Il possède 397 marches et est classé au titre des monuments historiques : de quoi s’agit-il ? Du phare de l’ile Vierge dans le Finistère auquel cet ouvrage est consacré. Il est magnifiquement illustré par Emmanuel Lepage, dessinateur et scénariste de BD qui a le rare privilège d’avoir été nommé Peintre officiel de la Marine. Parmi ses autres ouvrages, on peut citer « Voyage aux îles de la Désolation » ou encore «  La Lune est blanche ». Goulc’han Kervella, écrivain et metteur en scène breton, a écrit les textes de cet album. A la fin de chaque partie, on trouve une rapide bibliographie.

L’ermitage insulaire des Cordeliers

Les premières traces certaines d’occupation de cette île remontent à l’époque mérovingienne comme en témoignent des pièces retrouvées. Ensuite, on peut signaler au XVème siècle la fondation du couvent des Cordeliers. Il est d’ailleurs à noter que les ermitages insulaires à la Renaissance sont une spécificité bretonne. Cependant, cette installation ne dura pas car la terre était stérile. 

Une tour à feu entre Ouessant et Batz 

La deuxième partie commence d’abord en rappelant l’importance de signaler les dangers liés à la navigation près des côtes. Un feu permanent sur l’abbaye de la pointe Saint-Mathieu est ainsi attesté dès le XVème siècle. Entre 1825 et 1880, des progrès fulgurants sont réalisés dans la signalisation maritime et c’est à ce titre qu’un projet de phare sur l’île Vierge est lancé. L’île est achetée par l’Etat en 1844.

Construire le grand phare pour l’histoire 

Après bien des travaux, le phare est achevé. L’écrivain Charles Le Goffic a d’ailleurs relaté en 1900 sa visite du phare en pleine construction. Il est mis en service deux ans plus tard et il est alors le plus haut de tous les phares d’Europe avec 82,5 mètres.  

Gardiens de phare : le sens du devoir

Deux gardiens se relaient pour surveiller le bon fonctionnement de la lumière. Le texte de Goulc’han Kervella détaille leur quotidien. « On nettoie la cheminée de service et les glaces de la lanterne, on couvre la lampe de sa coiffe. Et on note sur le cahier de veille toutes les manœuvres réalisées … ».

Goémons d’hier et d’aujourd’hui 

L’île Vierge, ainsi que tout le littoral, constitue un lieu idéal pour l’exploitation des algues marines ou goémon. Le texte donne quelques exemples possibles d’utilisation. Ce travail de collecte du goémon était rythmé par la lumière des phares. Le règlement interdisait en effet de récolter le goémon avant l’extinction des feux de phare. 

L’île Vierge, la nature en majesté

L’île Vierge fait partie d’un archipel qui compte dix-neuf îles. L’île est une succession de pointes rocheuses et de petites criques. Cette partie présente notamment quelques-unes des espèces de goélands que l’on peut y trouver. Les oiseaux de passage s’écrasent parfois contre les vitres du phare.

Enez Werc’h au rythme du siècle 

En 1939-1945, les trois phares de Plouguerneau sont occupés par l’armée allemande. En 1978, a lieu la catastrophe de l’Amoco Cadiz qui causa à l’époque la plus grande marée noire jamais connue. Quelques années auparavant un mouvement d’automatisation des phares avait commencé. Les gardiens se mobilisèrent, refusant d’abandonner leur phare. En 2010, les derniers gardiens ont quitté le phare et, en 2011, il a été classé monument historique. 

La postface précise que des travaux de préservation ont eu lieu entre 2018 et 2021 et le phare est devenu un gîte patrimonial. Ce très bel ouvrage donne envie d’aller sur place goûter un peu, même de façon très touristique, la vie des gardiens de phare.

 

Jean-Pierre Costille