Petit ouvrage de la collection le fait religieux dirigé par Jean Delumeau, l’Islam du professeur de l’Université de Tunis Azzedine Guellouz, se révèle parfaitement adapté à tous les lecteurs qui souhaitent découvrir rapidement mais de façon très rigoureuse la seconde religion du monde et sans doute celle dont les adeptes progressent le plus rapidement, sous le double effet de la poussée démographique, et d’un prosélytisme qui rejoint des interrogations fondamentales sur l’homme et la Foi.
Bruno Modica

La division en parties de ce petit livre est à la fois chronologique et en même temps logique du point de vue du dogme. C’est d’ailleurs les dogmes et les croyances qui ouvrent cet ouvrage, avant que ne se pose le double problème, historique et théologique, de la transmission de ce message.

La division de l’Islam, des kharedjites, la première des scissions de l’Islam, à la grande rupture du Chiisme, permettent au lecteur de s’initier aux arcanes des différents courants de cette religion. En quelques pages, cela permet de se retrouver un minimum dans les arcanes des différentes obédiences du chiisme, des ismaïliens aux zaydites en passant par les duodécimains, majoritaires en Iran et en Irak. Par contre, les affrontements entre les uns et les autres, les persécutions des sunnites sur les courants minoritaires sont rarement évoquées.

On regrettera d’autant plus que certains courants sans doute très minoritaires mais en même temps importants au niveau local, ne soient pas mieux explicités. Cela aurait pu être le cas des druzes du Liban et des alawites de Syrie.

Finalement, et paradoxalement, le moins bien connu des courants de l’Islam, à la fin de cette partie reste le sunnisme, qui est quand même largement majoritaire. Ce courant est divisé en écoles, dépendant sans doute de points précis de l’interprétation de l’Ecriture.
On apprendra à cette occasion que les différentes écoles juridiques de l’Islam, malékites, hambalites, hanéfite et shahéfites peuvent se visualiser au moment de la prière. Les malékites, contrairement aux hambalites gardant leurs bras le long du corps.

L’absence de clergé officiellement constitué est tout de même spécifique à ce courant, tout comme son rapport particulier à la politique. De ce point de vue, l’ouvrage reste totalement muet, et en tout cas, insuffisamment explicite pour intéresser un historien.

La vie religieuse est déclinée du point de vue des cinq piliers, de la profession de foi au jeune, en passant par le pèlerinage. C’est sans doute dans cette partie que se trouvent le informations les plus intéressantes. Malheureusement, elles ne sont pas forcément précisées dans leur contexte, ni dans leur origine, par rapport aux deux monothéismes précédents. La référence à Abraham, Ibrahim, est à peine explicitée, et seul le ramy al-jimar, le jet rituel de trois fois sept cailloux en direction des idoles est expliqué du point de vue des divinités anté-islamiques auxquelles les fidèles se doivent de renoncer.

La fin de l’ouvrage traite en quelques pages de religion et de société et la question qui se pose ci est de savoir si ces quelques feuillets peuvent éclairer l’historien quand à la perception que l’Islam peut entraîner du point de vue du changement social. Le rappel utile d’un Livre qui ne prétend à aucun moment dispenser la communauté d’une construction juridique sert en effet une évolution visant à séparer le religieux du politique.

Les deux cent versets qui traitent de questions de société, et dont une partie seule intègre des notions juridiques, sont associés à des considérations d’ordre moral et spirituel. De ce fait, la tendance à prendre certains points de dogme et à les ériger en lois, est souvent favorisée et fait le lit des interprétations simplistes de l’Islam.

De la même façon, le lecteur restera sur sa faim en découvrant les lignes consacrées aux droits de l’homme et à la place du politique dans le religieux, qui restent essentiellement théoriques.

Le rappel final à la tolérance, sur la déontologie du dialogue est sans doute aussi la marque d’une volonté d’apaiser les consciences, en insistant sur le fait que la contrainte de conversion n’appartient qu’à Dieu. Pourtant, à partir des hadith, les statuts particuliers, et discriminatoires, des gens du livre en terre d’Islam, sont aussi une réalité.

Ce petit livre est en effet d’avantage consacré au Coran et à la foi qui en découle qu’à l’Islam. Utile sans doute pour une première approche sur les fondements du dogme, il a d’avantage de chances de séduire le philosophe et le théologien que l’historien.

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