Cet ouvrage a été rédigé par un collègue qui a fait une assez longue carrière dans le monde de l’édition. Il y a donc de fortes chances que cette publication ait été l’objet d’une étude de marché soigneuse, qui a démontré que pour les lectures de l’été, l’histoire était un genre qui garantissait le succès, dès lors qu’elle était légère, anecdotique, et plaisante à lire.
L’auteur n’hésite pas à se rapprocher très près des événements récents puisque l’on trouve parmi les citations sélectionnées par l’auteur Jacques Chirac en 1995 sur le thème de la «fracture sociale», Nicolas Sarkozy en 2007 sur «le changement ou l’immobilisme, l’audace ou la frilosité» tout comme des citations plus classiques: « Je fais à la France le don de ma personne ». Tout le monde aura reconnu le maréchal Pétain dans son appel aux Français du 17 juin 1940.
La plupart des citations sont assez connues, et elles font véritablement partie du patrimoine culturel dans l’histoire de France. Entre « le souviens toi du vase de Soissons » de Clovis, où le « il paraît encore plus grand mort que vivant » prononcé par Henri III après l’assassinat du duc de guise dans le château de Blois, le 23 décembre 1588, ce livre permet un joli voyage dans le temps.
L’auteur présente le contexte de chaque événement qui avait été à l’origine de la citation présentée. Il en est quelques-unes qui sont plutôt mal connues comme ce : « debout les morts ! » Prononcé le 8 avril 1915 prés de Verdun par l’adjudant Péricard. L’auteur avoue toutefois que l’adjudant s’est plus tard souvenu avoir dit : « qu’est-ce que vous foutez par terre ? Levez vous et allons foutre ces cochons là dehors ! » On reconnaîtra que c’est forcément moins glorieux mais peut-être plus adapté aux circonstances !
Dans le genre découverte, cette devise du financier Jacques Cœur devenu un proverbe : « à cœur vaillant, rien d’impossible » est inscrite sur le pavillon d’entrée de son hôtel particulier à Bourges.
L’ouvrage est également illustré par des gravures tirées des livres d’histoire de la IIIe République qui usait largement de ces citations pour marquer les esprits des écoliers.
Il n’est pas désagréable non plus de découvrir que certaines affirmations, qui sont entrés dans la mémoire, se sont révélés bien inexactes. Lors de la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, Adolphe Thiers avait déclaré à propos de celui qu’il soutenait : « c’est un crétin que l’on mènera ». On connaît la suite.
Si la plupart des citations sont connues et à peu près situées dans le temps et dans leur contexte pour des collègues ayant légèrement franchi le seuil de la cinquantaine, il n’est pas évident que pour les jeunes générations ce soit aussi le cas. Les manuels d’histoire plus récents se sont débarrassés de ces scories héritées des manuels de la IIIe République au profit de démarches plus thématiques. Pourtant, ces citations avaient l’avantage de fournir des repères mêmes si la conception de l’histoire qui présidait à leur utilisation peut apparaître comme discutable.
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Ce qui est sûr en tout cas, c’est que les lecteurs qui ne sont pas historiens de formation, mais qui s’intéressent aux faits historiques, pourront certainement y apprendre des choses tout en se divertissant, ce qui somme toute est assez honorable.
Bruno Modica