Dans cette nouvelle BD, Alain Ayroles s’appuie sur les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos pour suivre le parcours chaotique du chevalier de Saint-Sauveur. Ce noble libertin semble ne voir la vie que comme un amusement et une source de défis autour de sa vie sexuelle.
Pour raconter cette vie en 3 tomes, les auteurs ont choisi de mêler aux planches des extraits d’échanges épistolaires, permettant ainsi d’approfondir le contexte ou la psychologie de telle ou telle situation ou de tel ou tel personnage. Néanmoins, ces passages peuvent parfois interpeller le lecteur car on ne sait pas toujours qui parle. D’une manière générale, d’ailleurs, la lecture demande de l’attention, que ce soit pour le travail au niveau des dialogues et des paysages.
A travers ce tome, c’est tout un univers qui est décortiqué pour mieux être critiqué ou dénoncé : la noblesse du XVIIIe siècle. Derrière un amour officiel affiché pour le progressisme philosophique de l’époque, nous découvrons un monde de trahisons, d’hypocrisie, de rumeurs et de perversions.
Difficile de juger la qualité globale d’une trilogie à partir d’un seul tome, mais la fin ouvre des perspectives intéressantes avec ce nouveau monde et ce voyage en mer qui rappellent forcément Les Indes fourbes ou 1629. Il faut espérer que ce ne soit pas pour autant une lointaine copie.
Au final, on retrouve de l’aventure, de l’humour, de l’action tout en prenant le temps de complexifier la personnalité du « héros » (mais en est-il vraiment un ?). La BD se dévore et le chevalier de Saint-Sauveur et ses acolytes interpellent et attirent autant qu’ils repoussent. Il y a une réelle envie de découvrir la suite et c’est tout ce que l’on peut demander à un premier tome.
Présentation de la BD sur le site de l’éditeur
Présentation des auteurs sur le site de l’éditeur
« Né en 1968 dans le Lot, Alain Ayroles rencontre aux Beaux-Arts d’Angoulême ses futurs complices Bruno Maïorana et Jean-Luc Masbou. Leur passion commune des jeux de rôles lui inspirera le scénario de Garulfo, bondissant conte de fées satirique dessiné par le premier, et celui de De Cape et de Crocs, comédie d’aventures empreinte des classiques du XVIIe siècle, qu’il confie au second. Scénariste doté d’un sens aigu du dialogue et de la mise en scène, Alain Ayroles aime retourner aux sources des grands récits, pour mieux les détourner. Il revisite ainsi, avec le dessinateur Luigi Critone, l’épopée viking dans l’album Sept missionnaires, puis retrouve Bruno Maïorana, pour la trilogie D, une ténébreuse histoire de vampires, à la fois novatrice et fidèle aux canons du genre. C’est au roman picaresque espagnol auquel il s’est le plus récemment essayé, avec le récit fleuve dessiné par Juanjo Guarnido et paru en 2019 : Les Indes fourbes. »
« RICHARD GUÉRINEAU est né le 18 Novembre 1969 et réside en Gironde. Sa rencontre en 1991 avec le scénariste Corbeyran marque un tournant dans sa carrière. Le duo crée, en 1994, L’As de Pique chez Dargaud , puis, en 1997, Le Chant des Stryges , qui rencontre un vif succès et fait désormais partie des séries phares des Éditions Delcourt. Pour cette série, il adapte son style graphique : son trait nerveux et ses cadrages serrés servent brillamment ce récit mené tambour battant. En 2008, il s’associe avec Henri Meunier pour le western Après la nuit , sur lequel il participe également au scénario, puis en 2010 sur le deuxième tome de la série concept Le Casse – Le Troisième jour . En 2012, il réalise un opus de la série XIII Mystery (Dargaud) avec Fabien Nury. Puis arrive l’adaptation du roman de Jean Teulé, Charly 9, où il est à la fois scénariste, dessinateur et coloriste. Il nous propose aujourd’hui sa propre suite avec Henriquet, l’homme reine. Avec Croke Park qui aborde la lutte sans merci que se livrent espions anglais et révolutionnaires irlandais à Dublin, dans les années de guerre civile irlandaise, il relève brillamment un nouveau défi. »