Les recherches de Benoit Vaillot diplômé en histoire contemporaine (Université de Lyon), et en science politique (Sciences Po Lyon), est agrégé et docteur en histoire de l’Institut universitaire européen ; après avoir enseigné l’histoire-géographie en collège et lycée de 2014 à 2016, et l’histoire contemporaine en licence à l’Université de Lyon de 2013 à 2016, et à l’université Paris Nanterre de 2022 à 2023. il occupe aujourd’hui un poste de chercheur à l’Université de Strasbourg et au Centre Marc Bloch de Berlin. s’inscrivent résolument dans une démarche d’histoire sociale et politique de la construction des souverainetés et des identités nationales en Europe aux XIXe et XXe siècles.

Il adopte une approche transnationale et par en bas centrée sur les acteurs ordinaires et intermédiaires. Les frontières et les espaces frontaliers constituent des postes d’observation privilégiée de ces phénomènes historiques majeurs. C’est l’ensemble des pratiques à travers lesquelles les populations mobilisent et actualisent leur sentiment d’appartenance nationale et leur participation active, de façon directe ou indirecte, à la construction et au renforcement de la souveraineté qui l’intéressent. Les frontières comme espaces de production de différenciation écologique retiennent aussi son attention. Actuellement, il conduit des recherches visant à proposer une histoire globale de la souveraineté aérienne aux XIXe et XXe siècles.

Il publie ici sa thèse de doctorat thèse qui propose une histoire, transnationale et par en bas, de la frontière tracée entre la France et l’Empire allemand à la fin de la guerre de 1870 et disparue avec les premiers combats de la Première guerre mondiale.

Rarement une frontière n’aura autant retenu l’attention de ses contemporains et aussi bien illustré sa fonction de point d’équilibre entre deux puissances antagonistes, à l’ère des États-nations ; L’Invention d’une frontière est un ouvrage éminemment original par sa thématique et le traitement qu’il offre des relations entre France et Allemagne, Benoît Vaillot proposant d’étudier la frontière non pas au travers des accords diplomatiques et étatiques, mais par la manière dont les habitants la percevaient et la vivaient. Il choisit d’analyser la frontière franco-allemande après la défaite de la France face à la Prusse en 1870 et les tracés nés de l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par le Ier Reich en 1871. Il en étudie les évolutions jusqu’en 1914.

Initialement et jusqu’en 1886-1887, date à laquelle la volonté de revanche de la France se fait plus pressante, la frontière restait relativement ouverte. Mais alors que les passages se réalisaient sans embûche jusque-là, l’Allemagne a, à cette époque, commencé à émettre des restrictions. La matérialisation de cette frontière est surtout marquée par la volonté de surveillance des espaces routiers et aériens (!), les autorités allemandes multipliant les contrôles à l’aide de dirigeables. Enfin, l’auteur note que le contrôle des espaces forestiers a aussi été un élément important dans la nouvelle délimitation de la frontière.

Plaisant à lire (Benoît Vaillot est un vrai conteur), l’ouvrage est riche et fort intéressant. Il sera d’une grande utilité pour ceux parmi nous qui enseigne en 1ere générale, en tronc commun comme en spécialité (thèmes des frontières et de la puissance).