L’Historial de la Grande Guerre réunit les musées de Péronne et de Thiepval autour de la thématique de la Première Guerre mondiale.

Cet ouvrage paraît à l’occasion du centenaire de l’Armistice de 1918 et nous présente les collections uniques de ces deux lieux.

Introduit par un livret de 8 pages, la visite commence par le musée de Péronne créé en 1992 à l’initiative du département de la Somme. Le mot Historial entre Histoire et Mémorial est alors inventé à l’occasion, traduisant le lien entre les « dimensions historiques et mémorielles ».

Premier musée à croiser les visions allemandes, anglaises et françaises, l’Historial est axé sur une approche culturelle de la Grande Guerre. C’est également un lieu de recherche créé par Jean-Jacques Becker, Gerd Krumeich et Jay Winter à la base d’une nouvelle historiographie de la Grande Guerre, « affranchie de préoccupations trop exclusivement politiques, diplomatiques et militaires. »

La présentation du musée s’appuie donc sur la mise en parallèle des 3 pays déjà cités mais aussi sur les récits « d’en bas », sur les acteurs de l’histoire, sur une histoire « expérientielle ».

Le musée a évolué, inversant le parcours de visite en commençant désormais par l’avant 1914 pour ensuite  « être jeté sans transition dans le monde de la guerre, monde qui s’élargit sans cesse dans les salles suivantes ». En entrant ensuite dans la salle Otto Dix, puis dans la dernière salle le visiteur se rend compte des conséquences au long terme de la Première Guerre mondiale. L’Historial est d’ailleurs l’un des rares musées au monde à posséder l’œuvre complète des 50 eaux-fortes réalisées par l’artiste Otto Dix « Der Krieg ».

70 000 pièces et documents originaux constituent les collections permanentes et temporaires de l’Historial. Artisanat de tranchées, cartes postales, affiches, témoignages, équipements militaires, journaux, œuvres d’art, jouets, photographies, films… autant de témoins de cette époque.

Ce livre est très richement illustré avec 8 modules dépliants qui donnent une vision des thématiques abordés : « Vers la guerre », « L’humanité en guerre », « Innovations au service de la guerre », « La bataille de la Somme », « Violences de guerre, destructions, traumatismes », « Espérer, rêver, combattre l’ennemi », « Deuils, disparitions, mémoires », « Sortir du conflit ».

Un second livret de 8 pages introduit le musée du site de Thiepval  consacré à la bataille de la Somme, il est ouvert depuis 2016. Sa scénographie est très originale avec un vaste panorama de l’offensive du 1er juillet réalisé par Joe Sacco. Né à Malte en 1960, il émigre avec sa famille en Australie puis aux Etats-Unis. Il commence une carrière de journaliste mais décide de réaliser ses premières bandes dessinées. Il séjourne en Palestine à plusieurs reprises et démarre un travail considéré comme l’acte de naissance du « journalisme en bande dessinée ». Après plusieurs œuvres primées, il publie en 2014, « La Grande Guerre,  le premier jour de la bataille de la Somme reconstitué heure par heure », œuvre de 7 mètres de long sous la forme d’un leporello.

La bataille de la Somme « symbolise la dimension internationale de la guerre » avec 3 millions de soldats d’une vingtaine de nationalités différentes qui vont s’affronter sur un front de 45 kilomètres. L’arc de triomphe de Thiepval est le plus important mémorial britannique avec 72 000 noms de soldats morts ou disparus inscrits. La tradition britannique veut que le soldat soit enterré à l’endroit où il est tombé. Ce qui explique l’importance de ce lieu de pèlerinage de guerre pour les Britanniques et les nations de l’Empire.

Le musée de Thiepval présente donc cette fameuse bataille avec les visions françaises et allemandes, une cartographie des arrières, une salle consacrée aux disparus et aux as de l’aviation jusqu’à une présentation des espaces de mémoire du département.

Ce livre est très bien réalisé, certes c’est un petit format (15 x 19,5 cm) mais le système de modules dépliants lui donne une belle ampleur. Les illustrations sont de grande qualité et très variés sur les sources présentées. Le texte présente bien les deux musées, leur genèse mais aussi donne une vision globale des recherches sur la Grande Guerre.

C’est une belle introduction avant une visite de ces deux sites ainsi que sur d’autres ouvrages plus pointus sur le sujet.