Un manuel d’introduction à l’épistémologie de la géographie

Après deux synthèses dédiées à l’archipel philippin et la mondialisation, les Editions Universitaires de Dijon publient un manuel de géographie écrit par le géographe Yves Boquet. L’auteur propose une introduction au raisonnement et à l’histoire de la discipline dans un ouvrage volumineux dépassant les 400 pages.

Professeur à l’université de Bourgogne Franche-Comté, l’auteur utilise ses qualités didactiques pour dresser un panorama historique et scientifique à travers 13 chapitres. L’organisation est binaire : une partie rédigée assimilable à un cours d’université d’une quinzaine de pages, puis une bibliographie détaillée d’environ 5 pages.

La géographie, on l’aura compris à travers les quelques pages de ce chapitre introductif, est riche et plurielle. Les chapitres à venir vont chercher à retracer ses principales évolutions, étapes depuis l’Antiquité, en mettant l’accent sur les principaux courants de pensée géographique apparus en Allemagne, en France et dans le monde anglo-saxon, tels que des personnalités importantes de l’histoire de géographie les ont fait apparaître et se développer. Les décennies récentes ont vu la montée des technologies dans les méthodes de travail des géographies, en particulier l’outil satellital pour la télédétection spatiale et l’ordinateur pour la cartographie automatique des données et les systèmes d’information géographiques (SIG).

Yves Boquet, Géographies et géographies, 2018, page 25.

A partir du deuxième chapitre, le plan est chronologique : la Grèce antique, les pratiques cartographiques à l’époque médiévale, les apports de la Renaissance, les premiers pas de la géographie allemande au XIXème siècle, l’école vidalienne, les économistes-spatiaux (Von Thünen, Lösch, Marshall, Zipf), l’émergence de la « Nouvelle géographie », l’apparition et le développement des SIG avant de conclure par un panorama de thématiques actuelles (et futures).

Dans une discipline souvent décriée pour l’utilisation d’un jargon précis, l’ouvrage se démarque par sa remarquable clarté. Chaque terme, même simple, apparaît avec une explication et un exemple localisé. Il s’agit d’un point forts de ce manuel. Pour les étudiants et enseignants en formation, le livre cumule plusieurs atouts : des chapitres courts, une progression linéaire, des centaines d’exemples précis (lieux, chercheurs). En plus, le manuel est peu coûteux (15€) et les exemples ne se limitent pas aux territoires de spécialité de son auteur (États-Unis, Chine, Philippines).

L’édition est très soignée, ce qui permet de s’y retrouver facilement. A l’instar de la cohabitation de l’architecture coloniale et contemporaine du centre-ville de Santiago du Chili, les photographies et documents sont en couleur. Trois index et deux annexes sont situés à la fin :

  • un index des personnes (depuis Thalès de Milet à Christian Grataloup en passant par Martin Waldseemüller, Yves Lacoste et les deux David Livingstone).
  • un index des lieux (du fleuve Amour aux îles).
  • un index des notions (très précieux pour les concours et permettant de lire les derniers apports de l’épistémologie de la discipline).

En ce qui concerne les annexes, la première présente les sigles et abréviations les plus communes. Pour réviser les plus usités : CNFG, DATAR, SCOT mais aussi ceux issus de la géographie anglophone comme la SEAGA ou la GR. Notons une coquille glissée à la page 422 pour l’IJURR.

La seconde annexe témoigne véritablement d’une utilisation estudiantine. Afin de limiter les freins à la lecture d’ouvrage en langue anglaise, Yves Boquet propose un glossaire anglais-français. Il est dédié aux principaux termes que l’on rencontre dans un ouvrage universitaire traitant de science sociale. Cette partie s’avérera utile pour les cours de DNL dans les lycées : ageing (vieillissement), lot (parcelle de terrain), threshold (seuil), trade winds (alizés)…. La traduction en anglais d’un terme français est également proposée à la fin du livre.

Ce manuel devrait rapidement devenir visible dans les longues bibliographies distribuées aux étudiants au début d’un semestre. De la part du même auteur, espérons que le volume consacré à la géographie des Philippines paru chez Springer en 2017 soit prochainement traduit en français. Il permettrait de compléter la mince documentation disponible en française sur cet État d’Asie du Sud-Est pourtant sous les lumières médiatiques.

Reconnaissable à son format compact et sa couverture rouge, il s’agit d’un futur ouvrage de référence pour la première année d’étude en géographie à l’université ou en classe préparatoire. Précis, clair et didactique pour comprendre les raisonnements géographiques et la place du géographie dans la société contemporaine.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes