L’un des grands intérêts de cet ouvrage est qu’il nous présente en quelques dizaines de pages les éléments du dossier concernant l’attitude contrastée du clergé et du Vatican pendant la guerre, les hésitations de Pie XII qui s’opposent au courage de son prédécesseur Pie XI, l’antisémitisme catholique et les dénonciations en chaire de tel ou tel prélat… Plus généralement, avec l’auteure nous méditons sur la passivité, l’aveuglement voire sur l’ignominie de beaucoup et le courage de certains. Ainsi, Rosetta Loy raconte qu’une famille arrêtée, et sur le point d’être déportée, est sauvée par l’ensemble des habitants de son quartier qui encerclent peu à peu le soldat allemand chargé de l’arrestation, armé d’une mitraillette, qui ne parvint pas à éviter la fuite de ses prisonniers.
Au fil d’une page tombe alors ce constat qui fonde en partie la démarche de l’auteure, comprendre des événements terribles auxquels son pays a été confronté et dans le déroulement desquels il porte une lourde responsabilité :
« Au Danemark, sur 5600 Juifs, les Allemands n’ont pas réussi à en déporter plus de 513. Les victimes potentielles furent prévenues à temps, et les Danois se mobilisèrent en masse pour les mettre à l’abri de l’autre côté du bras de mer qui sépare le Danemark de la Suède. Toutes les embarcations susceptibles de flotter furent mises à contribution. Et la Suède accueillit tous ces Juifs, sans limitation de nombre » (160).Mars 2001.