Les éditions Scrineo lancent une nouvelle collection intitulée « Vis la vie … ». Celle-ci « emprunte le ton immersif des romans dont on est le héros et l’accompagne d’une riche iconographie pour mieux visualiser l’époque ». Le lecteur s’embarque donc avec Lucien au moment de la guerre de 14. L’auteur, Arthur Ténor, qui a précédemment publié d’autres titres chez le même éditeur, précise qu’il a essayé d’écrire un livre où la restitution de la vie de l’époque ne soit ni exagérée ni édulcorée.
Informations, prolongements et jeux
Chaque chapitre est composé d’un récit dont l’époque est précisée en terme de mois et d’année. On trouve également quelques encarts pour préciser une idée ou donner un exemple. Lorsque c’est nécessaire, des astérisques renvoient à la deuxième partie « En savoir plus » où on trouve pêle-mêle des biographies ou des éléments pour contextualiser. Une troisième partie invite à « Jouer pour retenir ». Il s’agit de QCM en lien avec une information du chapitre qui précède, de vrai-faux ou encore de textes à trous, dont on n’est pas forcément fan.
C’est parti
Le livre commence par un « Qui es-tu ? » qui permet de s’ approprier le personnage. Lucien a 22 ans, sa mère s’appelle Josiane et son père est mort. C’est un solide gaillard fiancé à Agathe. Le premier chapitre retrace d’abord les circonstances qui ont mené au conflit. Parmi les encarts, on trouve un point sur ce qu’étaient les « hussards de la République ». La vie quotidienne est également évoquée en lien avec le récit avec l’opinel. Le « Pour en savoir plus » du chapitre présente un peu plus en détail Guillaume II et Jean Jaurès ainsi que le journal « Le Matin ». La partie « Jouer pour retenir » contient à chaque fois des coups de pouce et donne également les bonnes réponses.
Comment devient-on soldat ?
Lucien n’est évidemment pas seul dans cette histoire et il s’est fait quelques camarades dans le train comme le jovial Durieux ou le plus taciturne Gabriel, instituteur de son état. La deuxième entrée insiste sur l’équipement du soldat et évoque notamment le fusil Lebel ou revient sur le terme de « Boche ». Lucien se retrouve ensuite au coeur de l’épisode des taxis de la Marne. Comme le dit le personnage « Cette fois, ça devient sérieux ».
Les premiers combats
A partir du 10 septembre, Lucien se retrouve au coeur des combats. Ce chapitre contient aussi, comme d’autres d’ailleurs, quelques images d’époque. L’auteur donne à voir ce que pouvait être la réalité des affrontements : « Une plaine après la bataille moderne, dans un matin gris brouillé au loin de bancs de brume, c’est une terre noirâtre, bosselée de tas boueux. » Il décrit également le système des tranchées et revient sur le cas des fusillés pour l’exemple. Le roman prend, et c’est logique, un tour plus sombre au fur et à mesure. En effet, le héros est ensuite confronté à la mort de certains camarades et il mesure aussi les ravages de la mitrailleuse. Le livre est très concret comme lorsque Lucien tue son premier Allemand.
L’enfer du quotidien
Plusieurs chapitres évoquent l’hiver 1915. C’est l’occasion de montrer les conditions de vie des soldats mais aussi les hésitations face à des ordres qui paraissent mener les hommes à la mort. Lucien est blessé au combat et on le croit même mort à un moment. Mais, c’est surtout son ami Durieux qui est mal en point et qui doit être évacué. On voit les moyens matériels de la médecine de guerre à l’époque. C’est l’occasion de croiser Marie Curie, mais aussi d’évoquer les rayons X. Sans doute moins connu, un encart insiste sur le rôle d’Albert Hustin qui a trouvé une méthode pour conserver le sang grâce à du citrate de sodium. Lucien a droit à quelques semaines de permission sanitaire. Il en profite pour se marier avant que la guerre ne le rappelle.
Le retour au front
Le héros se retrouve cette fois au coeur de l’enfer de Verdun. Plusieurs informations chiffrées permettent de se rendre compte de l’enfer vécu : 53 millions d’obus ont été tirés et un quart n’ont pas explosé ce qui explique qu’on en retrouve encore aujourd’hui. Comme dans le reste du livre, l’auteur prend le temps de donner de l’épaisseur au personnage en décrivant ses relations avec ses camarades.
Libre arbitre
Les trois derniers chapitres du livre sont un peu différents et s’inscrivent clairement dans l’esprit des « livres dont vous êtes le héros ». Il y a donc des choix à faire de la part du lecteur. Ainsi, lors d’un assaut, on a le choix de se réfugier dans des ruines ou dans un trou d’obus. A un autre moment, lors d’un face à face avec un soldat allemand ,on peut décider d’engager le dialogue ou de tuer l’adversaire.
L’auteur intègre une note finale où il reprend en main le destin de Lucien quels que soient les choix effectués. Il dit que le personnage de Lucien a un lien fort avec ce qu’a vécu son grand-père. Si le principe vous séduit, les éditions Scrinéo annoncent de nouvelles publications pour se mettre dans la peau d’un voyageur embarqué sur le Titanic ou encore se retrouver à Pompéi.
Jean-Pierre Costille