelle qui rend compte de l’ampleur des constructions de l’ancienne Égypte. Les textes qui ont été rédigés par Rafaël Morales semblent un bon niveau de vulgarisation. Il aurait peut-être d’ailleurs été opportun de faire un petit effort de relecture pour éviter la faute de la page 10, sur le chapeau de présentation du site de Philae.

L’auteur présente tout de même des sites qui sortent des sentiers battus, comme celui de Kom Ombo, qui représente une sorte d’acropole, et qui montre, encore une fois, s’il en était besoin, comment les civilisations de l’Antiquité étaient en relation les unes avec les autres. Ce temple associe d’ailleurs deux divinités, Horus l’ancien et Sobek, le dieu crocodile qui hante les marais.

Cet ouvrage présente d’ailleurs l’intérêt de rappeler toute la complexité de la cosmogonie égyptienne qui ne se limite pas aux Dieux principaux comme Anubis, Isis et Osiris, que l’on a pu découvrir dans les programmes d’histoire des classes de sixième.

Par contre, cette réédition aurait quand même pu associer à la présentation des différents sites une petite carte de localisation, sous forme de carton, et dans le texte une mise en situation dans le temps. Aucune date en référence n’apparaît par exemple pour la présentation du temple d’Edfou.

C’est d’ailleurs le cas dans beaucoup trop de sites choisis, ce qui peut nuire à l’intelligence du propos. On appréciera par contre les détails sur la construction de la pyramide de Kéfren, ainsi que la présentation des funérailles, ainsi que celle d’Alexandrie qui termine l’ouvrage.

Longtemps civilisation « reine » des programmes d’histoire de sixième, l’Égypte fascine toujours autant. Mais peut-être faut-il un peu plus de maturité pour en apprécier la cosmogonie, la conception du monde et de l’univers matériel que celle d’un enfant de moins de 12 ans.

Cela a déjà été dit à propos de la Mésopotamie, une réflexion sur les programmes du second degré ne pourra pas faire l’économie d’un débat sur la place de l’histoire ancienne dans ce qui reste, malgré certaines affirmations péremptoires sur le socle, une discipline de formation qui repose sur l’acquisition de connaissances.

Cet album peut accompagner un voyage au fil du Nil, surtout si la situation dans ce pays finit par se stabiliser, mais il reste un peu trop vague sur la chronologie et sur les localisations dans l’espace pour y suffire. Bien qu’il n’ait pas vocation à être un livre d’histoire, cet ouvrage « donne à voir » grâce à la qualité de ses illustrations, ce qu’était l’Égypte antique, lorsque Alix, à l’époque des Ptolémées, parcourait ce territoire.

Bruno Modica