Cet ouvrage fait partie d’une collection dirigée par le Docteur Xavier Riaud et consacrée à « une histoire grand public de la médecine ». Docteur en Chirurgie Dentaire de profession, l’auteur est par ailleurs membre de plusieurs associations d’histoire de la médecine françaises et américaines. Il a déjà publié chez le même éditeur « la pratique dentaire dans les camps du IIIème Reich » et « Les dentistes allemands sous le IIIe Reich ». De toute évidence passionné par son sujet il prépare un doctorat d’Histoire des Sciences et Techniques à Nantes.
CR par Sophie Pereira
Ce travail sur les dentistes pendant la Guerre de Sécession s’appuie sur un corpus de livres et d’articles parus pour la plupart aux Etats-Unis, ainsi que sur des documents issus d’archives civiles et militaires. L’auteur montre comment les hommes de cette profession, encore naissante, ont été incorporés dans les corps d’armées du nord et du sud non seulement pour leurs compétences professionnelles mais aussi et surtout en tant que combattants. Certains ont d’ailleurs joué un rôle plus important du point de vue militaire ou même politique que du point de vue médical.
La première partie du livre dresse un rapide tableau de « la dentisterie pendant la guerre civile ». En 1860, la profession de dentiste n’est pas reconnue comme faisant partie de la médecine et seules trois écoles enseignent ce métier à Baltimore, Cincinnati, Philadelphie. Le nombre des dentistes formés est donc très restreint (moins de 1000 répartis à part égales entre le nord et le sud). Les fournitures dentaires sont fabriquées dans les états du nord.Avec le déclenchement de la guerre, des différences apparaissent entre les armées du nord et du sud. L’armée confédérée fait le choix d’incorporer les dentistes pour qu’ils puissent soigner les soldats. L’enjeu n’est pas négligeable: les hommes qui n’ont pas « six couples dentaires antérieurs » sont automatiquement réformés car ils ne peuvent pas déchirer leurs cartouches et mâcher correctement leur nourriture, de plus un mauvais état dentaire est considéré comme étant le signe d’un mauvais état de santé. A l’inverse, l’armée fédérale ne met pas en place de service pour les soins dentaires. Les dentistes sont donc incorporés comme soldats ou officiers et ce sont de simples aides soignants qui se chargent d’arracher les dents ou de soigner les abcès. Les soldats de l’Union avaient apparemment des problèmes dentaires importants (aggravés par les cas de scorbut liés à la malnutrition) et devaient consulter des dentistes civils sur leur propre solde. Cette première partie est illustrée par une dizaine de documents: photographies, dessin, extrait de circulaire et de pétition, tableau de rémunération, couvertures de revues…Les parties suivantes sont consacrées aux « difficultés de la manufacture Brown & Hape pendant la guerre civile » (cette entreprise d’Atlanta fabriquant des fournitures dentaires a dû fermer parce que ses employés avaient été appelés sous les drapeaux), ainsi qu’à l’histoire de plusieurs dentistes impliqués dans le conflit. Elles sont le plus souvent illustrées par des extraits de documents comme les « mémoires d’un dentiste confédéré » .
Les sept annexes présentent quelques cas particuliers liés à la chirurgie bucco-dentaire ou aux tous débuts de la chirurgie réparatrice faciale dans le conflit. On y trouve également un tableau statistique des « blessures rencontrées sur le crâne ». Un tableau des repères chronologiques importants concernant la guerre, la médecine et l’odontologie termine l’ouvrage.
Ce livre peut être considéré comme une introduction à un aspect assez pointu de l’histoire de la Guerre de Sécession. On pourra regretter des défauts dans son plan et sa structure. Ouvrage d’amateur éclairé, il apporte des informations sur la santé dentaire des soldats des deux armées (rapidement évoquée) et le cursus de quelques dentistes américains pendant la guerre civile.