Période relativement longue de la protohistoire, aussi appelé premier « âge d’Or » des « peuples d’Europe », l’âge du Bronze (entre le Néolithique et l’âge du Fer soit entre -2300 et -2000 jusque vers -800) connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. Heureusement pourrait-on dire car elle est souvent mal connue.

Cet ouvrage, sous la direction de Laurent Carozza, Cyril Marcigny et Marc TalonRespectivement chargé de recherche au CNRS, membre de l’UMR 5602 Géographie de l’environnement ; directeur-adjoint scientifique et technique de l’INRAP, membre de l’UMR 6566 CreAAH et chargé de cours à l’université Rennes II ; conservateur régional de l’archéologie à la DRAC de Bourgogne-Franche-Comté, membre de l’UMR 8164 HALMA., fait le point sur l’état de la recherche à propos de questions précises (habitat, territoire, funéraire…). A destination de la communauté scientifique, il présente donc ici une communication pointue dans laquelle cependant, l’amateur, le passionné ou tout simplement le professeur pourra trouver, au travers des monographies régionales et des deux synthèses issues d’opérations d’archéologie préventive menées par l’INRAP, quelques éléments utiles à propos de la vie de cette époque. Ces travaux se distinguent en outre par le caractère majeur des sites étudiés, leur aspect novateur, tant en termes méthodologiques que scientifiques.

Le résultat d’une longue enquête On trouvera plus de renseignements à son propos ici : https://www.inrap.fr/l-habitat-et-l-occupation-des-sols-l-age-du-bronze-et-le-debut-du-premier-age-du-11867.

C’est peu de temps après l’enquête centré sur l’habitat rural du second âge du Fer en 2005 que l’idée de faire de même pour la période du Bronze est apparue. Ce programme, toujours en cours, a fait l’objet d’une restitution lors d’une table ronde qui s’est tenue à Bayeux en 2011 et ce volume constitue donc un bilan intermédiaire, si on peut dire, de cette vaste enquête nationale qui ne représente pas moins qu’un cumul de plus de 20 années de recherche en archéologie préventive laquelle s’est grandement développée et à pris le relais des recherches programmées en perte de vitesse.
On ne s’étonnera donc pas de voir parmi les contributeurs, un nombre plus qu’important de chercheurs issus des équipes de recherche de l’INTAP. On notera aussi cependant la présence de scientifiques issus du CNRS ou d’autres organismes comme l’EPHE, l’Université de Montpellier, le MNHN, le CRAVO… notamment pour la partie des recherches qui concernent l’archéozoologie, l’archéobotanique ou le chrono-environnement.
Projet collaboratif par excellence, l’enquête bronze s’est aussi inscrite dans une logique de la politique scientifique de l’INRAO à laquelle a été rajoutée la constitution d’une base de données et son opérabilité vers un Système d’information GéographiqueElle s’est aussi largement inspirée de la démarche commune mise ne place en Picardie à l’occasion de l’écriture du bilan de la recherche archéologique. Cette mise en commun des matériaux dans une base de données permettra une meilleure future exploitation des ressources qui apparaissaient auparavant comme hétérogènes..

Comme souvent en matière de préhistoire l’approche est ainsi globale et on découvre au fil des pages un travail multiscalaire de géographes. En effet, une des finalités de l’enquête aura été de comprendre les modalités d’implantations, en considérant les sites et les paysages dans lesquels ils s’insèrent. Cartes nationales et descriptions locales (statuts des installations rurales comme zone d’activité, stabulation, ferme isolée, hameau, sépultures et cimetières, nécropoles) alternent donc avec des analyses sur les relations commerciales et culturelles entre les différentes régions ce qui permet de mesurer les liens qui unissaient ces espaces pour former des réseaux de peuplement cohérents et compréhensibles.

Cependant cantonné au début à l’âge du bronze, il est aussi apparu aux responsables, la nécessité d’y inclure les données déjà bien fournies de l’âge du Fer mais aussi celles qui concernent les pratiques funéraires et d’aborder les questions liées au paléo-environnement (même s’il n’y a pas de synthèse pour le moment). Ainsi les données de l’archéozoologie et de l’archéobotanique ont été intégrées dans une métabase.

Enfin, a été aussi pris en compte des milieux peu explorés comme les sites en grotte et les milieux subaquatiques qui ont commencé à fournir de précieuses informations (A lire dans le chapitre sur la carpologie). L’ensemble devrait ainsi donner de nouvelles perspectives de recherches.

D’ors et déjà, les premiers résultats de cette enquête qui a permis une importante modélisation, permettra la validation ou non de systèmes interprétatifs relatifs à la formation des réseaux hiérarchiques de l’habitat et de l’organisation du territoire car l’âge du Bronze est une étape clé de la construction de ceux-ci et des sociétésDans les années 1980, l’âge du Bronze était considéré comme un continuum long d’un millénaire et demi durant lequel on observait une hiérarchisation de l’habitat associé à une gradation de la taille et du statut des habitats, depuis la ferme jusqu’au village aboutissant au premier âge du fer à l’émergence du phénomène urbain..

L’ouvrage.

L’ouvrage présente donc 14 communications : 2 synthèses thématiques (carpologie, archéozoologie) et 12 synthèses régionales lesquelles sont toutes sous le même format (cadre géographique, état de la recherche, chronologie régionale, forme de l’habitat, architecture, pratiques funéraires, territoire). Seules, 5 anciennes régions ne sont pas renseignées (Aquitaine, Auvergne, Jura, PACA et Corse).
On distinguera deux chapitres en particulier : celui sur la présentation des « ressources et de l’économie agricole en France à l’âge du Bronze et au premier âge du Fer » pour lesquelles les données carpologiqueLa carpologie est basée sur l’étude des restes de graines et fruits conservés dans les sédiments archéologiques ont été mise en avant et celui sur « les consommations carnée à l’âge du bronze : bilans et perspectives » qui produit un bilan sur le cheptel et les produits cynégétiques.

Dans le premier, l’étude des plantes domestiques et sauvages, cueillies par l’homme ou apportée accidentellement complète une enquête de 2009. Elle est instructive pour découvrir une image plus précise de l’archéologie (étude du matériel carbonisé mais aussi du matériel gorgé d’eau (puits, site palafithique) en carpologieLes graines et les fruits permettent parfaitement de percevoir l’économie agricole.. Quant au second chapitre et malgré l’indigence des donnéesLe chapitre ne peut pas constituer de synthèse : Malgré l’existence de 500 sites d’habitats (novembre 2011), un nombre important d’entre eux sont dépourvus de faune en raison de l’acidité des sols. Seuls, 40% mentionnent des indices de faune et 79% sont du bronze final et de l’hallstatt ancien., on pourra lire avec attention les deux études de cas présentées : le site fortifié de hauteur, Boulancourt en Seine et Marne et Villiers sur Seine (bronze final IIIb).

L’ensemble pourra rendre plus concret l’approche de cette période pour nos élèves du cycle 3 pour le thème « Et avant la France ? » où on « cherchera de manière prioritaire à faire comprendre à l’élève que l’occupation de l’espace correspondant aujourd’hui au territoire français est ancienne et qu’il en reste des traces et des héritages ». L’âge du bronze a été en effet le moment de la constitution de notre environnement et notamment de sa modification avec l’augmentation de l’emprise des activités agro-sylvo pastorale sur le milieu et l’introduction de nouvelles espèces qui vont enrichir et le modifierOn pensera au seul site de consommation de fruit allochtone : Marseille, premier âge du Fer (VIe s av. J.-C.) avec le grenadier, arbuste d’origine sud caspienne possiblement acclimaté sur place..