Le 20 Octobre 2008 commence la Semaine de l’Europe à l’école. Il y a une dizaine de jours les historiens se réunissaient à Blois sur le thème « Les Européens ». La présidence française de l’Union Européenne est l’occasion de remettre sur le devant de la scène médiatique l’Europe jusque là laissée dans l’ombre depuis les référendums sur la constitution européenne.
Les éditions Gallimard Jeunesse ne sont pas en reste. Elles sortent en cette fin octobre un album richement illustré sur le thème. Le découpage géographique va au delà des pays de l’UE et des pays candidats, puisque le sous-titre de ce volume s’intitule « de l’Islande à la Moldavie ».
Chaque pays fait l’objet d’une double page. Celle-ci est composée d’une carte, d’encarts sur les particularités propres au pays, d’un texte découpé en courts paragraphes bien adaptés à la lecture des collégiens. Des pages plus générales sont consacrées à la définition du continent et à l’histoire de celui-ci. L’ensemble est conçu pour un public jeunesse. « L’Europe de l’Islande à la Moldavie » est donc un documentaire qui trouvera sa place dans tous les bons Cdi de France et de Navarre. Il est un support pratique pour une petite recherche sur les différents pays européens. L’auteur y est pour beaucoup. Jean-Michel Billioud est professeur documentaliste. En signant ce livret, il vient combler un manque.
On regrettera, tout de même, que les éléments explicatifs sur le plan économique soient primaires, voire caricaturaux. Ainsi, la prospérité de l’Islande est expliquée uniquement par la pratique de la pêche. Rien n’est dit sur les investissements à risque pratiqués par l’Etat, et qui ont été la base jusque là de la prospérité du pays. Cette remarque, si elle vaut pour l’Islande, n’est pas généralisable à toutes les fiches. Le cas de la réussite suisse est bien expliquée. Présenter un pays en deux pages est un challenge et l’auteur court le risque de tomber dans les clichés. Ainsi, les encarts, sans porter un regard distancié, en relaient. Les pages Irlande font une place au rugby et au pub. Celles sur la Roumanie donnent une place à Dracula et aux paysans avec charrette. Certaines présentations sont à mi-chemin entre le guide touristique et le livre de géographie Jeunesse. La France a aussi sa double page. C’est la France d’Amélie Poulain qui est présentée avec les encarts sur la gastronomie française, le tourisme, Paris – ville lumière – , l’agriculture et De Gaulle. Le recul de la francophonie est le seul point négatif signalé.
L’idée de ce livre synthétique est bonne. Sa mise en œuvre comporte des limites que l’on peut facilement surmonter si nos élèves ne se contentent pas de cette première approche. Par son questionnement, le professeur qui fera réaliser une recherche sur les pays européens devra veiller à fournir des questions qui obligeront les élèves à aller au-delà de l’utilisation de ce volume. De même, il peut être intéressant de faire travailler les élèves sur les clichés véhiculés par le livre. L’exemple français peut être le point de départ de ce travail.
Voilà un biais pour transformer un défaut en atout !
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