Sous une forme semi-biographique, cet ouvrage collectif, dirigé par Hélène Becquet, aborde les différents « monarques » issus de trois familles : les Bourbons, les Orléans, les Bonaparte.
Il s’agit à la fois de présenter les grandes étapes de ces exils et le rôle que les uns et les autres ont pu jouer dans la survivance de l’idée monarchique en France.

Le terme de « monarque » renvoie à des souverains qui ont régné, mais aussi à des princes exilés sans jamais avoir eu accès au pouvoir (p. 7).

Quand l’exil précède le pouvoir

Dans ce groupe, Maria-Sophia Mormile trace le portrait de Louis XVIII, un cadet plein d’ambition et qui se construit une figure de souverain exilé, sans jamais rien abdiquer de ses prétentions royales.

Vincent Haegele, présente Napoléon comme un double exilé. Son départ de Corse est un premier exil, un déracinement qui influence toute son action politique. Il décrit ensuite le double exil à l’Île d’Elbe puis à Sainte-Hélène qui a contribué à la légende napoléonienne.

Louis-Napoléon, l’exilé de 1815 qui reconstruit un projet politique, est présenté par Juliette Glikman. Elle rapporte son long exil, mouvementé, ses séjours en prison et son évasion. Marqué par cette condition d’exilé, il renoue avec ce statut après la défaite de 1870. L’autrice interroge la pensée napoléonienne : une mémoire de bannis ?

Les exilés qui rêvent d’un retour au pouvoir

Charles X et « Louis XIX » vivent un exil vagabond entre Londres et la Bohême, décrit par Pierre Morel. Ils s’enferment dans le refus d’abandonner la dignité royale de la branche aînée des Bourbons.

Louis-Philippe et le Comte de Paris, bannis en 1848, incarnent une recomposition de l’orléanisme étudiée par Grégoire Franconie. Le coup d’État de Louis-Napoléon empêche tout retour, l’éducation du « successeur » potentiel est marquée par une triple appartenance : fidélité à la mémoire de son grand-père et de son père et au rôle de la maison de France. L’auteur évoque les tentatives de rapprochement avec la branche aînée.

Le cas du Comte de Chambord, dont l’éducation a été évoquée dans le chapitre concernant son grand-père Charles X, est présenté par Hélène Becquet. Chambord – Henri V est partisan d’une royauté traditionnelle qui interdit tout compromis avec les Orléanistes. Il rêve d’une restauration jusqu’au vote de la loi d’exil de 1886 qui lui interdit tout retour.

Les descendants

L’Aiglon, Napoléon II étudié, par Laetitia de Witt, est éloigné de l’héritage paternel, mais est-il un prince autrichien ?

Les derniers Bonaparte, avec le Prince impérial puis le Prince Jérôme, présentés par Maxime Michelet, le désir de retour au pouvoir décline, malgré la crise boulangiste, faute de soutiens. Ils ne sont jamais vus comme des souverains en exil. Pour eux, le pouvoir est issu de la volonté populaire du plébiscite. L’auteur évoque les derniers engagements de la famille. Le Prince Louis Napoléon s’est engagé dans la résistance, il est arrêté par la Gestapo. Il doit attendre, pour un retour en France, la loi du 16 juin 1950 qui abroge la loi d’exil de 1886.

Dans le dernier chapitre, Bruno Goyet traite de la fin de la prétendante du duc d’Orléans au second Comte de Paris. Ils sont marqués par la loi d’exil de 1886 : ostracisés en France, à la recherche d’une place dans le Gotha, une vie de voyages, de mariages et de querelles de famille autour d’une fortune qui décline. L’auteur aborde leurs choix politiques, antidreyfusard pour Philippe duc d’Orléans, une vie modeste pour le duc de Guise très lié à Maurras par son épouse, l’aventure politique pour Henri, comte de Paris.

Ces exils sont comme l’histoire du XIXe siècle, mouvementés.