L’or au bout du monde est un diptyque imaginé par Jérôme Félix sur les conseils de Philippe Esnos. Le premier tome suivait le parcours de Laureen dont la vie basculait, après avoir appris qu’elle était l’héritière d’un aventurier parti en Equateur, à la recherche d’un trésor, le trésor d’Atahualpa. Cet aventurier, qui n’est autre que son père disparu depuis des années, lui laisse les indices pour retrouver ce trésor. Voulant sauver sa fille, conçue après un viol et déposée dans un orphelinat religieux, Laureen se lançait dans cette quête impossible.

Ce 2e tome se consacre à la figure de l’aventurier Doug. Laureen passe plus au second plan, même si son parcours est conclu à l’issue de cette histoire. Au cœur de cette BD, la quête du trésor et ses conséquences. Celles-ci sont principalement humaines. La convoitise, l’appât du gain, les difficultés du chemin… voilà des hommes pris rapidement par la folie et la perte des repères, géographiques et sociaux. C’est une manière de faire ressortir un côté animal et sauvage enfoui au plus profond de chacun des participants à cette aventure.

Peu de bonheur au sommaire de ce 2e volume : les hommes, les décors, les relations humaines sont sombres et violents. Quasi aucun personnage secondaire ne semble contenir ne serait-ce qu’une once d’humanité et de compassion pour son prochain. Doug incarne une volonté infaillible, une soif de gloire et de richesses que même la mort n’effraie pas.

Comme pour le 1er tome, Jérôme Félix a été aidé par un aventurier français, Philippe Esnos, chasseur de trésor, en particulier celui d’Atahualpa. Mort en 2020, ce dernier a été sollicité par l’auteur pour qu’il lui raconte cette vie d’aventure. Comme dans le premier volume, un dossier lui est consacré en fin d’ouvrage, par l’intermédiaire de l’interview d’un de ses successeurs, Olivier Gondard. Cette interview nous permet d’en savoir plus sur la mentalité et la manière de vivre de ces personnages particuliers.

 

Au final, ce diptyque nous plonge dans un univers particulier, à la fois attractif et repoussant. Une vraie découverte et une vraie réussite.